Cela faisait longtemps, ma plus fidèle complice de salle a pris sa plume pour un de ses films coup de cœur. Je partage son analyse intégralement malgré une petite réserve énoncée au terme de sa prose. Ode à l’amour et à la liberté d’agir et de penser dans un pays engoncé dans ses principes ; la scène finale est pour une des plus fortes de cette année cinématographiques par l’affirmation de soit qu’affiche les protagonistes par amour.
« Maroc, médina de Salé, de nos jours.
Mina et Halim sont mariés depuis de nombreuses années et tiennent une boutique où ils vendent des caftans qu’Halim continue de créer lui-même à la main (Les broderies qu’il réalise sont juste magnifiques.) alors que la concurrence industrielle devient de plus en plus rude.
Comme leur affaire périclite et pour honorer les commandes dans les temps, ils embauchent un jeune homme, Youssef, qui se révèle vite très doué pour épauler Halim en même temps qu’une attirance palpable et immédiate nait entre eux.
Mina, très amoureuse de son mari (même si on comprend très vite qu’elle[FC1] connait son homosexualité), se montre de fait très hostile au départ à la présence du jeune homme mais des circonstances dramatiques vont la pousser à infléchir son attitude vis-à-vis de ce dernier…
Il serait très réducteur de ne considérer ce film que comme un énième opus sur l’homosexualité masculine qui a déjà été fort bien traitée dans de nombreuses autres œuvres cinématographiques.
Le film de Maryam Touzani se veut au-delà de la dénonciation du manque d’ouverture de la société marocaine en différents domaines, un véritable ode à l’amour au sens large du terme.
Amour profond qui lie Halim et Mina au-delà de ce qui peut les séparer, amour naissant entre Halim et Youssef et au départ étouffé au nom des conventions, amour enfin du travail bien fait avec toutes les images qui nous montre Halim ou Youssef à l’ouvrage.
Pour nous plonger dans cette réflexion sur l’amour universel, la réalisatrice prend son temps filmant ses personnages mais aussi les différents lieux avec moult détails qui nous révèlent leurs émotions mais aussi plein de poésie dans les différents plans qui de par leurs couleurs, leur lumière nous invitent souvent nous aussi à une sorte de communion avec les personnages de cette histoire aussi bien dans leurs luttes que dans leurs sentiments.
Un film donc d’une beauté esthétique peu fréquente et qui bien que traitant de différents sujets sensibles s’abstient toujours de sombrer dans le pathos. Maryam Touzani confére ainsi à ses différents personnages une dimension humaniste qui les place bien au-delà des carcans dans lesquels la société cherche à les confiner et qui leur permet chacun à leur façon de triompher de ceux-ci en faisant preuve d’une forme de résistance inattendue qui les conduit tous à une résilience dument méritée.
Un film très touchant à voir sans hésiter. »
Ma seule réserve est la longueur ; un quart d’heure à 20 minutes de moins n’auraient pas entamé l’ambiance et le propos. Certaines situations se répètent à loisir sans apporter au récit.
Mais un incontournable de cette année malgré tout.
Sorti en 2023
Ma note: 15/20