Un grand merci à Eléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Cœur de dragon » de Rob Cohen.
« Pour survivre, servez-vous de votre tête. Pas de votre cœur ! »
En l'an 934, la reine Aislinn sollicite l'intervention d'un vénérable et puissant dragon pour sauver la vie de son fils Einon, tombé dans une embuscade. Le dragon fait alors l'offrande de la moitié de son cœur au prince. Sitôt monté sur le trône, Einon se révèle être un tyran. Son précepteur, le chevalier Bowen, est convaincu que le cœur du dragon a empoisonné son disciple. Il quitte la cour en se jurant d'exterminer cette race maudite.
« On ne tire nulle noblesse à écraser des gens opprimés »
Genre longtemps marginalisé au cinéma en dépit de quelques tentatives (« Le magicien d’Oz » de Flemming en 1939, « Le septième voyage de Sinbad » de Nathan Juran en 1958 ou encore « Jason et les Argonautes » de Don Chaffey en 1963), l’heroic fantasy se popularise véritablement à partir des années 80 : Arnold Schwarzenegger endosse successivement les costumes des guerriers sanguinaires « Conan » et de « Kalidor » tandis que des aventures familiales plus subtiles (« Legend » de Ridley Scott, « Princess Bride » de Rob Rainer ou encore « Willow » de Ron Howard) se succèdent sur les écrans. Mais avec l’arrivée des années 90, le genre semble passer de mode et disparait rapidement. Il faut ainsi attendre 1996 et le film « Cœur de dragon » pour que le genre soit dépoussiéré et remis sur le devant de la scène (en attendant le triomphe du « Seigneur des anneaux » de Peter Jackson cinq ans plus tard qui s’imposera comme le mètre-étalon du genre). Un projet qui fut d’abord proposé aux cinéastes Kenneth Branagh et Richard Donner avant d’être finalement confié à Rob Cohen, réalisateur venu de la télévision et qui vient alors de connaitre un certain succès grâce au biopic « Dragon : l’histoire de Bruce Lee » sorti trois ans plus tôt. En dépit d’un succès commercial modéré, le film connaitra néanmoins trois suites (2000, 2015 et 2017) qui sortiront directement en vidéo.
« Puisque nos deux cœurs sont liés dans la vie alors ils sont liés dans la mort »
En matière de chevalerie, les règles sont toujours à peu près les mêmes : un bon chevalier doit avoir du cœur. Comprendre par là du cœur au combat, de la bravoure. Mais aussi un sens moral, se battre pour défendre ce qui est juste. Dans « Cœur de dragon », la notion revêt quelque chose de plus concret : un dragon peut sauver un humain en partageant avec lui son cœur. Comme une sorte de pacte de sang, liant les deux parties à la vie à la mort. Le problème, c’est quand le chevalier n’est pas à la hauteur du don qui lui est ainsi fait. Ainsi, comme dans toute bonne épopée de fantasy qui se respecte, « Cœur de dragon » débute par une trahison : celle du jeune prince Einon qui, ensorcelé par sa soif de pouvoir, trahit les enseignements avisés de son maitre chevalier et laisse éclater sa vraie nature despotique une fois sur le trône. Ce qui servira de point de départ à une quête : retrouver et éliminer le dragon pour tuer par là-même le prince félon. Mais c’était sans compter sur l’amitié qui pourrait naitre entre le chasseur et le dragon à mesure qu’ils affronteront les épreuves les menant jusqu’au vil souverain. A l’évidence, Rob Cohen signe là un conte très inspiré, mêlant à la fois l’esprit d’aventure des grandes épopées médiévales d’inspiration arthurienne (« Excalibur », « Le dragon du lac de feu ») et une tonalité bon enfant, non dénuée de second degré, qui rappelle par moment l’ambiance de « Willow ». Le tout s’appuyant sur des effets spéciaux plutôt révolutionnaires pour l’époque (le dragon est réalisé en images numériques) et sur un casting de prestige (Dennis Quaid, David Thewlis, Julie Christie, Jason Isaacs et même Sean Connery qui prête sa voix au dragon) qui fonctionne merveilleusement. Alors, bien sûr, on pourra toujours lui trouver quelques imperfections (notamment les scènes de combat qui manquent sans doute un peu d’ampleur et d’énergie au regard de la maestria spectaculaire de ce qui sera proposée quelques années plus tard dans « Le seigneur des anneaux »). Il n’empêche, « Cœur de dragon » réussit largement sa mission et s’impose comme un film malin, familial et résolument attachant.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré Haute-Définition, et proposé en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Au cœur des dragons » par Alex Nikolavitch, essayiste pop culture et romancier de fantasy (2022, 26 min.), d’un Commentaire audio de Rob Cohen (VOST), d’un Making of (1996, 45 min.), d’une Bande-annonce, d’un Teaser et des bandes-annonces des trois autres films de la saga, également disponibles chez le même éditeur.
Édité par Éléphant Films, « Cœur de dragon » est disponible combo blu-ray + DVD ainsi qu’en éditions DVD et blu-ray seuls depuis le 14 février 2023.
Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici