Si l’actrice avait déjà quelques films à son actifs avant de fouler les marches de Cannes, c’est bien à sur la Croisette qu’elle s’est imposée comme une star du 7ème Art. En 1964, Les Parapluies de Cherbourg en-chantent le festival et obtient la Palme d’Or. Catherine Deneuve y tient le premier rôle et s’impose comme une figure incontournable du paysage cinématographique mondial.
Elle reviendra plusieurs fois à Cannes pour y présenter des films, en compétition ou hors compétition, ou co-présider le jury avec Clint Eastwood en 1992. Plusieurs des films dans lesquels elle a tourné ont remporté des prix prestigieux. A titre individuel, elle a souvent fait partie des prétendantes sérieuses au prix d’interprétation. Elle a remporté, toujours avec Clint Esatwood, un prix spécial du 61ème festival, pour l’ensemble de sa carrière et enfin une Palme d’Or d’honneur pour sa carrière en 2005.
Toutes ses venues au Palais des Festivals constituent un évènement et font sensation. Elle est évidemment emblématique de cette grande manifestation et il est assez logique que les organisateurs aient décidé de la mettre à l’honneur sur l’affiche de cette 76ème édition. Un cliché en noir et blanc pris en 1968 sur le tournage du film La Chamade d’Alain Cavalier. Le texte du communiqué de presse explique joliment ce choix : “Joyeuse, insolente et romanesque, une jeune femme aux longs cheveux blonds sourit, confiante, à son avenir. C’est une certaine magie que Catherine Deneuve incarne, pure, incandescente et parfois transgressive. C’est cette magie indicible que le 76e Festival International du Film fait résonner avec cette affiche intemporelle. Pour redire le présent glorieux du cinéma et envisager son futur plein de promesses. Car Catherine Deneuve est ce que le cinéma doit se souvenir d’être : insaisissable, audacieux, irrévérencieux. Une évidence. Une nécessité.”
Une évidence, aussi, de mettre la Reine Catherine au coeur d’une édition dont la cérémonie d’ouverture sera animée par sa fille, la non moins divine Chiara Mastroianni. Chiara a elle aussi grandi au gré des festivals de Cannes et a finalement été récompensée pour l’une de ses performances (prix d’interprétation Un Certain regard en 2019 pour Chambre 212 ). Comme sa mère, elle incarne parfaitement la tradition cannoise, mélange de glamour, d’intelligence et de passion pour un cinéma d’auteur exigeant.
La réunion de ces deux actrices, mère et fille, n’est pourtant pas une nouveauté sur la Croisette, loin de là! Le premier film de Chiara, six ans, fut A nous deux de Claude Lelouch présenté en clôture du festival 1979 et c’est sa maman qui en était la vedette. Elle se sont retrouvées en ouverture, cette fois-ci, du festival 1993, dans Ma Saison préférée d’André Techiné, puis, de nouveau en clôture dans Les Bien-aimés de Christophe Honoré, en 2011.
Elles ont aussi joué ensemble dans Les Voleurs (Téchiné, compétition 1996), Le Temps retrouvé (Ruiz, compétition 1999), Persepolis (Satrapi, compétition 2007), Un conte de Noël (Desplechin, compétition 2009).
Si on ajoute à l’équation le père de Chiara, le génial Marcello Mastroianni, la liste des films où les membres de la famille ont partagé l’affiche à Cannes s’allonge encore, puisque père et fille ont joué ensemble dans les Yeux noirs (Mikhalkov, compétition 1987) et Trois vie et une seule mort (Ruiz, compétition 1996).
Pour boucler la boucle, Marcello Mastroianni a lui aussi eu les honneurs de l’affiche du festival pour l’édition 2014.
Bref, Cannes, c’est une affaire de famille. Celle des Deneuve-Mastroianni. Mais aussi celle de la “grande famille” du cinéma qui aime à se retrouver, chaque année au mois de mai pour cette grande fête du 7ème Art. Et celle des cinéphiles, qui viennent y découvrir les oeuvres des meilleurs auteurs de la planète avec l’espoir d’éprouver des émotions et d’avoir le coeur qui bat la chamade.
Là encore, le communiqué de presse, inspiré, résume tout : “[Ce] cœur bat frénétiquement, précipitamment, passionnément. Comme celui de l’amour du cinéma que le Festival de Cannes célèbre chaque année : on entend résonner partout ses pulsations vivantes et habitées. Le cœur du 7e Art, de ses artistes, de ses professionnels, de ses amateurs, de la presse bat la chamade, au rythme de l’urgence qu’impose son éternité”.
Une belle promesse!
Crédits photographiques : Photo © Jack Garofalo/Paris Match/Scoop – Création graphique © Hartland Villa