Shadow (2018) de Zhang Yimou

Nouveau film du grand réalisateur chinois Zhang Yimou après son passage hollywoodien décevant "La Grande Muraille" (2016). On en oublierait presque ce réalisateur a été l'un des plus grands de "Le Sorgo Rouge" (1987) à "Coming Home" (2014) en passant par "Epouses et Concubines" (1991) ou "La Cité Interdite" (2007). Le réalisateur revient au genre du Wu Xia Pian (film de sabre chinois) et se penche sur une époque déjà souvent porté à l'écran, à savoir la période des Trois Royaumes (Tout savoir ICI !). Le réalisateur-scénariste co-signe son histoire avec Wei Li, une scénariste qui écrit là son premier long métrage, et avec Sujin Zhu auquel on doit les scénarios entre autre de "La Guerre de l'Opium" (1997) de Jin Xie ou "Let the Bullets Fly" (2010) de Wen Jiang. Bien que sortit de façon limitée en salles obscures (en direct DVD en France par exemple) le film a été nommé dans plusieurs catégories à la 55ème cérémonie des Golden Horse Film Festival and Awards qui  récompense les meilleurs films en langue chinoise, et a obtenu 4 prix, celui du meilleur réalisateur, meilleurs effets spéciaux, meilleure direction artistique et meilleurs maquillages et costumes... Au IIIème siècle, lors de la période des Trois Royaumes, afin de prendre l'avantage avant un conflit inévitable, un général décide d'entrer en guerre contre l'avis de son souverain. Pour remporter la victoire il va utiliser un sosie qui va tromper l'ennemi comme son roi... 

Shadow (2018) de Zhang Yimou

Le couple, personnages principaux du récit, est incarné par Deng Chao vu dans "Detective Dee : le Mystère de la Flamme Fantôme" (2010) de Tsui Hark, la trilogie "The Four" (2012-2014) de Gordon Chan ou "The Mermaid" (2016) de Stephen Chow, puis l'actrice Sun Li vue dans "Le Maître d'Arme" (2006) de Ronny Yu, "The Assassins" (2012) de Linshan Zhao et surtout populaire depuis le succès de la série TV "The Legend of Zhen Huan" (2015). Le roi est interprété par Zheng Ryan aperçu dans "Justice League" (2021) de Zack Snyder et qui retrouve Zhang Yimou après "La Grande Muraille" (2016) à l'instar de son partenaire Kai Zheng. Citons ensuite Wang Qianyuan vu dans "L'Empereur et l'Assassin" (1998) de Chen Kaige, "The Crossing" (2014-2015) de John Woo ou récemment dans "La Brigade des 800" (2020) de Gwab Hu, il retrouve après "The Golden Era" (2014) de Ann Hui son partenaire Wang Jingchun vu dans "Time Raiders" (2016) et "The Climbers" (2019) tous deux de Daniel Lee, qui retrouve aussi Zhang Yimou après "The Flowers of War" (2011), Hu Jun vu notamment dans "Lan Yu : Histoire d'Hommes à Pékin" (2002) de Stanley Kwan ou "Les 3 Royaumes" (2009) de John Woo retrouvant ainsi le contexte historique, Guan Xiaotong actrice vue dans "Wu Ji : la Légende des Cavaliers du Vent" (2006) de Chen Kaige et qui a surtout connu le succès à la télévision chinoise, Leo Wu Lei vu dans "Shanghaï Job" (2018) de Charles Martin ou "Upcoming Summer" (2021)  de Leste Chen... Zhang Yimou revient au Wu Xia Pian avec une idée certaine en tête, qui est surtout esthétique. Il semble qu'il ait cette idée en tête depuis de nombreuses années, avec le symbolisme eu Yin et du Yang au centre de la culture chinoise, et surtout un visuel précis et soigné qui rappelerai les estampes chinoises et l'art à l'ancre de Chine. D'emblée c'est effectivement sur l'image que nous restons figé tant le travail est remarquable. Sorte de faux Noir et Blanc, la photographie est presque monochrome avec des couleurs en majorité désaturées. Récemment on peut penser un peu dans ce type de ton au film "Emancipation" (2022) de Antoine Fuqua. 

Shadow (2018) de Zhang Yimou

Ainsi avec ce visuel Zhang Yimou fait l'exact contraire vis à vis des couleurs chatoyantes de ses précédents films du genre comme "Le Secret des Poignards Volants" (2004). Outre ce visuel sublime, le Yin et le Yang forment une ligne directrice solide et presque logique avec un petit brin de féminisme (les femmes pourraient battre les hommes au combat). Sinon on retrouve les éléments qui font souvent les histoires Wu Xia Pian, les coulisses du pouvoir gangrénées par les ambitions et la soif de pouvoir, les manipulations, les trahisons qui sont légions et où finalement personne ne fait confiance en personne. A l'image du visuel, la chorégraphie des combats se fait moins virevoltant et aérien, et malgré un sens du spectaculaire on reste cette fois dans un certain réalisme avec outre cette séquence "toupie" un peu callipotractée mais stylée. L'intrigue est une partie d'échecs (ou de Go plutôt) aux les faux-semblants et les coups bas se multiplient. C'est bien écrit, avec une tension palpable mais il est dommage que le bouchon pousse un peu trop dans les dernières 20mn, à force de rebondissements façon mitraillette et de survie improbable on finit par souffler de lassitude surtout le coup de la caisse sur la fin qui est le twist de trop. Par contre on apprécie, on savoure cette fin qui relie au début, où une princesse en quelques secondes, en un regard aussi illuminée que humides doit se résoudre ou non à devenir l'ombre d'elle-même. Certe on peut noter une première partie qui a du mal à démarrer, et surtout ces dernières 20mn poussives mais la photographie est vraiment magnifique, le visuel offre une oeuvre d'art hypnotisante avec en prime plusieurs plans icôniques et des scènes qui valent un bon Shakespeare. 

Note :                 

Shadow (2018) Zhang YimouShadow (2018) Zhang Yimou

14/20