Avec : Paolo Pierobon, Enea Sala, Leonardo Maltese,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien, Français, Allemand.
Durée : 2h15min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2023.
En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l'enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant...
Critique :
Citant un brin La Prisonnière du Désert, Bellocchio questionne à nouveau avec fureur le pouvoir du dogme catholique avec #LEnlèvement, édifiante radiographie de la barbarie fondamentaliste de l'Église catholique à laquelle il noue une réflexion captivante sur la notion d'identité pic.twitter.com/fMwAOI5FY1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 28, 2023
Au fil du temps, le cinéma béni de Marco Bellocchio est devenu une puissante machine de contestation et de réflexion sur le passé de la société italienne, qu'il se plonge dans la passivité politique du pouvoir en place, dans les recoins sombres et putrides de la mafia locale où, plus frontalement, dans les mécanismes inhumains mensongers du fascisme.
En ce sens, L'Enlèvement se fait un nouveau chapitre mémorable qui ne dénote absolument pas dans sa filmographie, lui qui s'échine à conter l'histoire vraie déchirante d'Edgardo Mortara.
Flanqué dans le Bologne du milieu du XIXe, lorsque la ville appartenait encore aux États pontificaux sous l'autorité religieuse et politique du pape Pie IX (une poignée d'années avant la réunification de l'Italie), l'histoire suit le bouleversement intime qu'il a subit enfant, lui qui, issu d'une famille juive, fut kidnappé, sur ordre du Vatican, par le chef de l'Inquisition, sur le simple fait qu'il ait été baptisé - par une domestique et dans le dos des parents.
Il sera alors confiné dans les établissements de l'église catholique pour être éduqué en tant que chrétien, avant d'embrasser lui-même une vie pieuse et religieuse.
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Citant plus où moins directement La Prisonnière du Désert de Ford, Bellocchio questionne une nouvelle fois avec fureur le pouvoir du dogme catholique (ou la foi en l'immatériel ne se traduit qu'en un pouvoir absurde et violent) autour duquel il noue une réflexion passionnante sur la notion d'identité, pour mieux faire de son vingt-huitième effort une édifiante radiographie de la barbarie fondamentaliste de l'Église catholique, de ses rites auto-justificateurs à son mépris des autres religions, de son antisémitisme assumé à son hypocrisie dévastatrice, symbolisé par un portrait diabolique du pontife (vaniteux, autoritaire et enragé), qui n'a rien à envier aux autres " monstres " du cinéaste.
Un formidable cri rageur qui tire toute sa force dans la manière qu'à le cinéaste de repenser la privation de liberté non pas comme un acte uniquement et exclusivement physique (et donc infiniment politique), mais comme un pur acte psychologique, relevant du champ de l'esprit et de ses circonvolutions jusqu'à l'apogée de l'oppression religieuse - la victime sombre dans la folie d'adopter la moralité biaisée de ses oppresseurs.
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La définition même de l'endoctrinement capturée par le regard séculaire et pur d'un cinéaste en pleine possession de des moyens, celui d'un enfant puis d'un homme qui s'accroche à la religion d'une manière dogmatique, cherchant cette protection qu'il n'a plus jamais eu depuis ses six ans, depuis l'impossibilité déchirante et désespérée de sa mère à le garder auprès d'elle.
Une claque, rien de moins.
Jonathan Chevrier