Après deux longs métrages consacrés au genre horreur où Ari Aster y signe scénario et réalisation, il revient quatre années plus tard avec Beau is Afraid, un drame psychologique frôlant même l'horreur psychologique.
Beau, quadragénaire perdu psychologiquement, vivant dans un appartement misérable dans un quartier mal famé apprend le jour de son départ (avorté) pour rendre visite à sa mère que celle-ci est morte. Il va tout entreprendre pour aller à la cérémonie mortuaire malgré toutes les péripéties qui s'accumule sur un chemin personnel surnaturel, psychique où les traumas du quotidiens vont se confronter à ceux d'un passé douloureux.
Le film entraine le spectateur dès les dix premières minutes dans une spirale psychologique lente, oppressante, fantasmagorique et malsaine dans lequel évolue Beau et dans laquelle son esprit paranoïaque et torturé ne peut se défaire. Présentée en différents actes par un temps d'écran noir, la spirale ne prend jamais fin jusqu'à la dernière minute et son dénouement final. La folie est une toile de fond qui grandit par des expériences ou l'optimisme et l'espoir des premiers instants éclatent dans une succession d'événements improbables, malsain pour retomber encore plus profondément dans un obscur et étouffant désespoir.
Si Joaquim Phoenix était déjà impressionnant dans "Joker" (2019), ici la prestation est tout aussi remarquable. Il nous embarque dans un chaos personnel où sa personnalité a été gommée par des traumas de l'enfance et une castration maternelle poussée à l'extrême d'un complexe œdipien. Personnage écrit dans les moindres de détails, sa démarche, son allocution, ses troubles tout est évident pour le spectateur.
Un contraste d'autant plus grand pour le reste du casting, sauf celui de la mère incarné par Patti LuPone. Le reste du casting se perd dans une écriture peu développée avec des personnages qui ne sont mis en images que pour créer un engrenage constant d'une lueur d'espoir avant de retomber inextricablement dans une désolation totale du personnage principal qui a une foi absolue dans les rencontres qu'il fait sur sa route. On se pose même certaine fois la question de l'utilité de certains personnages voire de certaines séquences. Le réalisateur se perdant lui-même dans son écriture, 45 minutes peuvent être retirée, ça manque de clarté, ça manque d'un liant entre le passé et le présent, entre les différentes séquences, l'importance des personnages rencontrés et des actions vécues.
Il y a un manque de logique évident, la réalité se confondant à la fantasmagorie qui n'a pas toujours sa place; si l'histoire fantasmée d'une vie de famille est superbe tant d'un point de vue de l'histoire que d'un point de vue graphique, la scène d'un souvenir passé dans la pièce du grenier est plus qu'inutile !!! On frôle un absurde dont on n'a pas besoin. Et finalement à toutes les questions que l'on a pu se poser pendant plus de trois heures de film, sont toujours sans réponse à la fin de celui-ci.
Dommage, on s'égare, on se perd et on oublie la beauté de certaines images, de certaines séquences, d'une photographie sur le personnage principal parfois superbe.... Un film annoncé comme -12 ans et qui mériterait d'être relevé. "Beau is afraid" est compliqué à juger, compliqué à noter mais surtout compliqué à digérer. Un film à voir pour une remarquable interprétation simplement.
Note :