Cette production taïwanaise est un projet entre Hong-Kong et la Corée du Sud, un projet qui réunit en fait deux films tournés simultanément, l'autre film étant "Legend of the Mountain" (1979) avec quasi la même équipe devant et derrière la caméra. Le film est réalisé et écrit par celui est considéré comme le plus grand réalisateur de Wu Xia Pian (film de cape et d'épée asiatique), ou en tous cas celui qui lui a donné ses lettres de noblesse, King Hu dont les deux titres majeurs sont sans doute "L'Hirondelle d'Or" (1966) et "A Touch of Zen" (1971). Ce film qui est à la base chinois (financièrement et/ou équipe technique majoritaire) est tourné durant deux années en Corée du Sud et notamment dans le Temple de Haeinsa, un des plus importants temples bouddhistes surtout connu pour conservé le Tripitaka Korenana (Tout savoir ICI !) qui se trouve au centre du l'histoire du film... Au 15ème siècle en Chine sous la dynastie Ming, le bonze supérieur du Temple de San Pao, un des plus prestigieux monastères bouddhistes, se prépare au Nirvana et doit nommer son successeur. Entre ceux qui sont conseillers et les prétendants, de nombreux intérêts se confrontent entre les ambitions des uns et des autres il y a aussi ceux qui veulent s'approprier le sacré et inestimable manuscrit de Mahayana Soutra. Ainsi, le Temple devient-il le théâtre des mensonges, manipulations et trahisons dans les coulisses du pouvoir du Temple et l'aura du poste convoité...
Au casting on retrouve de nombreuses stars du genre Wu Xia Pian et qui sont quasi tous également dans "Legend of the Mountains" (1979). Plusieurs retrouvent aussi le réalisateur King Hu, c'est le cas des rôles principaux, avec d'abord Hsu Feng de tous ses films depuis "Dragon Gate Inn" (1967) qui va étonnamment se retirer des écrans dès 1980 pour devenir productrice notamment quelques années après du chef d'oeuvre "Adieu ma Concubine" (1993) de Chen Kaige. Elle retrouve après "Dragon Gate Inn" (1967) et "A Touch of Zen" (1971) son partenaire Shih Chun, puis après "Le Vengeur" (1977) de Lo Wei les acteurs Lin Tung vu aussi dans "Le Gorille de Fer" (1973) de Chang Cheh et Hsueh Li Pao, puis Hui Lou Chen vu dans le dyptique "La Hyène Intrépide" (1979) de Jackie Chan et Kenneth Tsang et "Le Cri de la Hyène" (1983) de Chuen Chan. Citons surtout Tien Feng acteur fétiche de King Hu mais pas que vu entre autre dans "Le Bras de la Vengeance" (1969) de Chang Cheh, "La Fureur de Vaincre" (1972) de Lo Wei, "Les 14 Amazones" (1972) de Cheng Kang et Tung Shao-Yung, puis plus tard dans "le Syndicat du Crime" (1986) de John Woo ou "Green Snake" (1993) de Tsui Hark. Citons ensuite Sun Yueh vu dans "Les Doigts du Ninja" (1978) de Chung Kuo Heng ou "City on Fire" (1987) de Ringo Lam, Wang Kuang Yu vu dans "Les 13 Fils du Dragon d'Or" (1970) ou "Frères de Sang" (1973) tous deux de Chang Cheh, Chia-Hsiang Wu vu dans "Big Boss" (1973) de Lo Wei et lui-même, puis enfin n'oublions pas Paul Chun révélé dans "La Cannonière du Yang-Tse" (1966) de Robert Wise, vu ensuite par exemple dans "The Raid" (1991) de Tsui Hark ou "Une Vie Simple" (2011) de Ann Hui... Le début du film est très long, très lent, il ne se passe pas grand chose outre une sorte de jeu de cache-cache dans les couloirs du temple. Il faut bien 20mn avant que l'intrigue se dessine et se tisse entre tous les protagonistes qui s'avèrent tous aussi vils que nombreux. De nombreux personnages principaux dont on ne sait jamais vraiment qui sont les véritables méchants tandis que ceux qui paraissent les bons semblent parfois les traîtres.
Le scénario est en cela particulièrement savoureux, pendant longtemps on ne sait pas qui est qui et qui veut réellement quoi. Un récit alambiqué d'autant plus bizarre quand l'heureux élus nommé comme le successeur ne s'avère ni réaliste ni cohérent ni vraisemblable. On s'attend alors à un grand retournement de situation ou que le film vire vers une sorte de fable fantastique. Malheureusement rien de tout ça, et pire, le film ne s'avère pas réellement un Wu Xia Pian tant il y a peu de combat. Le film reste plutôt un ersatz des films sur les luttes intestines dans les coulisses du pouvoir. Plusieurs passages sont absolument sublimes (ceux avec le bonze, la forêt...) et les jeux de dupes fonctionnent merveilleusement, malheureusement il manque un peu d'action, le rythme reste très monocorde et donc monotone pur finalement une intrigue qui manque un peu d'un enjeu vraiment consistant. Une fresque qui manque autant d'ampleur que de densité. Dommage... Reste une belle photographie, quelques passages malins (souvent avec le bonze), peut-être gagnerait-il à être associé avec "Legend of the Mountains" ?!
Note :
12/20Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :
10/20