Ce film à la précision chirurgicale s’appuyant sur un fait divers relatif au surmenage au travail décortique la violence du modèle ultra libéral sud-coréen. Kim Sohee, étudiante d’une filière professionnelle, est une fille pleine de vie passionnée de danse type K-Pop. Son stage de fin d’étude avec embauche à la clé va se dérouler sur une plateforme téléphonique de service. Objectifs, mise en concurrence entre collègues, pression de la hiérarchie, discréditation, valeur de l’individu systématiquement rapporté à ses résultats chiffrés ; tous les éléments sont bien présents pour montrer la déshumanisation du travail et l’absence de sens des taches exercées qui finissent par broyer bon nombre d’individus. C’est la première partie.
Suivra une seconde partie, celle qui mènera l’enquêtrice à décortiquer le fonctionnement coercitif de l’entreprise de Kim Sohee, reflet de l’organisation même de la société sud-coréenne. Dans cette seconde moitié plus démonstrative et moins incarnée, l’enquêtrice décrypte les rouages d’un système éducatif et professionnel dévastateur ; l’individu est nié au profit de résultats et de tableaux Excel aux voyants verts. Lorsque le financement des écoles est fonction de résultats chiffrés, toutes les dérives sont permises, il est donné blanc-seing à toutes les entreprises peu scrupuleuses de légitimer ses pratiques. C’est terrible, car il est impossible de trouver soit un coupable ou même une loi, une décision ou structure responsable ; c’est un système prônant la logique de marché comme organisation des rapports sociaux qui est responsable.
Entre polar et drame, ce film distille un malaise de bout en bout comme le cinéma sud-coréen sait si bien le faire. Ne seraient-ils pas des lanceurs d’alerte pour nos sociétés occidentales que l’on conduit insidieusement vers ce type de modèle ?
Même si la deuxième heure est didactique, c’est une claque qui doit nous pousser à être vigilent.
Sorti en 2023
Ma note: 16/20