Après "Trois Couleurs : Bleu" (1993) voici donc le second opus de la trilogie thématique de Krzyszrof Kieslowski, à qui on doit des films "Le Personnel" (1975), "Une Courte Journée de Travail" (1981) ou "La Double Vie de Véronique" (1991). Le cinéaste poursuit son projet autour des trois couleurs du drapeau français qu'il renvoie à la devise "Liberté, Egalité, Fraternité". Ainsi, le premier film "Trois Couleurs : Bleu" pour Liberté cette fois c'est "Trois Couleurs" : Blanc" pour Egalité en attendant "Trois Couleurs : Rouge" pour Fraternité. Le réalisateur-scénariste retrouve Krzysztof Piesiewicz son co-scénariste attitré depuis "Sans Fin" (1985), cette fois ils écrivent seulement à quatre mains. Cette suite est un nouveau joli succès et Kieslowski reçoit l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin...
Dominique obtient le divorce avec Karol un polonais qui repart en Pologne après plusieurs accidents de parcours. Profitant d'un capitalisme aussi nouveau que débridé Karol fait fortune, mais toujours amoureux de Dominique il se fait passer pour mort pour tenter de la revoir... On retrouve en caméo la star Juliette Binoche qui retrouve encore après "Mauvais Sang" (1986) de Leos Carax et "Trois Couleurs : Bleu" sa partenaire Julie Delpy vue dans "Détective" (1985) de Jean-Luc Godard, ou "La Passion Béatrice" (1987) de Bertrand Tavernier, ainsi Zbigniew Zamachowski acteur polonais star en son pays vu dans "Les Possédés" (1988) de Andrzej Wajda, et qui retrouve son réalisateur de "Le Decalogue" (1988), idem pour Jerzy Stuhr et Jerzy Trela deux fidèles du cinéaste qui était aussi dans "Le Calme" (1976) toujours de Kieslowski et après "Wizja Iokalna 1901" (1981) de Filip Bajon, les deux Jerzy retrouvent également leur partenaire Janusz Gajos, Stuhr après "L'Année du Soleil Calme" (1984) de Krzysztof Zanussi, puis Trela après "L'Homme de Fer" (1981) de Andrzej Wajda et "La Traque" (1984) de Jerzy Hoffman. Citons encore un Jerzy Nowak aperçu juste avant dans "La Liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg... Notons que le lien est fait avec le premier opus de la trilogie thématique avec le personnage de Juliette Binoche qui apparaît furtivement dans la scène du tribunal au début du film, scène qui est donc également présent dans un autre angle dans "Trois Couleurs : Bleu" (1993). Le cinéaste pousse ensuite son concept à fond, encore, mais cette fois pas de Bleu et de Liberté mais le Blanc et l'Egalité. Un blanc présent partout mais avec moins d'obstination ou de fascination qu'avec le Bleu tandis qu'on a bien du mal à y déceler l'Egalité dans cette histoire. Ca tombe bien il semble de Kieslowski assume l'exact inverse : "C'est une histoire sur la négation de l'égalité. Le concept d'égalité suggère que nous sommes tous égaux. Or je pense que ce n'est pas vrai. Personne ne veut vraiment être l'égal de son prochain. Chacun veut être plus égal."
Mais on ne sait jamais vraiment où veut nous emmener le réalisateur avec ce Blanc, mais on sourit quand Karol/Zamachowski regarde ironiquement une vieille femme jeter une bouteille dans un container, qui renvoie à une scène similaire où par contre la vieille femme n'était pas remarquée par Julie/Binoche. Mais on s'interroge trop sur des détails qui nous interpellent comme pourquoi et comment la femme se débarrasse de son mari, le divorce ok mais comment arrive-t-elle à ruiner aussi facilement et aussi rapidement son ex-époux ?! Ensuite une grande partie se situe en Pologne dans une sorte de film dans le film, comme si le cinéaste avait réunit deux films différents avec plus ou moins de cohérences. La partie qui va de l'arrivée en Pologne jusqu'à son coup financier n'est jamais très vraisemblable ou cohérent. Le pire arrive à la fin, où on se dit tout ça pour ça, jamais on ne comprend Karol comme on ne comprend pas vraiment comment on arrive à cette fin qui nous laisse perplexe. On saisit bien le regard sur la situation économique de la Pologne d'alors, certains passages restent intéressants surtout les passages avec Dominique/Delpy où la complexité des sentiments restent fascinante, mais ça reste plutôt vain tout ça, dans un récit où on cherche le thème de l'Egalité, on attend à chaque instant le moment où il va se passer réellement quelque chose...
Note :
09/20