A Contretemps (2023) de Juan Diego Botto

Premier long métrage de Juan Diego Botto connu auparavant comme metteur en scène de théâtre et acteur notamment vu dans "Dancer Upstairs" (2002) de John Malkovitch, "Silencio en la Nieve" (2012) ou "The Suicide Squad" (2021) de James Gunn. Il co-écrit son scénario avec une inconnue, Olga Rodriguez mais l'idée du film est surtout venue après une conversation avec la star Penelope Cruz qu'il connaît depuis l'adolescence. Le cinéaste précise : "Presque tout mon théâtre tourne autour du même thème. En général, l'exil, l'impunité, la mémoire sont très présents dans mon travail. Même la dernière oeuvre que j'ai écrite, Une Nuit sans Lune sur Garcia Lorca, que je pensais différente. Après analyse, j'ai réalisé que j'avais écrit sur un homme disparu, un homme qui a été enlevé chez lui, arrêté illégalement, torturé, fusillé et porté disparu. On ne sait toujours pas où est son corps."... Rafa, avocat des causes perdues qui se bat entre autre contre les expulsions hypothécaires, se retrouve sur un dossier social délicat, il a jusqu'à minuit pour retrouver la mère d'une fillette laissée seule dans un logement insalubre où, à défaut, la petite sera placée en foyer. Dans sa course contre la montre, Rafa croise Azucena une jeune femme menacée d'expulsion qui tente de provoquer une révolte citoyenne, puis Teodora expulsée après avoir été la garante malheureuse de son fils... 

A Contretemps (2023) de Juan Diego Botto

L'avocat est incarné par Luis Tosar vu ces dernières années dans "Eye for an Eye" (2019) de Paco Plaza, "L'Echappée Sauvage" (2019) de Benito Zambrano ou "Les Repentis" (2021) de Iciar Bollain. Les deux rôles féminins principaux sont joués par Adelfa Calvo vue dans "Groupe d'Elite" (2012) et "La Isla Minima" (2014) tous deux de Alberto Rodriguez et retrouve après "Madres Paralelas" (2021) de Pedro Almodovar sa partenaire Penelope Cruz vu récemment dans "355" (2022) de Simon Kinberg et "L'Immensita" (2023) de Emanuele Crialese, elle retrouve aussi après le chef d'oeuvre "Volver" (2006) de Pedro Almodovar l'actrice Maria Isabel Diaz Lago vue juste après dans "Apocalypto" (2006) de Mel Gibson. Citons ensuite Christian Checa vu dans "75 Dias" (2020) de Marc Romero et "Las Consecuencias" (2021) de Claudio Pinto, Aixa Villagran vue dans "Rose & Noir" (2009) de et avec Gérard Jugnot et "Fou de Toi" (2022) de Dani de La Orden, Nur Al Levi vue dans "Hablar" (201() de Joaquim Oristrell, Front Garcia vu dans le très bon "La Colère d'un Homme Patient" (2015) de Raul Arevalo, Somaya Taoufiki vu dans "El Nino" (2014) de Daniel Monzon, Katia Borlado vue dans "El Ultimo Invierno" (2018) de Julio de La Fuente, puis enfin n'oublions pas le réalisateur lui-même Juan Diego Botto qui s'octroie un second rôle... On suit plusieurs personnages pris dans l'engrenage administratif et capitaliste qui mène à des expulsions manu militari comme on a déjà pu le voir aux Etats-Unis après la crise de 2008. Ici on est en Espagne et il semble que la pandémie Covid a relancé cette problématique de façon exponentielle. On suit donc Azucena mère d'un fils devenu muet devant l'angoisse engendrée par une future expulsion, son mari qui a baissé les bras qui travail avec un homme qui n'appelle plus sa mère par honte, et Rafa un avocat des causes perdues qui ne sait plus où donner de la tête au point de délaisser sa conjointe enceinte.

A Contretemps (2023) de Juan Diego Botto

Le premier soucis est justement ce choix de protagonistes multiples, qui se croisent et s'entrecroisent dans leur combat. En fait on constate que certains sont sous-exploités vis à vis d'autres, les deux stars tirant logiquement la couverture, tandis que d'autres sont simplement superflu comme le beau-fils. Mais la construction narrative reste prenante et cohérente avec un stress ambiant bien retranscrite dans l'ensemble. Par contre, ça reste plutôt manichéen jusqu'à la bêtise... ATTENTION SPOILERS !... Oui on ne laisse pas une fillette seule à la maison blessée, à l'inverse on saurait accuser la police de n'avoir rien fait, on a droit de casser la vitre de son véhicule même en Espagne, car justement c'est son bien personnel. D'autres points laissent perplexe comme pourquoi l'avocat cours autant après son beau-fils alors qu'il est très pressé et surtout qui a 16-17 ans et s'est donc déjà assumé seul ?! Un fils court bille en tête vers sa mère alors qu'un coup de fil au préalable était une évidence... FIN SPOILERS !... On a jamais de réels infos sur les procédures, et notamment jamais ne voit l'avocat réellement effectuer des missions de droit, il serait militant ou bénévole dans une association que ça serait pareil, alors pourquoi en avoir fait un avocat ?! La promo et la production on vendu ce film comme un thriller social, c'est clairement un mélo social mais on ne décèle rien du thriller. On pense parfois à Stephane Brizé ou à Ken Loach mais en moins abouti dans les détails. Néanmoins, le film reste très pertinent, sa dimension pamphlétaire est juste et le rythme soutenu permet une tension palpable qui crée l'émotion, entre injustice et humanité. Touchant et nécessaire, un film à conseiller.

Note :                 

Contretemps (2023) Juan Diego BottoContretemps (2023) Juan Diego Botto

13/20