Premier long métrage de Stephane Freiss plus connu comme acteur jusqu'ici avec des films comme "Chouans !" (1989) de Philippe de Broca, "Monsieur N" (2002) de Antoine de Caunes ou "5 x 2" (2003) de François Ozon, mais qui avait commencé un devenir rare sur grand écran jusqu'à son dernier long métrage devant la caméra avec "Les Confessions" (2016) de Roberto Ando. Désormais il est surtout vu à la télévision jusqu'à ce projet qu'il co-écrit avec Audrey Gordon réalisatrice-scénariste du documentaire "Première Campagne" (2019) et du téléfilm "Le Procès d'Emma Bovary" (2021), puis avec Caroline Deruas-Garrel, épouse du réalisateur Philippe Garrel, réalisatrice de "L'Indomptée" (2016), co-scénariste de son époux notamment sur "L'Amant d'un Jour" (2017) et co-scénariste "Les Estivants" (2018) et "Les Amandiers" (2022) tous deux de Valeria Bruni-Tedeschi. Stephane Freiss, lui-même juif, dédie son film à sa mère, très croyante et qui est morte durant le montage... Comme chaque année, Elio De Angelis accueille dans sa ferme une famille juive ultra-orthodoxe d'Aix-les-Bains se rend dans une ferme du sud e l'Italie pour la récolte des cédrats. Mais cette année est différente, Elio a perdu son père et sa femme l'a quittée tandis que Esther, la fille du rabbin et patriarche de la famille juive, est en pleine remise en cause des contraintes religieuses. Elio et Esther vont se rapprocher...
Elio est incarné par l'acteur italien Riccardo Scamarcio justement vu dans "Les Estivants" (2018), vu aussi dans d'autres films français comme "Les Traducteurs" (2018) de Régis Roinsard et récemment dans "Caravage" (2022) de Michele Placido. Esther est interprétée par l'actrice française Lou de Laâge vue dans "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan, "Le Bal des Folles" (2021) de et avec Mélanie Laurent et tout récemment dans "Le Tourbillon de la Vie" (2022) de Olivier Treiner. Parmi la famille juive citons Pierre-Henry Salfati dans son premier rôle pour ce réalisateur des films "Tolérance" (1989), "Zadoc et le Bonheur" (1995) ou "Repas de Famille" (2014), Coraly Zahonero aperçu dans "Nelly et Monsieur Arnaud" (1994) de Claude Sautet avant de se focaliser sur la télévision, Anna Sigalevitch vue entre autre dans "La Pianiste" (2001) de Michael Haneke, "Le Voyage du Ballon Rouge" (2007) de Hou Hsiao-Hsien ou "Énorme" (2020) de Sophie Letourneur, Anaël Guez aperçue dans "L'Ordre des Médecins" (2019) de David Roux, Liv Del Estal fille de Stephane Freiss qui s'est fait connaître via les émissions TV "Nouvelle Star" (2014) et "The Voice" (2018) sans percer pour autant et aperçue dans quelques épisodes de séries TV depuis 2019, puis citons les italiens Florenza Tessari révélée dans "Phenomena" (1985) de Dario Argento, et enfin Luigi Diberti vu notamment dans "Liberté mon Amour !" (1975) de Mauro Bolognini, "L'Emmurée Vivante" (1977) de Lucio Fulci, "Le Syndrome de Stendhal" (1996) de Dario Argento ou "Juste un Baiser" (2001) de Gabriele Muccino... Le poids de la religion est un sujet maintes fois abordé au cinéma, et surtout dans les extrêmes évidemment comme le judaïsme orthodoxe (qui n'a rien à envier à l'Islam radical) , on peut citer entre autre sur le même sujet "Kaddosh" (1999) de Amos Gitaï, "Prendre Femme" (2004) de Schlomi et Ronit Elkabetz ou "Désobéissance" (2017) de Sebastian Lelio. Mais ici le réalisateur-scénariste ajoute un paramètre exotique savoureux, à savoir la cueillette du cédrat (Tout savoir ICI !), fruit méconnu mais qui est des quatre produits (avec la saule, la palme de dattier et la myrte) qui sont utilisés lors de la fête juive de Souccot. Dès l'arrivée de la famille juive orthodoxe dans cette ferme italienne on perçoit le poids de la religion où on a bien du mal à y voir une famille mais plutôt une communauté religieuse voir une secte où le joie et le naturel semblent proscrit par les convenances et leur foi.
Mais aussitôt également on ressent et on comprend le mal être de Esther/De Laâge qui a perdu la foi, qui ne supporte plus les barrières qui la coupe du monde extérieur, on peut même parler d'une haine de sa religion au point de craquer psychologiquement sans que ses plus proches ne s'en aperçoivent, ou plutôt sans que sa propre famille ne s'inquiète plus que ça. Mais si il y a le poids effrayant de la religion pour elle, on constate que Elio/Scamarcio a aussi ses soucis, même si il assume et accepte son héritage il y a le poids du passé, de l'histoire familiale dans une société encore très patriarchale. Prisonnière d'une religion qu'elle exècre elle finit par se rapprocher d'un athée qui a dit adieu à une carrière artistique pour reprendre la suite de son père. Le plus intéressant reste ce parallèle, avec une description subtile des us et coutumes des juifs orthodoxes en style "vacances récoltes" pour le cédrat, mais par contre l'histoire d'amour entre Esther et Elio manque totalement d'intérêt, de chair ou même de passion. Le manque d'étincelle entre elle et lui ne permet jamais de croire réellement à cette romance plus ou moins impossible. Le scénario manque un peu d'enjeu, ou plutôt manque de réelles audaces autant dans la mise en scène que dans l'action de ses protagonistes. Les non-dits, les silences ne sont jamais compensés par autres choses ce qui donne un film avec des longueurs et trop de monotonie à l'instar de deux personnages principaux qui restent trop en retrait, sans courage pour offrir un minimum de tension et/ou d'un minimum de suspense. Note indulgente ne serait-ce que pour le cédrat et la finesse du fond.
Note :
12/20