[CRITIQUE] : Peter Pan & Wendy

Par Fuckcinephiles
Réalisateur : David Lowery
Acteurs : Jude Law, Alexander Molony, Ever Anderson, Yara Shahidi,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Wendy Darling, une jeune fille inquiète de laisser derrière elle la maison de son enfance, rencontre Peter Pan, un garçon qui refuse de grandir. Avec ses frères et une petite fée, la fée Clochette, elle voyage avec Peter dans le monde magique du Pays Imaginaire. Au détour de ses aventures, elle va rencontrer un capitaine pirate maléfique, le capitaine Crochet, et vivre des aventures aussi palpitantes que périlleuses, bien loin de sa famille et de son foyer.


Critique :

Même s'il ne réitère pas totalement le pari fantastique de #PeterEtEliottLeDragon, David Lowery fait de son #PeterPanetWendy un excellent remake live certes plus méditatif que magique, mais qui a le bon ton de jouer la carte de l'humanité, de la mélancolie et de la maturité. pic.twitter.com/s3aBQCPQwH

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 28, 2023

Si il est, assez légitimement, difficile d'attendre quoi que ce soit d'un remake en prise de vues réelles d'un dessin animée issu du catalogue original de plus en plus rachitique de la firme aux grandes oreilles, gageons tout de même que de voir s'attaquer à un énième projet, le cinéaste ayant conçu la meilleure (la seule ?) retranscription digne de ce nom depuis une bonne décennie maintenant - Peter et Elliott le Dragon -, avait tout de même de quoi attirer un brin, même si David Lowery n'est décemment pas le premier à dégainer sa vision - libre - de l'œuvre créée par J. M. Barrie.
Si l'on prenait (à tort) pour acquis que le film, qui tout comme le faisandé Pinocchio de Robert Zemeckis vole directement sur Disney Plus et non en salles, ne rajouterait pas grand chose où presque à la mythologie initiale - sauf peut-être quelques corrections modernes -, l'espoir résidait dans l'idée que le cinéaste y distille cette petite magie onirique qui caractérisait si bien son remake du bijou de Malcolm Marmorstein, étonnamment délesté de l'écrasant cahier des charges du studio.

Copyright 2023 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.


Étonnament, Lowery rationne sa poussière de fées et privilégie une tournure plus sensible et mâture au film d'animation de 1953, dont il se sépare habilement des contours misogynes, tout autant qu'il délaisse un brin les deux héros qui lui sert de titre, pour mieux s'intéresser à l'histoire même de Neverland et de ses personnages, QG du jeune garçon qui ne voulait pas grandir, en offrant une vraie plongée immersive au cœur d'une île qui ne donne jamais l'impression d'avoir été filmée entre deux fonds vert dans un hangar londonien.
Un parti pris audacieux qui rend profondément réaliste et rationnel un lieu jusqu'ici imaginaire, qui se retrouve autant dans la psychologie même de Wendy, qui remet très vite en question le refus de Peter de ne jamais grandir tant vieillir et mûrir est perçu pour elle comme une bonne chose; mais aussi dans la figure du Capitaine Crochet (un Jude Law qui vole le show), dont le traitement rappelle celui opéré par Joachim Rønning sur Maléfique, avec un vilain cruel dont les blessures profondes le rendent un peu plus humain mais remettent également en question le statut d'un Peter in fine moins héroïque et plus arrogant qu'à l'accoutumée.
La péloche n'est d'ailleurs jamais aussi pertinente que lorsqu'elle ausculte la face sombre de son matériau d'origine - voire même la face sombre du conte de fée - rose laisse aller à quelques élans mélancoliques, que ce soit avec un Peter qui doit mûrir et faire face à ses erreurs, où une nostalgie déchirante face aux regrets, la dureté du temps qui passe et à la perte de l'innocence.

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Même s'il se doit d'être mené tambours battant pour ne pas perdre son jeune auditoire (qu'il ne ménage pas pour autant), Lowery capture joliment l'essence de son matériau d'origine et fait de Peter Pan & Wendy une vraie réussite qui a le bon ton de jouer la carte de la maturité et de la mélancolie pour mieux incarner un remake certes plus méditatif que magique, mais infiniment plus pertinent et légitime que la quasi-totalité du catalogue Disney.
Voilà ce que ça donne quand un cinéaste s'approprie une œuvre pour y laisser son audacieuse marque, à la fois thématique et esthétique...

Jonathan Chevrier