[CRITIQUE] : Les Âmes Perdues

Par Fuckcinephiles
Réalisatrice•teur : Stéphane Malterre et Garance Le Caisne
Avec : -
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Allemand.
Durée : 1h44min
Synopsis :
En 2014, un mystérieux déserteur, portant Ie nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l’oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d’activistes tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Ce film raconte les rebondissements d’enquêtes et de procédures qui conduiront à l'émission de mandats d'arrêts contre les plus hauts responsables de l’administration de Bachar al Assad, pour crimes contre I’humanité.


Critique :

Pointant une réalité à la fois malsaine et effroyablement cynique, #LesAmesPerdues se fait un effort passionnant et plein de pudeur qui n'a pour unique but que de montrer une horreur qui, au-delà de se suffir à elle-même, est bien plus terrifiante que n'importe quelle fiction. pic.twitter.com/ms0kgcrt2q

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 7, 2023

Même s'ils émaillent parfois les reportages - déshumanisants voire même profondément sentencieux - de nos journaux télévisés, nous ne pouvons jamais réellement savoir à quoi ressemble réellement la vie au coeur d'un conflit armé et destructeur, puisque nous ne faisons que l'imaginer à distance.
En ce sens, le cinéma peut - et cela même avec une vision subjective -, nous en apporter un condensé, comme toute chose, si tenté qu'un cinéaste décide d'en faire le sujet de son effort.
Sensiblement inscrit dans cette voie, Les Ames perdues de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne se fait un documentaire à la lisière du film-enquête, plonge son auditoire au cœur des atrocités passées - et toujours d'actualité - commise depuis plus d'une décennie en Syrie par le gouvernement de Bashar al-Assad, envers tous les opposants à son régime, des violences méticuleusement documentées en vidéo.

Copyright Thibault Delavigne


Une vérité perçue grâce au photographe militaire syrien " César ", qui a risqué sa vie en s'emparant et en copiant plus de 27 000 clichés d'archives militaires syriennes pour les faire passer clandestinement à l'étranger sur un disque dur.
En s'appuyant sur ses images, souvent à la limite du soutenable, le documentaire s'articule autour des questions de l'éveil des consciences et d'une quête - potentiellement vaine - de justice, agrémenté de témoignages de victimes évadées où de proches exilés de ceux ayant disparu sans laisser de trace, mais également d'une poignée d'avocats lancés dans une tentative perdue d'avance de poursuivre les auteurs devant les tribunaux nationaux et internationaux. 
Pointant une réalité à la fois malsaine et cynique (un régime qui produit lui-même et sans remords, les preuves prouvant les atrocités qu'il commet), Les Ames perduesse fait un effort passionnant et plein de pudeur qui n'a pour unique but que de montrer une horreur qui, au-delà de se suffir à elle-même, est bien plus terrifiante que n'importe quelle fiction.

Jonathan Chevrier