Farang (2023) de Xavier Gens

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Retour du réalisateur français Xavier Gens sur grand écran après un court passage à la télévision pour la série TV "Gangs of London" (2020), et après une incursion dans la comédie avec "Budapest" (2018) il revient avec ses premières amours, du musclé avec lequel il avait débuté sa carrière avec le film "Hitman" (2007) avant de se spécialiser avec le film d'horreur "Frontière(s)" (2007) ou "The Divide" (2011). Le cinéaste avoue qu'il voulait "un vrai, un grand film d'action populaire français. Un film méchant, vénère, qui n'a pas à rougir devant les productions étrangères. Et raconter une belle histoire de rédemption, à travers un personnage d'origine algérienne, sans que son origine soit le sujet du film. Un vrai héros qui va tout faire pour sauver sa famille." Xavier Gens précise son intention et sa volonté d'aller vers autre chose qu'il explique ainsi : "J'ai travaillé en même temps sur Papicha, film de ma femme Mounia Meddour que j'ai produit, et Gangs of London. Avec Papicha j'ai fait l'expérience d'un cinéma d'auteur très arty, et avec Gangs of London, d'un cinéma d'action avec la méthodologie spécifique de Gareth Evans." Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Magali Rossitto pour son premier film, et avec Guillaume Lemans scénariste des films de Fred Cavayé et Yann Gozlan notamment et respectivement sur leur dernier "Mea Culpa" (2014) et "Burn Out" (2017). Précisons que le terme "Farang" vient du mot français Francs, qui avec la langue thaï est devenu un mot pour désigner d'abord le français puis plus généralement le blanc occidental. Lors du financement, la condition était que le film ne soit pas interdit au moins de 16 ans, chose faîte puisque le film est interdit au moins de 12 ans... 

Sam, détenu modèle à la prison de Fresnes prépare sa sortie prochaine et sa réinsertion. Mais lors d'une permission son passé le rattrape brutalement et il doit fuir. Quelques années plus tard, Sam a refait sa vie en Thaïlande où il a fondé une famille. Une fois encore le destin s'acharne, pour obtenir un terrain pour sa maison il doit travailler pour le Parrain local, Narong. Mais quand Sam décide de tout arrêter Narong punit Sam de la pire des manières. Cette fois Sam est bien décidé à se venger... Sam est incarné par Nassim Lyes qui trouve là son premier rôle principal après quelques années de petits rôles et après des rôles remarqués récemment dans "Le Dernier Mercenaire" (2021) de David Charhon, "Overdose" (2022) de Olivier Marchal et "16 ans" (2023) de Philippe Lioret. Son épouse est interprétée par l'inconnue Loryn Nounay aperçue dans les séries TV "Carrément Craignos" (2021) et "SKAM France" (2022). Les mafieux thaïs sont sous la coupe de Olivier Gourmet qui a rarement abordé le genre dont on peut citer "Le Guetteur" (2012) de Michele Placido, "Tueurs" (2017) de François Troukens et Jean-François Hensgens ou "Entre la Vie et la Mort" (2022) de Giordano Gederlini, tandis qu'on a vu l'acteur récemment dans "L'Etabli" (2023) de Mathias Gokalp. Parmi les thaïs citons surtout Vithaya Pansringarm cultissime ange de la vengeance dans "Only God Forgives" (2013) de Nicolas Winding Refn qui retrouve le cinéma français après des films comme "Largo Winch 2" (2011) de Jérôme Salle, "Une Prière avant l'Aube" (2018) de Jean-Stephane Sauvaire ou "Paradise Beach" (2019) de Xavier Durringer, puis retrouve aussi après les films "Sergio" (2020) de Greg Barker et "Treize Vies" (2022) de Ron Howard son partenaire et compatriote Sahajak Boonthanakit vu dans "The Lady" (2011) de Luc Besson, "No Escape" (2015) de John Erick Dowdle ou "Je ne vois que Toi" (2020) de Marc Forster. Citons encore Kenneth Won vu entre autre dans  "Suspect Numéro Un" (2020) de Daniel Roby et "Tar" (2022) de Todd Field, puis Mehdi Hadim qui a ici un petit rôle mais est cascadeur avant tout ayant oeuvré par exemple sur "Athena" (2021) de Romain Gavras et "Le Roi des Ombres" (2022) de Marc Fouchard... Précisons que le film a été tourné avec le processus appelé pre-viz (previsualization), système que le réalisateur explique lui-même : "Simplement, une pre-viz, c'est filmer avec un simple téléphone ce que va être la séquence et la monter à l'image près. On tourne donc dans un décor aux proportions, avec des cascadeurs et des comédiens, et on réalise la séquence avant qu'elle ne soit tournée. On anticipe absolument tout et on a les angles, les focales, on designe la scène intégralement. De plus, c'est parfait pour  la précision, l'efficacité, la sécurité des cascadeurs. Le résultat, c'est que sur le tournage, on obtient ce qui était pensé, conçu, non pas à 100% mais à 1000%. Avec Farang, on a travaillé trois mois comme cela avant le tournage." D'ailleurs le réalisateur a choisi une équipe de spécialiste de haut vol, les combattants sont de vrais boxeurs thaïs, les cascadeurs sont des habitués des tournages de Donnie Yen ou Jackie Chan, tandis que les chorégraphies des combats sont signés de Jude Poyer connu pour son travail sur les films "The Raid" (2012) de Gareth Evans ou "Kingsman" (2015) de Matthew Vaughn. L'acteur principal Nassim Lyes n'est pas en reste, ex-champion de France 2010 de kickboxing il a fallu se réentraîner pour être crédible en boxeur thaï.

Résultat, les scènes d'action sont de haute volée, c'est brutal, très brutal avec des chorégraphies efficaces et inspirées dans un soucis de réalisme... Jusqu'à ce premier bémol puisque la fin reste tout de même capillotractée niveau "physique". D'un point de vue action movie le film est une vraie réussite, mais à l'instar par exemple des "Balle Perdue" (2018-2022) de Guillaume Pierret c'est au niveau scénario que le bât blesse avec une collection d'incohérences en prime. D'abord, il y a une incroyable complaisance pour le criminel, car héros du film qui a droit à une seconde chance ok, normal, mais alors qu'il est assez con pour replonger aussi facilement (sur tous les plans) il s'avère premier responsable du drame qui déclenche la vengeance. Par là même, ce Sam/Lyes part en vendetta bille en tête sans jamais s'interroger, sans se remettre en cause, sans même s'inquiéter ensuite pour son "père adoptif" ou son beau-frère. Certains passages sont de vrais foutages de gueule, comme quand Sam traverse une propriété comme un éléphant dans un couloir (peu de cachette, lumière partout, des gardes partout) mais qui passe tranquillement. Niveau mise en scène il manque des idées et un peu de suspense, ainsi l'action ne commence réellement qu'au bout de 50-55mn (!), on connaît la conclusion trop vite (twists fumeux). Précisons que Nassim Lyes est impressionnant dans les séquences d'action, mais il est trop limité niveau émotion ou est-ce la direction d'acteur  qui pêche ?! Finalement Xavier Gens a sans doute voulu donner de l'épaisseur à son action movie avec un début trop long où on regarde sa montre en se demandant quand est-ce que l'action va commencer, puis arrive 25mn d'action pure terriblement efficace. Malheureusement ça reste trop bancal et trop peu sur un film de 1h30 qui promet du musclé à haute dose.

Note :  

09/20