Un premier jour au Festival de Cannes, dernière nuit pour l'acteur Helmut Berger mort ce 18 mais 2023 à l'âge de 78 ans.
Né en 1944 en Autriche, le jeune Helmut Steinburger naît dans une famille d'hôtelier et poursuit des études dans ce même domaine sans pour autant y trouver une quelconque passion. À 18 ans il s'installe à Londres où il enchaîne les petits boulots tout en suivant des cours de théâtre. Il part ensuite en Italie où il suit des études de langues à l'université de Pérouse. C'est là, de passage en Toscane qu'il est remarqué durant le tournage de "Sandra" (1964) de Luchino Visconti qui le prend sous son aile et devient autant son amant que son mentor. Le grand réalisateur déclare alors : "Berger est une jeune poulain plein d'inspiration et de qualité, mais il doit encore se faire les os".
Le grand réalisateur lui offre son premier vrai rôle de cinéma dans le segment"La Strega Bruciata Viva" du film "Les Sorcières" (1967). Il enchaîne ensuite "Les Jeunes Tigres" (1968) de Antonio Leonviola et "Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?" (1968) de Maurizio Liverani mais c'est surtout quand il retrouve son mentor avec le chef d'oeuvre "Les Damnés" (1969 - ci-dessous) de Luchino Visconti où il est révélé au monde notamment avec la scène culte où il se travesti en Marlene Dietrich.
Il incarne Dorian Gray dans "Le Dépravé" (1970) de Massimo Dallamano, participe à l'excellent "Le Jardin des Finzi-Contini" (1970) de Vittorio De Sica, tourne "Un Beau Monstre" (1971) de Sergio Gobbi et "Cran d'Arrêt" (1971) de Duccio Tessari puis surtout il retrouve encore son mentor pour incarner un roi singulier dans le chef d'oeuvre "Ludwig : le Crépuscule des Dieux" (1972 - ci-dessous) de Luchino Visconti avec Romy Schneider en Sissi qui l'impose définitivement comme un acteur majeur.
L'acteur est alors très demandé, et enchaîne avec "Les Voraces" (1973) de Sergio Gobbi, "Les Noces de Cendre" (1973) de Larry Peerce, et retrouve une quatrième et ultime fois son ami dans "Violence et Passion" (1974 - ci-dessous) de Luchino Visconti avec Burt Lancaster ; mais l'acteur n'était déjà plus avec le cinéaste qu'il avait quitté auparavant et qu'il vivait alors une passion éphémère avec l'actrice Marisa Berenson.
Il tourne "Ordre de Tuer" (1975) de José G. Masseo, "Une Anglaise Romantique" (1975) de Joseph Losey et aborde même l'érotisme avec "Salon Kitty" (1976 - ci-dessous) de Tinto Brass où il retrouve sa partenaire Ingrid Thulin qui était sa mère dans "Les Damnés" (1969).
Mais la mort de Luchino Visconti en 1976 l'anéanti, il commence alors à consommer avec excès l'alcool et autres substances artificielles. Il tourne soudain moins de film, ainsi que des projets beaucoup moins prestigieux.
Alors souvent qualifié de "plus bel homme du monde" il tourne encore le polar "Ultime Violence" (1977 - ci-dessous) de Sergio Grieco, "Le Crépuscule des Faux Dieux" (1978) de Duccio Tessari qui n'a rien à voir avec le chef d'oeuvre de Visconti, le film de guerre "La Grande Bataille" (1978) de Umberto Lenzi avec Giuliano Gemma et Henry Fonda, le mauvais trip "Transes Mortelles" (1980) de Massimo Pirri, le film érotique "Femmes" (1983) de Tana Kaleya, l'espionnage avec "Nom de Code : Emeraude" (1985) de Jonathan Sanger avec entre autre Ed Harris et Max Von Sydow, une variation autour de "Les Yeux sans Visage" (1960) de Georges Franju avec "Les Prédateurs de la Nuit" (1988) de Jesus Franco avec Telly Savalas et Brigitte Lahaie puis le Giallo "La Maison des Fantasmes" (1989) de Nini Grassia.
Entre temps, l'acteur aborde aussi la télévision avec le rôle titre de "Fantomas" (1980) de Claude Chabrol, puis en intégrant la saga "Dynastie" (1984) dont il dira qu'il "pleurait sur le chemin du plateau mais riait sur le chemin de la banque." !
L'acteur tourne de moins en moins, les projets restent souvent plus ou moins confidentiels. Il apparaît dans le clip "Erotica" (1992) de Madonna et surtout il apparaît parfois comme un guest star, jouant notamment dans "Le Parrain III" (1990 - ci-dessous) de Francis Ford Coppola, il reprend son rôle mythique de Ludwig II de Bavière pour "Ludwig 1881" (1993) de Donatello et Fosco Dubini où il n'a nul besoin de maquillage tant ses problèmes de drogues ont ravagé son physique.
Citons ensuite quelques films comme "L'Ombre du Pharaon" (1996) de Souheil Ben Barka ou "Ultimo Taglio" (1997 - ci-dessous) de Marcello Avallone mais surtout un certain "Jackie Brown" (1997) de Quentin Tarantino dans lequel l'acteur ne joue pas mais apparaît brièvement quand Melanie/Bridget Fonda regarde le film "Ultime Violence" (1977) tandis que Tarantino remercie l'acteur pour sa performance dans le générique de fin.
Ses derniers films sont "Honey Baby" (2004) de Mika Kaurismaki, "Iron Cross" (2008) de Joshua Newton, "Paganini, le Violoniste du Diable" (2008) de Bernard Rose, "Saint-Laurent" (2014 - ci-dessous) de Bertrand Bonello où il incarne le styliste à la fin de sa vie, puis enfin "Liberté" (2019) de Albert Serra.
Helmut Berger écrit son autobiographie en 1998, qui sera suivi du livre "70e Anniversaire - Autoportrait" (2015).
L'acteur aura surtout marqué l'histoire du cinéma par sa relation unique avec le maestro Luchino Visconti, dont la mort touchera l'acteur de façon terrible.
Helmut Berger est mort ce jeudi 18 mai 2023 à l'âge de 78 ans.