Trois très grandes séries tirent leur révérence. Chroniques.
SUCCESSION S04 (Pass Warner/HBO) – 18/20
L’une des meilleures séries des dix dernières années s’achève en apothéose (pouvait-il en être autrement ?). Si le langage mediatico-financier et les manœuvres politiques sont toujours aussi opaques, l’intérêt de la série est ailleurs. Dans la finesse et la célérité des dialogues, dans l’impressionnante précisions des interactions entre ces népo-milliardaires, dans sa réalisation en mode quasi-documentaire qui ne rate aucune émotion, aucune intention d’un casting sensationnel (et je pèse mes mots). La série a au fil des épisodes construit sa propre grammaire, sa singulière véracité. Sa griffe. Et cette musique, baroque, opératique, signature essentielle du show.
Drame familial shakespearien dans lequel les alliances se construisent toujours autour d’un équilibre précaire entre intérêts personnels et affection fraternelle (toujours relative), Succession offre un final à la hauteur de se réputation, regorgeant de moments dantesques dont un épisode 3 monumental, déjà culte, un épisode 7 en surtension et une conclusion en apnée.
Elle a d’ores et déjà rejoint le cercle restreint des séries indispensables.
THE MARVELOUS MRS MAISEL S05 (Prime Video) – 17/20
Consciente qu’il s’agit du dernier round, The Marvelous Mrs Maisel se réinvente avec audace, restructure sa narration. La plupart des épisodes commencent ainsi par des flash-forward qui nous renseignent sur ce que deviendront Midge et ses proches 10, 15 ou 30 ans plus tard, disséminant quelques mystères à résoudre d’ici le grand final.
Toujours aussi drôle, mais plus sensible et un poil mélancolique, la série se concentre sur les parcours de ses personnages principaux et finit par nous émouvoir et nous serrer le cœur.
Une conclusion pensée, réfléchie, qui boucle parfaitement la boucle et ne néglige rien ni personne. Une très belle tournée d’adieu. Et en bonus, vous saurez d’où vient le titre The Marvelous Mrs Maisel.
TED LASSO S03 (AppleTV+ – 14/20) La série la plus feel good du moment tire sa révérence avec une troisième saison un chouille décevante. Elle fait toujours autant de bien, est toujours aussi bienveillante mais parfois à l’excès. Les histoires de chacun semblent plus écrites, les récits plus forcés moins naturels.
Certes, la série aborde des sujets importants comme la dépression, le désir d’enfant, #metoo et même l’homosexualité dans le foot, mais sans vraiment les creuser, avec un optimisme sur le genre humain qui confère à la naïveté. Kent, Tartt ou Nate s’affadissent en n’ayant quasiment plus de défauts.
Heureusement, l’écriture reste l’atout numéro un du show, drôle et émouvant. They’ll be missed.