[ENTRETIEN] : Entretien avec Gustavo Hernández (Ferocious Wolf)

Par Fuckcinephiles

Copyright UFO Distribution / FilmSharks International

Quelques mois après son Corbeau d'argent pour Virus 32, Gustavo Hernández revenait au BIFFF avec son dernier film, un remake espagnol de Big Bad Wolves.

Les thrillers espagnols passent aussi un certain cap en ce moment parce qu'ils ont une qualité et une fluidité que le public, au niveau mondial, consomme et apprécie beaucoup.

Quelle était votre approche avec ce remake ?

D'abord, j'ai découvert ce film en tant que spectateur, dans un festival je crois. Des années ont passé et la proposition d'en tirer un remake est arrivée. Cela m'a paru intéressant de lui donner un nouveau regard et de relever un nouveau défi avec cette version. C'est donc comme cela qu'on a accepté la proposition.

Justement, n'aviez-vous pas certaines craintes avec cet exercice du remake ?

Oui, peut-être qu'il y avait un peu de peur, mais le film avait déjà quelque chose qui me plaisait par son atmosphère, cette tension entre humour et violence dans le scénario, ... C'était quelque chose que je n'avais jamais fait auparavant et que j'avais envie d'explorer. J'avais le sentiment justement que ce film pouvait avoir de nouvelles variations, en explorant par exemple plus en profondeur certains des personnages.

Le film est alimenté par la question de l'auto-justice à différents niveaux et son flou moral. Comment gérer cela thématiquement ?

C'était quelque chose déjà présent dans l'original et c'était cette dualité qui m’attirait le plus chez chaque personnage parce que chacun souffre en soi d'une perte. Cette auto-justice amène aussi, d'une certaine manière, à se demander à soi-même ce qu'on ferait dans cette situation. Cette dualité est aussi transposable aux loups. Est-ce un loup ? Est-ce une victime ou non ?


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La figure canine revient justement de manière régulière et permet de mieux illustrer le conflit moral au sein des personnages. Comment avez-vous appréhendé cette idée ?

C'est une question très intéressante car il y a trois moments spécifiques avec le loup qui ont pour lui une signification mais qui, en même temps, pour l'actrice principale qui a fait ces rencontres avec le loup, avaient une autre signification. Le spectateur peut aussi s'y imaginer une chose totalement différente. Ces apparitions sont des moments clés et viennent rappeler cette perte au personnage principal. Je ne veux pas donner mon point de vue personnel pour ne pas mener le spectateur vers ma signification alors qu'il pourrait y trouver la sienne. Pour appuyer sur la question, le scénariste avait encore une autre signification. Il y a donc une métaphore dans laquelle chacun peut trouver sa vision.

Alors je vais également garder la mienne pour moi !

(rires) Aussi, dans l'original, cette partie du loup n'existait pas.

La parentalité est un autre enjeu central du film, servant de moteur narratif aux personnages. Il y a aussi le père de l'héroïne qui s'investit énormément pour elle. Pourriez-vous développer cet aspect ?

C'est aussi quelque chose qui n'était pas dans la version originale. On est parti du fait qu'on voulait rajouter des personnages pour explorer un peu plus les liens du sang. On a senti que, de cette façon, on pouvait construire ces liens entre les personnages et les approfondir pour que les spectateurs rentrent plus dans la thématique et l'histoire du film. Je voulais aussi que cela fasse réfléchir sur les différentes culpabilités que ces personnages peuvent ressentir, vis-à-vis aussi de la douleur qui les entraîne et qu'ils subissent.

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Les thrillers espagnols semblent avoir plus de facilité à s'exporter, notamment dans des festivals comme le BIFFF. Avez-vous une idée à ce sujet ?

Concernant ce film, cela vient du fait qu'il soit une production Netflix Espagne. De là, il y a certains paramètres qui sont exigés par la plateforme, comme par exemple parmi les acteurs qui ont auditionné pour le film et ramené donc des gens à le voir. Il y a aussi les différentes thématiques et la manière de les traiter d'une façon que l'on sait réussie. Les thrillers espagnols passent aussi un certain cap en ce moment parce qu'ils ont une qualité et une fluidité que le public, au niveau mondial, consomme et apprécie beaucoup.

Quel effet cela vous fait-il de revenir au BIFFF quelques mois après votre récompense lors de la dernière édition ?

L'année dernière, je n'ai pas pu être présent justement pour la projection de Virus 32 mais j'ai suivi de près sa carrière. Quand j'ai eu l'opportunité d'être sélectionné avec ce nouveau film, on n'a pas hésité une seconde à venir car c'est un festival qui, en plus d'être amusant, a sa propre personnalité. Donc je suis heureux de pouvoir être ici avec mon producteur pour voir le film avec ce public très particulier. En plus, Bruxelles est une ville extraordinaire !

Merci à l'équipe du BIFFF et Jonathan Lenaerts du service presse ainsi qu'à la traductrice Natalia Garrido.

*Lors de sa diffusion au festival