[CRITIQUE] : Les Gardiens de la Galaxie Vol.3

[CRITIQUE] : Les Gardiens de la Galaxie Vol.3Réalisateur : James Gunn
Avec : Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Karen Gillian, Bradley Cooper, Vin Diesel, Chukwudi Iwuji, Will Poulter, Maria Bakalova,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique, Science-fiction, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h30min
Synopsis :
Notre bande de marginaux favorite a quelque peu changé. Peter Quill, qui pleure toujours la perte de Gamora, doit rassembler son équipe pour défendre l’univers et protéger l’un des siens. En cas d’échec, cette mission pourrait bien marquer la fin des Gardiens tels que nous les connaissons.

Critique :

James Gunn fait de #GotGVol3 des adieux aussi sérieux et humains à ses Gardiens, la conclusion généreuse et poignante d'une trilogie prouvant comment le MCU peut parfois être aussi ludique et spectaculaire que joliment personnel, tout en étant intimement connecté à son auditoire. pic.twitter.com/AZhX174kty

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 3, 2023

Si beaucoup citeront - à tort - les frères Russo comme les réalisateurs les plus importants du MCU, c'est définitivement James Gunn qui aura marqué et façonné l'univers cinématographique de Marvel à son image, tellement que même la concurrence aura louché dessus - au point de le rapatrier.
Ses films Gardiens de la Galaxie sont décemment les seuls du MCU à se sentir pleinement originaux, à avoir un réel souci d'écriture (d'un humour qui ne vient jamais dédramatiser l'action à des émotions qui ne sonnent jamais faux, sans oublier une vraie évolution des personnages au fil des épisodes), une esthétique et une sensibilité qui leur est propre, le tout saupoudré d'une bande originale - toujours - sensas.
En trois opus, le cinéaste a emmené ses Gardiens plus loin que n'importe quels héros, les faisant affronter des menaces cosmiques délirantes où des monstres psychédéliques auxquels ils sont étroitement liés, les faisant se déchirer autant que les rapprocher pour en faire une seule et même famille, déglinguée certes mais mué par un amour indéfectible.

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Copyright 2022 MARVEL


Pour ce qui est annoncé comme leur dernière aventure (voire littéralement un chant du cygne de ce que l'on peut considérer comme l'âge d'or du MCU), il les catapulte sur un territoire encore plus tragique.
Bien installé sur Knowhere et pleinement considéré comme de vrais gardiens de la galaxie, la petite troupe peine pourtant à se sentir légitime alors que chacun passe par différents sentiments, la déprime pour Quill et Rocket, la colère pour Nebula (jusqu'ici tout va bien), et une bonne humeur difficilement communicative pour un trio Groot/Drax/Mantis qui peine à maintenir le groupe soudé - là où Gamorra n'est définitivement plus la même.
Tout se bouscule à l'arrivée du puissant et naïf Adam Warlock, fils d'Ayesha qui a jurée vouloir se venger de l'équipe, dépêché sur Knowhere par le High Evolutionary - le créateur de Rocket et des Souverains dont Ayesha est la reine - pour kidnappé le raton-laveur histoire de concevoir non sans cruautés, la société parfaite.
Rien ne se passe comme prévu, Rocket est gravement blessé et ses amis se lancent dans une mission complexe pour infiltrer la base du High Evolutionary, alors qu'ils réalisent tous qu'ils en savent très peu sur leur teigneux mais attachant compagnon d'infortune...
Alternant intelligemment entre la mission de sauvetage au présent des Gardiens et des flashbacks sur les origines de Rocket (avec un regard jamais putassier sur la cruauté animale), GotG Vol.3 subvertit intelligemment la formule si familière de la micro-saga pour lui donner une tournure douloureusement tragique et sombre, sans pour autant se départir de la patte Trauma-esque si irrévérencieuse de son auteur, et encore moins de son imagination débordante.

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En résulte un adieu définitivement plus sérieux et humain que pensé (et totalement expurgé de tout versement " connectés " au MCU) qui prend tout son sens dès son ouverture sous les sonorités acoustiques du Creep de Radiohead, où l'humour et le drame peuvent exister dans un même mouvement, où chaque personnage à son importance (même un High Evolutionary parfaitement antipathique et égocentrique, dans la veine du Ego de Kurt Russell), belle galerie de personnages mémorablement tristes fuyant collectivement leurs traumatismes individuels tout en projetant difficilement leurs douleurs, jusqu'à ce qu'ils réalisent que personne ne les comprend mieux au fond que les membres de leur propre famille d'inadaptés.
Tous ont l'occasion ici de briller (même un Groot dont l'adolescence semblait être un sacré frein) tant Gunn expose aussi bien leur complexité et leurs contradictions à armes égales que les qualités qui font leur charme, tout comme leurs interprètes, qui ont eu le temps de pleinement s'approprier leurs rôles sur près d'une décennie maintenant - ce qui n'est pas forcément le cas de tous les héros du MCU.
En premier lieu la performance vocale nuancée de Bradley Cooper, mélange habile entre une impatience irritable et d'un chagrin insondable auquel répond un Chris Pratt qui, passé une écriture difficilement défendable sur le diptyque Infinity War/Endgame, retrouve un Quill qui n'a jamais autant été ce petit garçon un brin capricieux mais surtout perdu, qui sait qu'il doit mûrir et accepter les choses (même lorsqu'elles ne sont pas comme on le désirerait), même s'il ne sait jamais comment gérer ses responsabilités et ses émotions.
Même Drax, traditionnellement le personnage le plus absurde avec Mantis (l'alchimie entre les deux personnages est encore plus folle que jamais), à un rythme émotionnel qui rappelle combien Dave Bautista a pu grandir en tant que comédien depuis 2014.

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Alors oui, on pourra chipoter un brin sur la présence anecdotique de Warlock (tout juste un relief comique malgré un Will Poulter appliqué à la tâche) où une propension à un brin tirer en longueur dans son dernier tiers, mais que ce soit techniquement et esthétiquement, Gunn en impose, utilisant d'ailleurs pleinement la portée, l'échelle et le son que propose l'IMAX (loin d'être un simple gadget comme souvent) en emmenant le public dans le voyage peut-être le plus étrange et visuellement accomplit de récente mémoire, tant rien ne ressemble aux bouillies interchangeables et impersonnelles des autres films post-Phase 3, des effets spéciaux (quasi-intégralement) impeccable à des décors réellement dépaysant, en passant par une action toujours entraînante et lisible.
Au final, James Gunn est à l'image de ses Gardiens, des vilains petits canards marginaux et outsiders dont on attendait rien, et qui sont in fine devenu le cœur d'une franchise imposante qui n'aurait rien été sans leur présence, et qui ne sera plus pareil en leur absence.
Des êtres qui se rendent meilleurs en étant solidaires, en se rappelant qu'ils peuvent être le changement dans le galaxie, qu'ils peuvent être ceux qui guident les autres vers la paix et la grandeur, même s'ils sont tous aussi - voire plus - perfectibles qu'eux.
Les Gardiens de la Galaxie Vol.3 où le point final généreux et rythmé d'une trilogie qui a montré avec puissance combien le MCU pouvait se montrer à la fois étrange et vibrant, spectaculaire et chaleureux, ludique et douloureusement personnel mais aussi et surtout totalement connecté à son spectateur.
Ils vont nous manquer, indiscutablement.

Jonathan Chevrier
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