Nouveau film du réalisateur japonais Koji Fukada après des films comme "Au Revoir l'Eté" (2013), "Harmonium" (2016), "Le Soupir des Vagues" (2018), "L'Infirmière" (2020) et le dyptique "Suis-Moi, je te Fuis" (2020) et "Fuis-Moi je te Suis" (2020). Le cinéaste n'avait au début pas d'autre idée que de signer un mélodrame, genre qu'il affectionne comme artiste comme spectateur, citant entre autre comme référence "L'Ange Bleu" (1930) de Josef Von Sternberg et "La Rue Rouge" (1947) de Fritz Lang. Il précise :"C'est une genre que j'aime particulièrement parce que toute la cruauté inhérente à la nature humaine s'y exprime. C'est quelque chose que j'ai toujours eu envie d'explorer et que j'apprécie par ailleurs quand j'en vois à l'écran."... Taeko vit avec son époux Jiro et son fils Keita en face de chez ses beaux-parents. Tandis qu'elle découvre une ancienne fiancée de son mari, le père biologique de son fils refait surface. C'est le début d'un jeu cruel de chaises musicales dont personne ne sortira indemne...
L'épouse est incarnée par Fumino Kimura vue dans "Gokudo Meshi" (2011) de Tetsu Maeda, "La Maison au Toit Rouge" (2014) de Yoji Yamada ou "Buru" (2021) de Keisuke Yoshida, le mari est interprété par Kento Nagayama vu dans "Villain" (2010) de Sang-Il Lee et "Crows Explode" (2015) de Toshiaki Toyoda, tandis que le fils est joué par le jeune Tetsuta Shimada également au cinéma avec "Call Me Chihiro" (2023) de Rikiya Imaizumi. Le père est joué par Atom Sunada qu'on n'avait plus vu au cinéma depuis son premier film "Ai Rabu Yu" (1999) de Yutaka Osawa et Akihiro Yonaiyama, l'ex est jouée par Hirona Yamakazi aperçue dans le blockbuster hollywoodien "Monster Hunter" (2021) de Paul W.S. Anderson. Citons encore Misuzu Kanno vue dans "Vers la Lumière" (2018) de Naomi Kawase, "37 Seconds" (2020) de Mitsuyo Miyazaki et "The Love Hotel Girl" (2021) de William Olsson, puis enfin Tomorowo Taguchi vu dans "Tetsuo" (1989) de Shinya Tsukamoto, "Triad Society" (1995) de Takashi Miike, "L'Anguille" (1997) de Shohei Imamura ou "Tabou" (2000) de Nagisa Oshima... Malgré les films sus-cités, on constate vite que le réalisateur signe effectivement un vrai mélodrame entre un Douglas Sirk et un Kinji Mizoguchi. Le film débute avec une dispute alors qu'une fête familiale se prépare, et qui va se terminer par un drame, sans doute le plus terrible qui puisse être. Les dés sont jetés, une première dispute qui instaure un passif compliqué dû aux convenances qu'imposent la société nippone, entre us et coutume. Il y a ainsi tout un pan de la société japonaise qui s'impose dans cette histoire qui peut être compliqué à comprendre ou à accepter par un occidental.
Ainsi, après le drame, les âmes meurtries se retrouvent dans flou émotionnel et complexe. Des retrouvailles ambigues qui nous montre toute une facette du Japon, entre non-dits, silences, et de sempiternelles excuses pour tout et pour rien. On est un temps surpris par le manque de tristesse ou l'incroyable retenu des larmes mais c'est aussi toute la singularité du Japon qui s'exprime. Outre le jeu des "chaises musicales" on est bluffé par un scénario qui aborde autant de sujets sans jamais dévier de sa ligne directrice, avec entre autre la langue des signes, la dimension sociale, la famille recomposée... etc... Le tout dans un récit fluide même si certains passages restent plus ou moins agaçants ou peu compréhensibles mais qui sont surtout dus à notre vision sans doute trop occidental ; comme les pardons et les excuses systématiques pour tout, les discussions qui ne se poursuivent jamais, cette impossibilité ou cette incapacité à parler... etc... Mais d'un autre côté on aime cette finesse et cette sensibilité qui évite tout pathos avec des détails plus ou moins subtils comme la fuite du chaton ou la double vie. Le voyage au sein du Japon n'est pas pour rien non plus dans l'intérêt qu'on porte à ce mélo qui reste sur le fond universel et déchirant même si les non-dits sont un poids lourd et fatidique.
Note :
14/20