La Colline des Potences (1959) de Delmer Daves

Un des meilleurs réalisateurs de westerns des années 50 avec "La Flèche Brisée" (1950), "La Dernière Caravane" (1956), "3h10 pour Yuma" (1957) ou "L'Or du Hollandais" (1958), Delmer Daves finit sa meilleure période avec un dernier western et sans doute son dernier vrai bon film. L'histoire est adaptée de la nouvelle "The Hanging Tree" (1957) de Dorothy M. Johnson dont une de ses nouvelles deviendra un peu plus tard un des plus grands chefs d'oeuvres du genre avec "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de John Ford. Le scénario est signé de Halsted Welles qui retrouve Daves après "3h10 pour Yuma" (1957) et qui signera plas tard "La Poursuite des Tuniques Bleues" (1966) de Roger Corman et Phil Karlson, et de Wendell Mayes auquel on doit les scénarios de films comme "L'Odyssée de Charles Lindberg" (1957) de Billy Wilder, "Autopsie d'un Meurtre" (1959) de Otto Preminger ou plus tard de "L'Aventure du Poséidon" (1972) de Ronald Neame ou "Un Justicier dans la Ville" (1974) de Michael Winner. Alors que le tournage arrive à son terme, Delmer Daves est victime d'une crise cardiaque, c'est l'acteur Karl Malden qui va alors assumer le tournage des dernières scènes. Cette crise va resteindre le réalisateur dans ses futurs choix et sonne un coup de frein dans sa carrière... A peine installé dans un village de chercheur d'or, un médecin au passé trouble prend sous son aile un voleur d'or blessé par le prospecteur et tait son origine. En échange, ce jeune voleur entre au service du médecin dont la personnalité et le passé ne fait pas l'unanimité dans la communauté. Les tensions se font plus fortes quand le médecin doit prendre en charge une jeune femme gravement blessée suite à une attaque de diligence...

La Colline des Potences (1959) de Delmer Daves

Le médecin de l'ouest est incarné par Gary Cooper star majeur de Hollywood avec des films comme "Morocco" (1930) de Josef Von Sternberg, "Peter Ibbetson" (1935) de Henry Hathaway, "Le Train sifflera Trois Fois" (1952) de Fred Zinnemann ou "Vera Cruz" (1954) de Robert Aldrich. Le jeune voleur est interprété par Ben Piazza vu plus tard par exemple dans "Un Homme est Mort" (1972) de Jacques Deray, "The Blues Brothers" (1980) de John Landis ou "La Liste Noire" (1991) de Irwin Winkler. La jeune femme est jouée par l'actrice autrichienne Maria Shell, soeur de Maximilian Shell, qui venait de connaître plusieurs succès à l'international avec "Gervaise" (1956) de René Clément, "Nuits Blanches" (1957) de Luchino Visconti et "Les Frères Karamazov" (1958) de Richard Brooks. Citons surtout Karl Malden magnifique acteur vu surtout chez Elia Kazan dans "Un Tramway nommé Désir" (1951), "Sur les Quais" (1954) et "Baby Doll" (1956). Citons ensuite Karl Swenson qui retrouve le réalisateur après "L'Or du Hollandais" (1958), vu surtout dans des westerns dont "Major Dundee" (1965) de Sam Peckinpah et "Sept Secondes en Enfer" (1967) de John Sturges sans compter son rôle le plus populaire dans la série TV "La Petite Maison dans la Prairie" (1974-1978), Virginia Gregg qui débuta discrètement dans "Les Enchaînés" (1946) de Alfred Hitchcock, réalisateur pour qui elle sera la voix de Norma Bates dans "Psychose" (1960) et dans les suites des années 80, George C. Scott à ses débuts qui va devenir un monstre sacré avec "Docteur Folamour" (1964) de Stanley Kubrick ou "Patton" (1970) de Franklin J. Schaffner, et retrouvera dans son propre film "Rage" (1972) son partenaire John Dierkes vu dans "Quand la Marabunta gronde" (1954) de Byron Haskin ou "Le Gaucher" (1958) de Arthur Penn, King Donovan vu dans "La Femme à Abattre" (1951) de Bretaigne Windust et Raoul Walsh, "Chantons sous la Pluie" (1952) de Stanley Donen et Gene Kelly, "La Chaîne" (1958) de Stanley Kramer...

La Colline des Potences (1959) de Delmer Daves

Le film donne à voir un Gary Cooper dans une personnage bien plus nuancé et bien plus ambigu qu'à l'habitude. En effet, comme souvent durant l'Âge d'Or les grandes stars comme James Stewart et John Wayne se doivent d'être garant d'une certaine morale et d'une certaine idée du rêve américain. Cette fois, le médecin est un homme au métier idéal au service des autres, avec abnégation et aura en prime mais c'est aussi un homme qui cache une part d'ombre, un passé et un caractère loin d'être très vertueux. C'est un atout dans ce western classique. Le film indique que le récit se déroule en 1873, et a priori lors d'une ruée vers l'or mais il n'y en avait pas aux Etats-Unis à cette période donc on n'a pas vraiment d'info sur le lieu de cette aventure. Néanmoins, la prospection et le contexte est bien rendu jusqu'à cette fin qui montre que la soif de l'or pousse les hommes jusqu'à la folie. Par contre on ne comprend pas toujours les réactions des uns ou des autres, comme le fait que Frenchy/ Malden n'aurait rien fait de mal quand il rend visite à la jeune femme, ou le jeune homme qui devient un moralisateur un peu trop facile. Delmer Daves signe pourtant un western solide, avec un héros trouble, un "méchant" détestable mais si humain, et une fin aussi terrifiante que touchante. Un très beau western à voir.

Note :                 

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16/20