Après quelques films aux succès plutôt discrets comme "Les Chemins de la Puissance" (1965) ou "Réveil dans la Terreur" (1971), le réalisateur du futur "Rambo" (1982), Ted Kotcheff se lance dans le western alors même que le genre est dans sa période de déclin. Le scénario est signé de Alan Sharp qui venait se signer les westerns "L'Homme sans Frontière" (1971) de et avec Peter Fonda et "Fureur Apache" (1972) de Robert Aldrich, et qui signera plus tard les film d'espionnage "Osterman Week-End" (1973) de Sam Peckinpah et le film historique "Rob Roy" (1995) de Michael Caton-Jones. Notons qu'à la production on retrouve un certain Norman Jewison, réalisateur des excellents "Le Kid de Cincinnati" (1965), "Dans la Chaleur de la Nuit" (1967) et "L'Affaire de Thomas Crown" (1968). Notons qu'en V.O. le titre est en réalité "Billy Two Hats" signifiant simplement "Billy Deux Chapeaux", le nom du héros métis... Fin de la conquête de l'Ouest, après un braquage de banque, des voleurs sont retrouvés par un shérif. Après quelques contacts violents, le shérif se lance à leur poursuite...
Le plus ancien fuyard est incarné par un monstre sacré, Gregory Peck star de l'Âge d'Or qui a déjà écumé l'Ouest sauvage dans des westerns comme "Duel au Soleil" (1946) de King Vidor, "La Ville Abandonnée" (1948) de William A. Wellman, "Bravados" (1958) de Henry King, "Les Grands Espaces" (1958) de William Wyler, le collectif "La Conquête de l'Ouest" (1962) ou "Quand siffle la Dernière Balle" (1971) de Henry Hathaway. Le jeune métis qui l'accompagne est interprété par Desi Arnaz Jr. enfant de la balle ayant débuté très jeune dans les émissions télé "I Love Lucy" (1957) ou "L'Extravagante Lucy" (1962-1965) de ses parents Desi Arnaz et Lucille Ball, ayant tourné finalement peu pour le grand écran mais citons "Un Mariage" (1978) de Robert Altman ou "Le Manoir de la Peur" (1983) de Pete Walker, et surtout rappelons qu'il a produit le récent "Being the Ricardos" (2021) de Aaron Sorkin biopic sur ses parents. Le shérif est incarné par Jack Warden vu entre autre dans "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) de Fred Zinnemann, "Douze Hommes en Colère" (1957) de Sidney Lumet, "Les Hommes du Président" (1976) de Alan J. Pakula ou "Maudite Aphrodite" (1995) de Woody Allen. Son ami est joué par David Huddleston vu dans les westerns "Rio Lobo" (1970) de Howard Hawks et "Le Solitaire de Fort Humboldt" (1975) de Tom Gries, et qui aura aussi un rôle important dans "The Big Lebowski" (1998) des frères Coen, l'épouse indienne est jouée par Dawn Little Sky aperçue auparavant dans quelques westerns dont "La Ruée vers l'Ouest" (1960) de Anthony Mann ou "La Bataille de la Vallée du Diable" (1966) de Ralph Nelson. Le couple est interprété par John Pearce remarqué dans l'excellent "Luke la Main Froide" (1967) de Stuart Rosenberg, puis Sian Barbara Allen qui aura une carrière aussi courte que discrète dont le film "L'Affaire Lindbergh" (1976) de Buzz Kulik... L'histoire débute vite, de façon à la fois basique et classique mais efficace en entrant aussitôt dans le vif du sujet. En quelques petites minutes on nous présente les trois protagonistes principaux avec la figue du shérif obnubilé par sa mission, le gang dont le vieux briscards et le jeune métis.
Le scénario va pourtant s'avérer bien plus malin que prévu, mettant en place le canevas habituel de la traque mais en instillant trois paramètres essentiels, à savoir la relation inter-générationnelle entre le briscards et le métis, le côté psychologique particulier du shérif et la condition des amérindiens à l'issue de la conquête de l'Ouest. Pas vraiment de relation père-fils, le lien entre les deux outlaws reposent avant tout sur la solitude, le métis se rapprochera pour les mêmes raisons d'une autre personne tandis que le briscards précisera l'importance de ne pas rester seul. il y a aussi des peaux-rouges renégats, aussi dangereux que pathétiques, conséquences en filigrane d'une souffrance plus profonde. Mais à y regarder de plus près, le plus intéressant est le shérif, sûr de lui, confiant, terre à terre, pragmatique, tout pour lui doit être logique et cohérent et comme il le dit lui-même sa vie est été façonnée sur ces principes de base, une personnalité qui va pourtant vaciller à cause d'un "racisme ordinaire" forcément inhérent à son époque, tandis que certains y verront aussi une variation autour de la Bible. Les scènes d'action évitent tout spectaculaire pour un effet plus réaliste et abrupt, ce qui n'empêche pas une séquence marquante où un ancien chasseur de bison ressort son fusil pour une cible humaine. Un western avec très peu de personnages, mais ils sont tous très profonds, bien écrits, qui ont leur importance au sein du récit même dans les détails qui n'en sont pas. Un western méconnu qui mérite qu'on s'y attarde. Un très bon cru des seventis.
Note :
15/20