Réalisatrices : Riley Keough et Gina Gammell
Avec : Stanley Good Voice Elk, Jojo Bapteise Whiting, Steven Yellow Hawk,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min
Synopsis :
Deux jeunes hommes de la tribu Oglala Lakota vivent dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Bill, 23 ans, cherche à joindre les deux bouts à tout prix. Matho, 12 ans, est quant à lui impatient de devenir un homme. Liés par leur quête d’appartenance à une société qui leur est hostile, ils tentent de tracer leur propre voie vers l’âge adulte.
Critique :
Il y a quelque chose d'étonnamment ambiguë à la vision du premier long-métrage du tandem Riley Keough et Gina Gammell, War Pony, tant il semble continuellement avoir la bobine coincée entre deux projecteurs.
D'un côté, il incarne une pure une tranche de vie néoréaliste au cœur de la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, interprétée par des acteurs non professionnels issus de la communauté Oglala Lakota et destinée à plaquer sur la pellicule, les réalités d'un milieu rarement (jamais) observée sur grand écran, sans jamais l'édulcorer ni en croquer une observation béate.
De l'autre, une sorte de reproduction/melting-pot de bons nombres des thèmes et approches des plus gros hits récents du cinéma indé ricain, de la décadence savoureusement assumée d'un Sean Baker aux accents politiques et claustrophobiques des œuvres de Jordan Peele, en passant par une auscultation lancinante et méticuleusement d'une communauté de laissés-pour-compte du pays de l'oncle Sam so Chloé Zhao (Les chansons que mes frères m’ont apprises et The Rider, face auxquels le film résiste très mal au jeu des comparaisons).
Ce serait néanmoins injuste de totalement caractériser de la sorte une œuvre au demeurant ambitieuse, notamment pour une Riley Keough se penchant sans népotisme sur son héritage Cherokee pour offrir une observation quasiment ethnographique et dénué de tout misérabilisme/sur-esthétisation abjecte de la vie dans les réserves, au travers du portrait croisé de deux figures dissemblables et pourtant complémentaires : Bill, fraîchement dans la vingtaine et s'accrochant fermement à la précieuse insouciance de sa jeunesse, et le plus jeune Matho, môme impitoyablement jeté entre les griffes de l'âge adulte.
Deux mômes au quotidien morose (mais dont on ne masque pas pour autant la naïveté juvénile) fruit d'un jeu de domino pipé d'avance, chacun tentant de survivre, gagnant de l'argent comme ils le peuvent - principalement en vendant tout ce qui a de la valeur sur lequel ils peuvent mettre la main - tout en se défoncant suffisamment (la méthamphétamine a infesté tous les foyers) pour oublier leur malheur sans pour autant tomber dans les affres de la dépendance.
Honorant avec respect une culture dans laquelle elles ne sont elles-mêmes que des spectatrices, Keough et Gammell croque un authentique et empathique récit initiatique, pas toujours aidé par une narration un brin évasive certes et une mise en scène appuyant un peu trop ses intentions, mais qui pose avec sensibilité et justesse les bonnes questions sur une jeunesse paumée et aculturée, bouffée par un American way of life qui lui refuse même la plus infime parcelle de son rêve.
Un premier effort plein de promesses.
Jonathan Chevrier
Avec : Stanley Good Voice Elk, Jojo Bapteise Whiting, Steven Yellow Hawk,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min
Synopsis :
Deux jeunes hommes de la tribu Oglala Lakota vivent dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Bill, 23 ans, cherche à joindre les deux bouts à tout prix. Matho, 12 ans, est quant à lui impatient de devenir un homme. Liés par leur quête d’appartenance à une société qui leur est hostile, ils tentent de tracer leur propre voie vers l’âge adulte.
Critique :
#WarPony incarne un authentique récit initiatique, pas toujours aidé par une narration un brin évasive certes mais qui pose avec justesse les bonnes questions sur une jeunesse paumée et aculturée, bouffée par un American way of life qui lui refuse la + infime parcelle de son rêve pic.twitter.com/2L0sEAuQA1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 10, 2023
Il y a quelque chose d'étonnamment ambiguë à la vision du premier long-métrage du tandem Riley Keough et Gina Gammell, War Pony, tant il semble continuellement avoir la bobine coincée entre deux projecteurs.
D'un côté, il incarne une pure une tranche de vie néoréaliste au cœur de la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, interprétée par des acteurs non professionnels issus de la communauté Oglala Lakota et destinée à plaquer sur la pellicule, les réalités d'un milieu rarement (jamais) observée sur grand écran, sans jamais l'édulcorer ni en croquer une observation béate.
De l'autre, une sorte de reproduction/melting-pot de bons nombres des thèmes et approches des plus gros hits récents du cinéma indé ricain, de la décadence savoureusement assumée d'un Sean Baker aux accents politiques et claustrophobiques des œuvres de Jordan Peele, en passant par une auscultation lancinante et méticuleusement d'une communauté de laissés-pour-compte du pays de l'oncle Sam so Chloé Zhao (Les chansons que mes frères m’ont apprises et The Rider, face auxquels le film résiste très mal au jeu des comparaisons).
Copyright Les Films du Losange
Ce serait néanmoins injuste de totalement caractériser de la sorte une œuvre au demeurant ambitieuse, notamment pour une Riley Keough se penchant sans népotisme sur son héritage Cherokee pour offrir une observation quasiment ethnographique et dénué de tout misérabilisme/sur-esthétisation abjecte de la vie dans les réserves, au travers du portrait croisé de deux figures dissemblables et pourtant complémentaires : Bill, fraîchement dans la vingtaine et s'accrochant fermement à la précieuse insouciance de sa jeunesse, et le plus jeune Matho, môme impitoyablement jeté entre les griffes de l'âge adulte.
Deux mômes au quotidien morose (mais dont on ne masque pas pour autant la naïveté juvénile) fruit d'un jeu de domino pipé d'avance, chacun tentant de survivre, gagnant de l'argent comme ils le peuvent - principalement en vendant tout ce qui a de la valeur sur lequel ils peuvent mettre la main - tout en se défoncant suffisamment (la méthamphétamine a infesté tous les foyers) pour oublier leur malheur sans pour autant tomber dans les affres de la dépendance.
Copyright Les Films du Losange
Honorant avec respect une culture dans laquelle elles ne sont elles-mêmes que des spectatrices, Keough et Gammell croque un authentique et empathique récit initiatique, pas toujours aidé par une narration un brin évasive certes et une mise en scène appuyant un peu trop ses intentions, mais qui pose avec sensibilité et justesse les bonnes questions sur une jeunesse paumée et aculturée, bouffée par un American way of life qui lui refuse même la plus infime parcelle de son rêve.
Un premier effort plein de promesses.
Jonathan Chevrier