Réalisatrice : Kaouther Ben Hania
Avec : Olfa Hamrouni, Hend Sabri, Eya Chikahoui,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Tunisien, Allemand, Saoudien.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2023.
La vie d'Olfa, Tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.
Critique :
Le fait est que la talentueuse cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania n'est jamais réellement là où on l'attend à chaque long-métrage, est le symbole même de la raison pour laquelle son cinéma est aussi exaltant qu'essentiel à une heure où bon nombre de faiseurs de rêves, ne cherche pas où peu à voguer au-delà de leur zone de confort.
Une recherche d'expérimentation constante, de mise en danger salutaire qui l'a fait arpenter des terrains potentiellement sinueux, comme celui en apparence simple mais pourtant périlleux de la méta-fiction ET du docu-vérité, de la fictionnalisation du réel qui épouse tous les oripeaux du documentaire.
Ce qui peut paraître comme un oxymore, tant la fiction est - majoritairement - basée sur l'artifice scénique et le documentaire se fait - majoritairement encore - la recherche de vérité dans la réalité, est pourtant ce qui caractérise son incroyable et hybride nouvel effort, Les Filles d'Olfa, merveille de cinéma singulier et intime où la cinéaste fait se percuter la fiction et le réel de manière directe et grandiose.
Où comment elle raconte, sans le moindre artifice putassier, la vie d'Olfa, quadragénaire tunisienne et mère de 4 filles, qui se substitue et dialogue même avec celle qui " incarne " et reconstitue sa vie, pour mieux nous partager sa douloureuse expérience de mère ayant perdu deux de ses filles aux mains de l'intégrisme islamique - les deux autres étant elles aussi, présentes face caméra.
Un effort virtuose entre le témoignage personnel à la reconstitution dramatique des événements où le quatrième mur n'a même plus lieu d'exister, où la vraie Olfa dialogue avec son double, tandis que les artifices de la reconstitution filmique dialoguent avec les souvenirs et les expériences qui nous sont racontés.
Un voyage profondément intime et immersif qui en dit long autant sur les condition de la femme dans le monde arabe que sur l'islam et les dangers de la radicalisation, voire même sur une Tunisie post-printemps arabe où le rêve de liberté s'est vite confronté à la dure réalité de l'intégrisme.
En interrogeant de manière brute le passé (où Olfa ne masque pas le fait d'avoir battue ses filles), dont la rigidité maternelle semble être un héritage traumatique que l'on se transmet mécaniquement (et non, paradoxalement, par malveillance), en faisant de ses fantômes des acteurs d'un present fictionnel pour mieux faire le deuil et guérir de blessures encore ouvertes; Les Filles d'Olfa se fait une vraie expérience de cinéma et de sensations qui saisit par miracle l'insaisissable, et dont les moindres rouages sont balancés explicitement à l'écran.
Une œuvre incroyablement puissante, honnête et humaine qui offre un regard cru et nécessaire sur les fondements mêmes de nos sociétés contemporaines, sur la maternité, les traumatismes et l'indifférence.
Une put*** de claque, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Avec : Olfa Hamrouni, Hend Sabri, Eya Chikahoui,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Tunisien, Allemand, Saoudien.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2023.
La vie d'Olfa, Tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.
Critique :
En interrogeant de manière brute et honnête le passé, tout en faisant de ses fantômes les acteurs d'un présent méta-fictionnel pour mieux en faire le deuil, #LesFillesdOlfa se fait une incroyable expérience cinématographique et humaine, qui saisit par miracle l'insaisissable. pic.twitter.com/q4Xoh3KOPg
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 27, 2023
Le fait est que la talentueuse cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania n'est jamais réellement là où on l'attend à chaque long-métrage, est le symbole même de la raison pour laquelle son cinéma est aussi exaltant qu'essentiel à une heure où bon nombre de faiseurs de rêves, ne cherche pas où peu à voguer au-delà de leur zone de confort.
Une recherche d'expérimentation constante, de mise en danger salutaire qui l'a fait arpenter des terrains potentiellement sinueux, comme celui en apparence simple mais pourtant périlleux de la méta-fiction ET du docu-vérité, de la fictionnalisation du réel qui épouse tous les oripeaux du documentaire.
Ce qui peut paraître comme un oxymore, tant la fiction est - majoritairement - basée sur l'artifice scénique et le documentaire se fait - majoritairement encore - la recherche de vérité dans la réalité, est pourtant ce qui caractérise son incroyable et hybride nouvel effort, Les Filles d'Olfa, merveille de cinéma singulier et intime où la cinéaste fait se percuter la fiction et le réel de manière directe et grandiose.
Copyright Tanit Films
Où comment elle raconte, sans le moindre artifice putassier, la vie d'Olfa, quadragénaire tunisienne et mère de 4 filles, qui se substitue et dialogue même avec celle qui " incarne " et reconstitue sa vie, pour mieux nous partager sa douloureuse expérience de mère ayant perdu deux de ses filles aux mains de l'intégrisme islamique - les deux autres étant elles aussi, présentes face caméra.
Un effort virtuose entre le témoignage personnel à la reconstitution dramatique des événements où le quatrième mur n'a même plus lieu d'exister, où la vraie Olfa dialogue avec son double, tandis que les artifices de la reconstitution filmique dialoguent avec les souvenirs et les expériences qui nous sont racontés.
Un voyage profondément intime et immersif qui en dit long autant sur les condition de la femme dans le monde arabe que sur l'islam et les dangers de la radicalisation, voire même sur une Tunisie post-printemps arabe où le rêve de liberté s'est vite confronté à la dure réalité de l'intégrisme.
Copyright Tanit Films
En interrogeant de manière brute le passé (où Olfa ne masque pas le fait d'avoir battue ses filles), dont la rigidité maternelle semble être un héritage traumatique que l'on se transmet mécaniquement (et non, paradoxalement, par malveillance), en faisant de ses fantômes des acteurs d'un present fictionnel pour mieux faire le deuil et guérir de blessures encore ouvertes; Les Filles d'Olfa se fait une vraie expérience de cinéma et de sensations qui saisit par miracle l'insaisissable, et dont les moindres rouages sont balancés explicitement à l'écran.
Une œuvre incroyablement puissante, honnête et humaine qui offre un regard cru et nécessaire sur les fondements mêmes de nos sociétés contemporaines, sur la maternité, les traumatismes et l'indifférence.
Une put*** de claque, rien de moins.
Jonathan Chevrier