[CRITIQUE] : L'Homme Debout

Par Fuckcinephiles
Réalisatrice : Florence Vignon
Acteurs : Zita Hanrot, Jacques Gamblin, Cédric Moreau, Tatiana Gousseff,...
Distributeur : Orange Studio
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Pour décrocher un CDI dans l’entreprise de papier peint qui vient de l’engager, Clémence Alpharo, doit pousser Henri Giffard, VRP en fin de parcours, vers une retraite anticipée. Il faut rajeunir l’image de la petite boite. Mais Giffard refuse. Son travail semble être la seule chose qui donne encore un sens à sa vie. Coincée entre la perspective d’un avenir professionnel qui lui permettrait de fuir ses problèmes familiaux et l’affection inattendue qu’elle éprouve pour le VRP, Clémence va devoir choisir…


Critique :

Sensiblement ancré dans le réel, #LhommeDebout se fait l'opposition entre l'ancien monde et le nouveau au cœur d'une légère et délicate comédie sociale, pointant comment les principes et les valeurs se voient confronter de force aux oripeaux d'un modernisme - souvent - absurde. pic.twitter.com/W5fxqdwPHn

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 15, 2023

Si toutes routes mènent à Rome selon le dicton, tous les César du meilleur espoir eux ne mènent pas forcément à une brillante carrière au sein d'un paysage cinématographique actuel où tout n'est qu'une question de choix, mais où seul les bons sont réellement pris en compte.
Assurément rare sur grand écran, la magnifique Zita Hanrot s'échine à bien choisir ses projets quitte à, justement, solidement se positionner entre les questions de qualité et de quantité des propositions, pour preuve ses dernières partitions à avoir atteintes nos salles obscures : La vie scolaire de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, Rouge de Farid Bentoumi, Annie Colère de Blandine Lenoir et même À mon seul désir de Lucie Borleteau.
Tout comme L'homme Debout, estampillé premier long-métrage de la comédienne et scénariste Florence Vignon, collaboratrice habituelle d'un Stephane Brizé dont l'aura plane gentiment sur l'histoire montrée à l'écran, quand bien même celle-ci soit une adaptation du roman Ils désertent de Thierry Beinstingel.

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Plongée cruelle et réaliste au cœur du monde de plus en plus impersonnel et deshumanisé, du travail, fait de bassesses et de rapports de force, le film suit les atermoiements de la jeune Clémence Alpharo, fraîchement débarquée de son école de commerce et dont le flou professionnel au sein de son entreprise de papier peint est en passe de s'estomper : elle peut décrocher un CDI mais à une seule condition, pousser vers la sortie Henry Giffard, VRP en fin de parcours et a l'origine de l'entreprise, mais désormais appellé à goûter à une retraite anticipée, juste pour rajeunir l'image de la boîte - cynisme absolu, bonsoir.
Sauf que le bonhomme n'est pas vraiment séduit par l'idée, loin de là même, tant son job est la dernière chose qui lui reste, lui qui avale les routes de France avec toujours autant de gourmandise, connaît les clients comme personne parce qu'il est le visage humain qui séduit et convainc d'acheter.
Ce qui rend donc la tâche de Clémence difficile tant elle s'attache à son collègue avec qui elle a plus de points communs qu'elle ne le pensait (notamment une grande solitude), quand bien même elle aimerait décrocher ce contrat qui l'extirperait pour de bon de ses soucis familiaux (principalement une mère étouffante, dont le CDI lui permettrait de la fuir pour de bon).
Elle doit trancher, même si l'un des deux choix l'avantage définitivement plus que l'autre...

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Sensiblement ancré dans un réel palpable puisqu'il aborde de vraies questions sociales cruciales (et encore plus dans notre actualité difficile), épuré - 1h26 au compteur - même si son rythme paraît parfois un brin décousu, L'homme Debout se fait l'opposition entre l'ancien monde (humain, basé sur le rapport à l'autre) et le nouveau (deshumanisé, uniquement vissé vers et pour le profit) au cœur d'une légère et délicate comédie sociale pointant comment les principes et les valeurs se voient confronter de force aux carcans du déterminisme social autant qu'aux oripeaux d'un modernisme - souvent - absurde.
Si on pourra lui reprocher de ne donner de substance - au-delà de la caricature facile - qu'à son formidable duo vedette Jacques Gamblin/Zita Hanrot, difficile de ne pas se laisser séduire par ce premier effort juste et empathique.
La belle échappée " non-cannoise " de ce mercredi ciné.
Jonathan Chevrier