Joyland

Par Dukefleed
Joyland: un quartier par si joyeux

Sam Sadiq filme, à l’écart de toute démonstration, une relation amoureuse masculine qui vient heurter violemment les traditions patriarcales conservatrices d’un Pakistan musulman. Avec un thème très proche du marocain « Le bleu du caftan », les deux mènent un même combat plein d’humanité et d’intelligence autour des libertés sexuelles, sentimentales et individuelles au cœur de pays régis par des lois et logiques islamiques. Autre point commun, l’amour irradie ces deux films et surtout il met trois personnages au cœur du film, différents et très attachants. Biba et Haider, ici, auront plus de mal à s’aimer ; et il ne s’agit pas d’homosexualité. La plus belle scène du film est celle dans laquelle Biba affirme haut et fort ne pas être homosexuel ; et le trouble de Haider qui ne comprend pas ce qui se passe est un moment unique de cinéma ; loin du grandiloquent « Lawrence Anyways ». La cellule familiale patriarcale tient ici une place prépondérante dont Haider est une donnée négligeable sauf s’il est capable de donner le fils tant attendu par toute la famille. Sa femme, personnage touchant, aimante mais fragile, est pour moi autant le centre du film que Haider et Biba. Elle porte tellement elle aussi sur ses épaules qu’elle est la victime désignée de ce système castrateur.

Un beau film dont la première demi-heure peut faire penser à du Bollywood ; après avoir failli sortir du film, en deux trois scènes, il m’a happé… tout comme le public cannois en 2022.

Sorti en 2022

Ma note: 14/20