[CRITIQUE] : Neptune Frost

Par Fuckcinephiles
Réalisateur•trice : Saul Williams et Anisia Uzeyman
Avec : Cheryl IshejaElvis NgaboEliane Umuhire,…
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Science-fiction, Musical.
Nationalité : Rwandais, Américain.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Hauts plateaux du Burundi, de nos jours. Après la mort de son frère, Matalusa, un mineur de coltan, forme un collectif de cyber-pirates anticolonialistes. Évoluant dans une société autoritariste où la technologie règne en maître, il rencontre alors Neptune, un.e hacker intersexe. De leur union va naître une insurrection virtuelle et surpuissante.


Critique :

Sorte de cyber-musical afro-futuriste et science-fictionnelle,#NeptuneFrost pêche par la facilité avec laquelle il aborde ses thèmes essentielles tout autant qu'il imprègne la rétine par son voyage dans les méandres d'un univers folklorique et sensoriel à la beauté époustouflante pic.twitter.com/b5YQYXHFyT

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 16, 2023

Lui, c'est Matalusa, un mineur de coltan dont le frère vient de mourir, et dont le deuil le pousse (où, tout du moins, le motive encore plus) à former un collectif de cyber-pirates anticolonialistes, pour mieux lutter contre une société autoritariste burundaisz où la technologie règne en maître.
Il fait alors la rencontre de Neptune, un.e hacker intersexe et de leur union va naître une insurrection virtuelle et surpuissante...
L'originalité du postulat de départ d'une narration ne parvient pas toujours à masquer autant la simplicité que l'aspect sensiblement bancale que celle-ci dévoilera tout au long de son exposition, une évidence qui prend à la fois corps et bobine avec Neptune Frost de Saul Williams et Anisia Uzeyman, sorte de cyber-musical afro-futuriste et science-fictionnelle dont la diversité des thèmes (l'exploitation étrangère, le colonialisme, le néopatrimonialisme, l'astrologie chamanique,...), pourtant férocement essentiels, ne sont jamais pleinement abordé avec la justesse nécessaire.

Copyright Damned Films


Car si le diable se cache toujours dans les détails, il n'a pas besoin de beaucoup creuser tant l'obsession du tandem Williams/Uzeyman à vouloir tous les lier dans une sorte de gloubi-boulga expérimental, pulvérise toute tentative de narration un tant soit peu cohérente mais aussi et surtout, lisible à suivre, quand bien même l'expérience qui est offerte (car il est bien question d'expérience avant tout) les images, plus symboliques et impactantes, sont ici plus importantes que les mots.
Dommage tant son cadre, un pays ravagé par la guerre et le génocide qui n'ont pas endigué ni la dérive autoritaire du régime au pouvoir qui a suivi, rendait de facto empathique le désir de rébellion d'une jeunesse faisant de l'évolution technologique une force essentielle vers la libération, qui s'avère un outil profondément aliénant usé par les élites pour faire taire les protestations.
Une sorte de révolution technologique et virtuelle ancré dans un combat presque séculaire, un modernisme atavique au cœur d'un univers folklorique et sensoriel dont nous ne voulons plus revenir tant il ne ressemble à nulle pareil (tout dû moins, dans le septième art de récente mémoire), et réserve des séquences à couper le souffle.

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Alors certes, on pourra juger la superficialité avec laquelle le pillage de l'Afrique par les voies du colonialisme et du capitalisme, les notions d'identité de genre où même la révolution par la technologie, sont abordés, mais des objets d'expression artistique et cinématographique tel que Neptune Frost mérite pleinement leur pesant de pop-corn d'autant que les propositions du cinéma subsaharien ne sont pas légion dans nos salles obscures.

Jonathan Chevrier