[CRITIQUE] : L’Amitié

Par Fuckcinephiles
Réalisateur : Alain Cavalier
Avec : -
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Durée : 2h04min
Synopsis :
« J’ai intensément partagé le travail cinématographique avec certains, jusqu’à une amitié toujours vive. Filmer aujourd’hui ce lien sentimental est un plaisir sans nostalgie. Nos vies croisées nous permettent cette simplicité rapide de ceux qui ne se racontent pas d’histoires, qui savent être devant ou derrière la caméra, dans un ensemble de dons et d’abandon au film. » Alain Cavalier


Critique :

#LAmitié où un vrai morceau de cinéma intime, authentique et jamais forcé qui prend des atours bouleversants pour quiconque cherche à y déceler sa vérité : celle d'une belle et poétique ode à l'amitié et à l'importance des proches, par un Alain Cavalier au crépuscule de sa vie. pic.twitter.com/SJqRw7q2LK

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 30, 2023

Alain Cavalier est l'un des plus grands et inclassables cinéastes du cinéma français, tout simplement.
Alors oui, on vous venir en jugeant cette affirmation dégainée en tête de billet comme si elle était une vérité indiscutée et indiscutable, pas vraiment argumenté non plus comme si elle avait réellement besoin d'être appuyée par une quelconque prose.
Rien de trivial pourtant, juste un fait, un constat face à la beauté et à la simplicité d'un cinéma rare et discret mais pourtant essentiel, fermement ancré dans la réalité.
Avec neuf décennies au compteur, il fait toujours de la résistance et, à l'instar de Clint Eastwood, il continue lui aussi de tourner, à un rythme évidemment moins élevé mais néanmoins furieusement impressionnant.
Son dernier effort, L'Amitié, aussi simple et modeste que le laisse présager son titre, se fait le fruit condensé de centaines d'heures d'images où il retrouve et discute avec trois de ses collaborateurs et amis, comme si la caméra n'existait pas où presque.

Copyright Tamasa Distribution


Soit le parolier Boris Bergman, le producteur Maurice Bernart et le coursier/acteur non professionnel Thierry Labert, trois figures comme autant de portraits à la fois tendres et attentifs, complètement dans la lignée de son Six Portraits XL où il se fond derrière la caméra, où il s'imprègne du réel sans pour autant se départir des oripeaux de la fiction (il dirige clairement ses invités), commentant lui-même ses propres images au présent et faisant du spectateur le témoin complice de discussions faîtes - principalement - de souvenirs, des bouts de vies et rencontres sentimentales qu'il nous partage où encore des petits instants de poésie que son œil cinématographique capte avec grâce.
Un morceau de cinéma intime, authentique et jamais forcé qui, évidemment, pourrait paraître anecdotique voire totalement ennuyeux pour le spectateur lambda, mais qui prend des atours bouleversants pour quiconque cherche à y déceler sa vérité : une belle ode à l'amitié et à l'importance des proches - et encore plus au crépuscule d'une vie -, concoctée par un cinéaste, un filmeur qui saisit avec délicatesse l'universalité dans la banalité de son quotidien.
Une œuvre mineure dans sa foisonnante carrière certes, mais essentielle surtout si elle venait à être la dernière...

Jonathan Chevrier