Il Boemo (2023) de Pétr Vaclav

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Le réalisateur Tchèque Pétr Vaclav, peu connu chez nous, revient après des films comme "Les Mondes Parallèles" (2001), "Zaneta" (2014) ou "Weare Never Alone" (2016). Il signe une co-production italo-tchéco-slovaque sur un grand musicien oublié, qui fut pourtant mentor d'un certain Wolfgang Amadeus Mozart. Ainsi ce film est un biopic sur le compositeur Josef Myslivecek (Tout savoir ICI !). Petr Vaclav est réalisateur et également scénariste de son film. Le film a remporté 6 prix sur 11 nominations aux Lions tchèques (équivalent Césars ou Oscars) dont meilleur film et meilleur réalisateur... Après avoir quitté Prague pour la Venise du Siècle des Lumières, le musicien Josef Myslivecek surnommé Il Boemo ne parvient pas vraiment à percer. Sa liaison avec une femme noble de la cour lui permet d'espérer une commande pour un opéra. Le succès de son premier opéra lui offre gloire et fortune, enfin... 

Le rôle titre est incarné par l'acteur tchèque Vojtech Dyk, devenu populaire chez lui par la télévision avant de passer au grand écran avec des films comme "Signal" (2012) de Tomas Rehorek, "Revival" (2013) de Alice Nellis, "Wilson City" (2015) de Tomas Masin ou "Sauver qui est Mort" (2021) de Vaclav Kadrnka. Il est surtout entouré de jolies femmes jouées par des italiennes, Elena Radonicich vue entre autre dans "Alaska" (2015) de Claudio Cupellini, "In my Room" (2018) de Ulrich Köhler ou "Una Relazione" (2021) de Stefano Sardo, Caterina Gabrielli vue dans "Miele" (2013) de Valeria Golino, "Tornatore" (2019) de Cristina Comencini ou "L'Enlèvement" (2023) de Marco Bellochio, et Anna Fracassatti remarquée dans "Martin Eden" (2019) de Pietro Marcello. Citons encore Pietro Tammaro aperçu en France dans "Pauline Détective" (2012) de Marc Fitoussi, Chiara Celotto aperçue dans la série TV "L'Amie Prodigieuse" (2022), Antonio De Matteo vu dans les films "La Belle Endormie" (2013) de Marco Bellochio ou "Avventura" (2019) de Marco Danieli, puis enfin Alberto Craccovu notamment dans "Bianca" (1986) de et avec Nanni Moretti, "Phenomena" (1985) de Dario Argento ou "Il Divo" (2008) de Paolo Sorrentino, et plus récemment vu dans la série TV "Suburra" (2019-2020)... Ce film n'a pas la flamboyance baroque de "Amadeus" (1984) de Milos Forman mais ce film a aussi le mérite de faire connaître un des plus grands compositeurs de son époque et, excusez du peu, un mentor du futur Mozart. La reconstitution historique est soignée avec des lieux de tournage magnifiques et cohérents avec entre autre les palais de Prague et les châteaux de Jaromerice Nad Rokytbnou et Bucovice, mais aussi et surtout en reprenant les oeuvres de Il Boemo enregistrées par l'orchestre baroque de Prague Collegium 1704 avec quelques uns des plus grands solistes d'aujourd'hui. Le cinéaste a voulu un film le plus réaliste et fidèle possible : "... je me suis attaché à une profonde recherche, espérant pouvoir faire un travail qui serait dramatique, narratif et pourtant assez fidèle à Myslivecek et à son époque. C'est une entreprise presque impossible, mais on peut essayer de s'en approcher."

Forcément c'est une gageure, mais sur les grandes lignes le réalisateur-scénariste s'en est sorti très bien pour un biopic historique de très haute qualité en ce qui concerne les faits même si on note quelques "légèretés ; par exemple le surnom "Il Boemo" n'existait pas de son vivant, et surtout il n'existe aucune preuve d'une quelconque liaison amoureuse, les premières affirmations (douteuses) du genre date de la sortie du livre "Grove Dictionnary of Music and Musicians" (1954). Ainsi on peut préciser que la Gabrielli était beaucoup plus proche du compositeur Tommaso Traetta, et on peut par contre regretter le peu d'importance de Mozart dans le film ce qui est étonnant, voir même contre-productif puisque le réalisateur lui-même avoue que la correspondance de Mozart avec Myslivecek a été sa bible sur le tournage : "C'est une texte très important, monumental je dirais. Il est d'ailleurs assez méconnu et peu lu en comparaison avec l'ultra-célébrité du personnage. C'est Wolfgang qui nous a laissé la seule description psychologique de Josef Myslivecek." Rappelons enfin que Mozart et sa famille était proche de Il Boemo de 1770 à 1778, ce que ne reflète nullement le film. Plus techniquement, on aurait aimé un Il Boemo incarné par un acteur un peu plus charismatique mais l'acteur reste solide. Par contre, le véritable défaut du film reste les parties musicales d'un point de vue visuel, les interprètes sur scènes surjouent et semblent pris de "grimaces aigües" ridicules, d'autant plus quand le playback et/ou la post-synchronisation sont lamentablement râtés. Dommage, ce sont les pires scènes du film, sauvées tout juste par le niveau sonore. En conclusion, un biopic historique plus qu'honorable, assez fidèle aux événements historiques pour être pris au sérieux, malgré que ce destin reste assez basique parmi les grands compositeurs de l'Histoire qui ne sort du lot essentiellement pour son lien avec Mozart (d'où la surprise d'une omission peu compréhensible), mais ça reste passionnant et bien fait. Un bon moment.

Note :      

14/20