Master Gardener (2023) de Paul Schrader

L'un des tous meilleurs scénaristes des années 70-80, Paul Schrader, est aussi un réalisateur passionnant d'abord avec ses premiers films "Blue Collar" (1978) et "American Gigolo" (1980), puis un peu moins avec ses récents "The Canyons" (2013), "Dog Eat Dog" (2016) et "The Card Counter" (2021). Surtout, le réalisateur-scénariste fait intervenir deux femmes de générations différentes pour la première fois depuis un certain "Taxi Driver" (1976) de Martin Scorcese : "J'a pensé qu'il serait intéressant de voir ce qui se passerait si le personnage de Cybill Sheperd, Betsy, prenait un café avec l'Iris de Jodie Foster. Je voulais que les écarts d'âge des personnages ajoutent au malais de la situation." Narvel est un horticulteur dévoué aux jardins privés de la très raffinée Mme Haverhill. Mais quand son employeuse l'oblige à prendre comme apprentie sa petite-nièce Maya tout commence à partir en vrille. Le chaos s'installe allant jusqu'à révéler les sombres secrets du passé de Narvel... 

Master Gardener (2023) de Paul Schrader

L'employeuse est interprétée par Sigourney Weaver vue récemment "Mon Année à New-York" (2020) de Philippe Falardeau, "Call Jane" (2022) de Phyllis Nagy et "Avatar : la Voie de l'Eau" (2022) de James Cameron. Son horticulteur est incarné par Joel Edgerton vu ces derniers mois dans "The Green Knight" (2021) de David Lowery, "Treize Vies" (2022) de Ron Howard et "The Stranger" (2022) de Thomas M. Wright. La petite nièce Maya est jouée par Quintessa Swindell vue dans "Voyagers" (2021) de Neil Burger et "Black Adam" (2022) de Jaume Collet-Serra. Citons ensuite Esai Morales vu dans "Bad Boys" (1983) de Rick Rosenthal, "La Bamba" (1987) de Luis Valdes ou "Fast Food Nation" (2006) de Richard Linklater, Rick Cosnett  aperçu surtout dans des séries TV comme "Vampire Diaries" (2013-2014) ou "Flash" (2014-2017 et 2022), Scott Green vu dans "Last Days" (2005) et "Paranoid Park" (2007) tous deux de Gus Van Sant, Eduardo Losan aperçu dans "The Party Crasher" (2018) de Brant Sersen, Jared Bankens qui retrouve après "Venom" (2018) de Ruben Fleischer son partenaire DJames Jones vu aussi dans "The Hate U Give" (2019) de George Tillman Jr., puis enfin Sean Richmon vu dans le récent "Blue Bayou" (2021) de Justin Chon... Le film s'ouvre sur un générique d'une élégance rare, instaurant d'emblée une atmosphère aussi pesante qu'onirique avec une pointe de mystère. Puis on fait connaissance avec Narvel, jardinier de luxe qu'on devine aussitôt hanté par un passé logiquement peu avouable. Il est aujourd'hui en tous cas un majordome des jardins au service d'une propriété et de sa propriétaire qui est elle aussi bien énigmatique. Le tout semble un brin anachronique, hors du temps, toute la vie dans cette propriété pourrait être directement sortie du 19ème siècle à Boston ou même Londres mais non, nous sommes bien dans une ville américaine contemporaine.

Master Gardener (2023) de Paul Schrader

Le récit démarre vraiment avec l'arrivée de la nièce, on devine que la jeune et belle jeune femme va évidemment être un grain de sable, qui va heurter sa tante et qui va éveiller un passé trouble. Jusque là le film reste intrigant, le climax et aussi envoûtant que lancinant mais le réalisateur va user de quelques grosses ficelles qui empêchent un suspense plus pregnant en traçant un sillon trop limpide. Flash-backs inutiles ou trop lisibles, abus du style "aristocratique" autour de l'environnement autour de la propriété, une petite jeune en détresse, sont des paramètres peu judicieux. Le film reste prenant dans sa première heure puis prend un virage trop brusque ensuite pour une suite plus classique et moins abouti comme si le réalisateur-scénariste n'avait pas trouver la meilleure façon de terminer son histoire. On constate que le couple Narvel/Edgerton et Maya/Swindell manque d'étincelles, que la propriétaire/Weaver est sous-exploitée malgré son actrice, le pire arrive vers la fin quand on doit se satisfaire de "méchants" aussi futiles que peu charismatiques, même inoffensifs et losers on ne croit pas une seule seconde à leur éventuelle dangerosité, tandis que la fin nous laisse sur notre faim. En conclusion, Schrader retombe dans les mêmes erreurs que ses précédents films, une belle idée de base, une première partie maîtrisée et inspirée mais dont il ne sait pas vraiment quoi en faire ensuite, une montée en puissance qui retombe aussitôt et s'essouffle. Dommage une fois de plus. 

Note :

Master Gardener (2023) Paul SchraderMaster Gardener (2023) Paul Schrader

11/20