Nouveau long métrage d'animation de celui que les médias japonais appelle le "nouveau Miyazaki", le comparant ainsi au maître de l'animation japonaise qui a justement signé son film préféré, "Le Château dans le Ciel" (1986). Makoto Shintai revient donc avec son 7ème film après plusieurs succès mérités comme "La Tour Au-Delà des Nuages" (2004), "Your Name" (2016) ou "Les Enfants du Temps" (2019). Le cinéaste avait deux idées en têtes pour écrire son histoire : il fallait une histoire qui apaise un lieu suite à un deuil, puis que ce soit l'histoire d'une jeune femme qui voyage avec un être atypique. Par la suite, il a rajouté un paramètre essentiel, qu'il avait abordé dans "Your Name" mais qui est cette fois plus important dans le récit à savoir le séïsme terrible du 11 mars 2011 qui a mené au tsunami et à l'accident nucléaire de Fukushima...
Dans une petite ville de Kyushu, Suzume jeune fille de 17 ans rencontre un homme qui dit voyager afin de chercher une porte. Elle décide de le suivre dans sa quête dans les montagnes avoisinantes où ils découvrent une porte délabrée au milieu de ruines. Cédant à une impulsion inexplicable, Suzume actionne la poignée de la porte ce qui fait apparaître aussitôt d'innombrables autres portes à travers tout le Japon, des "portes du désastre" qui apporte son lot de catastrophes. L'homme explique alors que toute porte ouverte doit être fermée car là où elle se trouve les étoiles, le crépuscule, l'aube et une voûte céleste font que tous les temps se confondent. Suzume entame alors une périple à travers le Japon pour refermer toutes les portes... Dans sa version en V.O., le rôle titre est tenu par Nanoka Hara jeune comédienne de série TV qui prête sa voix pour la première fois, à l'instar de son partenaire, alias l'homme, dont la voix est celle de Hokuto Matsumura acteur et surtout pop star dans son pays. Au casting voix, citons deux seiyu (acteur spécailisé voix) renommés avec Kana Hanazawa qui a oeuvré sur "Your Name" (2016) du même réalisateur, et Ryunosuke Kamiki vu également devant la caméra parfois comme dans "Bakuman" (2015) de Hitoshi One ou "Kenshin : l'Achèvement" (2021) de Keishi Ôtomo. Parmi les acteurs les plus connus, citons aussi Eri Fukatsu vu entre autre dans "Haru" (1996) de Yoshimitsu Morita, "Villain" (2010) de Lee Sang-Il ou "Vers l'Autre Rive" (2015) de Kiyoshi Kurosawa, Matsumoto Hakuo II vu notamment dans "La Rivière Fuefuki" (1960) de Keisuke Kinoshita, "L'Epée Secrète" (1963) de Hiroshi Inagaki ou "Histoire d'Avril" (1998) de Shunji Iwai, puis enfin Sairi Ito vu dans "Asako I & II" (2019) de Ryusuke Hamaguchi et qui a prêté sa voix pour l'excellent film d'animation "De l'Autre Côté du Ciel" (2022) de Yusuke Hirota... Parenthèse : Le cinéaste avait nié le placement de produit pour son film "Your Name" et la marque McDo, notons donc que cette marque est de retour, qu'on sait qu'elle est partenaire du film et qu'il existe même un menu Happy Meal Suzume... Mais ce n'est pas un placement de produit... Cette parenthèse étant close... Le film débute de façon très mélancolique avec un prologue qui use d'un système dont on sait qu'il y aura la boucle avec la fin du film. Le récit démarre vite, Suzume croise rapidement la route de Sota et la première porte entre vite en action. Aussitôt le récit a donc un rythme assez soutenu, l'enjeu s'impose vite (semble-t-il) et les personnages très vite mis en place.
Avec la raison simpliste du coup de foudre, Suzume vont donc se retrouver à seconder Sota pour fermer "les portes du désastre" dont on se demande à chaque fois comment elles ont été ouverte à l'exception de la première évidemment. Mais au fur et à mesure que l'histoire évolue l'intrigue devient de plus en plus complexe, ou plutôt le scénario devient de plus en plus confus, peu limpide pour ne pas dire incompréhensible. Certe on comprend vite la dimension post-traumatique et le style "la force des rêves ou du subconscient" mais réellement comprendre ou y voir un scénario lisible est un défi (rapport et logique entre le système et le fonctionnement des portes entre autre). De surcroît on se rappelle une déclaration du réalisateur : "Pour moi, donner l'espoir est très important. Pour les vrais sinistrés, la réalité est très dure. Beaucoup ont du mal à être optimistes. Tout le monde n'est pas comme mon héroïne, Suzume, qui va sans cesse de l'avant. Donc, oui, le plus important pour moi était de faire un vrai film de divertissement même s'il parle d'une catastrophe naturelle. Je pense que l'animation est avant tout destinée à la jeune génération, et je veux vraiment leur montrer l'espoir, et leur dire qu'il y a plein d'espoir dans la vie." On constate pourtant que le film n'est pas joyeux, et il est moins optimiste que fataliste sur le fond, nuance. Il aurait fallu plus d'humour, des gags plus appuyés et/ou des personnages moins ambigus notamment les chats. Et on rappellera à l'artiste que non l'animation n'est pas que destinée aux jeunes -le fiston a décroché - surtout avec un scénario aussi complexe et "sérieux". La quête initiatique est classique, ça devient même galvaudé dans le genre mais l'univers fantasmagorique et métaphorique offre son lot de féérie, d'émotion et même d'à-propos. Le film reste artistiquement très beau et est cohérent avec la filmographie de l'artiste dont on préférera néanmoins la cohérence de "Your Name" par exemple.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :