Réalisateur de "The Turn of the Wheel" (1916), "Les Marches qui craquent" (1919) et sortant la tête haute du tournage de "Les Chevaux de Bois" (1923) où il a remplacé au pied levé Erich Von Stroheim congédié, Rupert Julian est choisi par la Universal de Carl Laemmle pour réaliser la première adaptation du cinéma (sur une petite dizaine jusqu'à "Le Fantôme de l'Opéra" en 2004 de Joel Schumacher) du roman éponyme (1910) de Gaston Leroux, auteur des Rouletabille avec entre les romans "Le Mystère de la Chambre Jaune" (1907) et "Le Parfum de la Dame en Noir" (1908). Le scénario a été écrit par de nombreuses mains, citons parmi eux Bernard McConville auteur entre autre des films "La Fille des Monts" (1919) et "Dans les Bas-Fonds" (1919) tous deux de Sidney Franklin, Raymond L.Schrock auteur sur "Le Soupçon" (1919) de Harry F. Millarde ou "Le Coupable" (1923) de Clarence Brown, Richard Wallace qui devient dans la foulée réalisateur dont on peut citer "Le Rêve Immolé" (1928), "Nid d'Espions" (1943) ou "Sinbad le Marin" (1947). A noter que le réalisateur laissera de temps à autre sa place derrière la caméra à deux collègues, les réalisateurs Ernst Laemmle et Edward Sedgwick qui signeront quelques passages sans être crédités... L'opéra est hanté par Erik surnommé le Fantôme de l'Opéra qui se cache dans les souterrains secrets de la bâtisse. Amoureux de la cantatrice nommée Christine Daaé, il fait le nécessaire pour qu'elle obtienne le rôle principal du prochain spectacle. En échange il lui réclame l'amour en retour, mais il finit par l'enlever et la séquestrer espérant qu'avec le temps elle l'aimera malgré le secret qu'il cache sous son masque...
Le rôle titre est incarné par Lon Chaney, légende de l'Âge d'Or de Hollywwod surnommé lui-même "L'Homme aux milles visages", il est entre autre un acteur fidèle de Tod Browning par exemple dans "Les Révoltés" (1920), "L'Inconnu" (1927) ou "Loin vers l'Est" (1929). La belle cantatrice est incarnée par Mary Philbin vue ensuite dans "L'Homme qui Rit" (1928) de Paul Leni ou "Jeunesse Triomphante" (1928) de D.W. Griffith, et qui retrouve après "Les Chevaux de Bois" (1923) son réalisateur ainsi que son partenaire Norman Kerry qui retrouvera Lon Chaney plus tard dans "L'Inconnu" (1927), citons Arthur Edmund Carewe vu dans "Le Souffle des Dieux" (1920) de Rollin S. Sturgeon et "Masques de Cire" (1933) de Michael Curtiz, Gibson Gowland vu dans "Les Rapaces" (1924) de Erich Von Stroheim, "Hantise" (1944) de George Cukor ou "Le Portrait de Dorian Gray" (1945) de Albert Lewin, John St. Polis vu dans "Le Vainqueur" (1924) de Hertbert Brenon ou "Le Code Criminel" (1931) de Howard Hawks, Snitz Edwards vu cette même année dans "Les Fiancées en Folie" (1925) de et avec Buster Keaton, Virginia Pearson grande star des années 10 désormais cantonnée aux seconds rôles. Plusieurs petits rôles sont non crédités mais il s'agit d'acteurs aux longues carrières dont les "gueules" est bien connues avec George Davis vu dans "Le Cirque" (1928) de Charles Chaplin ou "L'Impératrice Rouge" (1934) de Josef Von Sternberg, Cesare Gravina vu aussi dans "Les Chevaux de Bois" (1923) et dans "Les Rapaces" (1924) de Stroheim, Carla Laemmle, nièce du fondateur de Universal, qui a l'une des carrière les plus longues de Hollywood ayant tourné de 1925 jusqu'à son ultime film "Mansion of Blood" (2014) de Mike Donohue en passant par "Dracula" (1931) de Tod Browning, John Milian qui tournera plsuieurs foispour Richard Wallace ou pour Cecil B. De Mille, Bernard Spiegel vu dans "Les Mains d'Orlac" (1935) de Karl Freund ou "Une Nation qui Marche" (1937) de Frank Lloyd, Edith Yorke qui jouait aussi dans "Les Chevaux de Bois" (1923), vue ensuite dans "Je suis un Assassin" (1929) de William K. Howard et "L'Intruse" (1930) de F.W. Murnau... Attention, film vu en version colorisée ! Film muet et en Noir et Blanc officiellement, tandis qu'il existe une version sonore. En 1929 une version post-synchronisée a été produite avec quelques modifications, l'acteur Lon Chaney avait alors quitté Universal pour MGM en contrat exclusif.
Au départ on constate un Noir et Blanc orangé façon sépia, mais c'est en fait un choix délibéré pour marquer l'Opéra, on constate ensuite qu'il y a un filtre bleuté pour les extérieurs et un filtre vert pour les souterrains du fantôme et ses quartiers sans compter la scène du bal où différentes couleurs se mêlent dont la magnifique cape rouge du Fantôme au bal masqué qui fait son effet. Le Fantôme de l'opéra masqué n'est pas très classe et ni très charismatique, plutôt une sorte de Fu Manchu en tenue occidentale, alors que découvert Erik est assez hideux pour exprimer le dégoût surtout à Christine au grand dam du seigneur de l'Opéra. Le physique de Erik, imaginé et créé par Lon Chaney lui-même était alors considéré comme si monstrueux que Universal prévoyait des sels au cas où les spectateurs s'évanouiraient ! Le scénario reprend les grandes lignes avec fidélité dans un rythme condensé et soutenu, les personnages sont aussi bien écrit et correspondent au roman. On constate surtout que la Universal avait confiance en leur film puisque le studio n'a pas hésité à reconstituer l'Opéra Garnier en dur dans leur studio 28, premier du genre à être en ciment car il fallait que ce soit assez solide pour soutenir toute la structure de l'opéra mais également de la façade de Notre-Dame de Paris. Le film allie une atmosphère malsaine à un Film Noir en costume et tout fonctionne parfaitement. Un film à voir.
Note :
16/20