Réalisateur français peu connu mais déjà à son actif une dizaine de courts métrages de "L'Homme de la Boîte" (2003) à "Dolya" (2022) en passant par "Périphériques Blues" (2006) ou "Grenouille de Cristal" (2019). Il réalise avec ce film son 3ème long métrage après "Demba" (2006) et "Parisiennes" (2015). Au départ le cinéaste voulait une histoire autour du "sens de la vie", et le déclic c'est fait lors d'une conversation avec des amis sur l'existence de l'umami (Tout savoir ICI !): "quand je leur ai demandé de définir cette saveur, ils ont été incapables de se mettre d'accord. En dehors de son aspect purement gustatif, j'ai compris que la notion d'umami relevait de la métaphysique. Je ne sais pas pourquoi - parce qu'à dire vrai, il n'y avait rien de visuel là-dedans -, l'idée m'est soudain venue de faire un film autour de cette "saveur", plutôt immatérielle par essence, mais quand même suffisamment "identifiable" puisque des millions de gens se la partagent avec délice depuis la nuit des temps." Pour ce projet, le réalisateur-scénariste a pu obtenir un financement bien aidé par la présence en tête d'affiche de la star Gérard Depardieu qu'il connaît depuis son court métrage "Grenouille d'Hiver" (2011), multi-primé 27 fois dans des festivals. Le tournage a duré 9 semaines, mais qui a dû être étalé sur une année à cause du Covid... Gabriel Carvin est un chef cuisinier étoilé et renommé. Mais lorsque sa vie et sa santé se détériorient il comprend qu'il lui faut changer quelque chose qui lui permettrait d'avancer, de connaître ou d'aborder un certain renouveau. Il décide bientôt de partir au Pays du Soleil Levant pour rencontrer un chef japonais qu'il avait croisé 40 ans plus tôt. Un voyage culinaire inédit s'ouvre alors à lui...
Le chef français est donc incarné par Gérard Depardieu vu récemment dans "Maigret" (2022) de Patrice Leconte et "Les Volets Verts" (2022) de Jean Becker, et retrouve après "Police" (1985) et "Sous le Soleil de Saran" (1987) tous deux de Maurice Pialat sa partenaire Sandrine Bonnaire vue dernièrement dans "L'Amour c'est mieux que la Vie" (2021) de Claude Lelouch et "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan. Leurs enfants sont joués par Bastien Bouillon vu dans "Simone le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan et surtout l'excellent "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll puis Rod Paradot vu tout récemment dans "Vaincre ou Mourir" (2023) de Paul Minot et "Apaches" (2023) de Romain Quirot. L'ami est joué par Pierre Richard vu en quelques semaines dans "La plus Belle pour aller Danser" (2023) de Victoria Bedos, "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet et "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maïwenn, et surtout il retrouve donc son acolyte Depardieu après leur trilogie phare "La Chèvre" (1981), "Les Compères" (1983) et "Les Fugitifs" (1986) tous trois de Francis Veber, exception faîte du collectif "Les Clefs de Bagnole" (2003) de Laurent Baffie. Citons Antoine Duléry vu dans "Alors on Danse" (2022) de et avec Michèle Laroque et qui retrouve Depardieu après "Maison de Retraite" (2022) de Thomas Gilou, Zinedine Soualem qui retrouve Sandrine Bonnaire après "Mademoiselle" (2001) de Philippe Lioret vu aussi récemment dans "En Corps" (2022) de son réalisateur fétiche Cédric Klapisch, et Assa Sylla révélation de "Bande de Filles" (2014) de Céline Sciamma vue dernièrement dans "Le Dernier Mercenaire" (2021) de David Charhon et "Le Visiteur du Futur" (2022) de François Descraques. Du côté nippon citons Eriko Takeda qui tourne surtout en France retrouvant son réalisateur après "Le Plueriste" (2010), "Grenouille d'Hiver" (2011) et "Parisiennes" (2015), Kyozo Nagatsuka qui débuta en France dans "Les Chinois à Paris" (1974) de Jean-Pierre Mocky et vu depuis notamment dans "Un Chemin Lointain" (1977) de Sachiko Hidari, "Le Village de mes Rêves" (1996) de Yoichi Higashi ou "Samuraï Resurrection" (2003) de hideyuki Hirayama, l'artiste You vue dans "Nobody knows" (2004) et "Still Walking" (2008) tous deux de Hirokazu Kore-Eda, puis enfin Kyoko Koizumi actrice fétiche de Kiyoshi Kurosawa avec "Tokyo Sonata" (2008), "Shokuzai" (2012), "Real" (2013) et "Avant que nous Disparaissions" (2017)... D'emblée on se dit que ce film est évidemment fait pour Depardieu, ogre de cinéma, épicurien gargnatuesque à la gouaille et à la verve adéquate et idéale pour un tel projet. Ce n'est pas le réalisateur-scénariste Slony Sowqui démentira : "Il n'y a pas une réplique de Gabriel Carvin qu'il ne 'ait pas inspirée. C'est assez facile d'écire pour lui quand on le connaît. Il a une telle richesse, une telle truculence, un tel imaginaire, un tel goût pour les mots qu'il nourrit l'écriture. Les phrases viennent naturellement." On a pas de mal à le croire.
Et le film va confirmer cela, Gabriel Carvin c'est Depardieu il n'y a aucun doute dans notre imaginaire voir nos fantasmes sans doute, mais aussi dans les faits, l'ogre ayant eu un double pontage a son importance. Gabriel Depardieu ou Gérard Carvin part donc à l'aventure, une de celle qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Une quête sur le sens de la vie en croyant qu'il cherche juste à réveiller le sens du goût. Une aventure exotique et si terre à terre en même temps qui ne manque ni de fantaisie ni d'onirisme. Ainsi, le cuisinier plus ou moins en burn-out décide de partir au Japon à la rencontre d'un japonais qui l'avait battu à un concours culinaire il y a plusieurs décennies. Il y a un choc des cultures logique mais hors des sentiers habituels. Il y a une vraie singularité dans cette quête, une sorte de fable moderne sur le bonheur simple et la joie de vivre. La partie française est moins intéressante, plus consensuelle bien qu'on peut noter que les commis du restaurant de Gabriel Carvin/Depardieu sont en fait tous des chefs cuistots renommés voir même étoilés. Notons que le tournage de la cuisine s'est déroulé à l'Abbaye de Frontevraud. La fin offre un morale aussi galvaudée qu'éculée, mièvre aussi mais c'est aussi un "petit" film comme une gourmandise aigre-douce.
Note :