Hamburger Hill (1987) de John Irvin

Le film retrace un fait véridique, la terrible bataille de Hamburger Hill (Tout savoir ICI !), un massacre tel que l'Amérique n'était pas prête à voir au cinéma. Le projet a donc mis du temps à voir le jour car jusqu'ici la guerre du Viêtnam n'avait pas réellement été montré de manière frontale avec la dimension psychologique de "Voyage au Bout de l'Enfer" (1978) de Francis Ford Coppola ou même "Retour" (1978) de Hal Hashby, ou bien la dimension presque fantasmagorique de "Apocalypse Now" (1979) de Michael Cimino, Les choses ont commencé à changer avec "Portés Disparus" (1985) de Joseph Zito et surtout "Platoon" (1986) de Oliver Stone dont le succès public et critique a ouvert la porte de pandore. Le premier à suivre est le chef d'oeuvre "Full Metal Jacket" (1987) de Stanley Kubrick, mais John Irvin suit de près. Réalisateur qui a déjà abordé la guerre avec "Les Chiens de Guerre" (1981) et qui vient de connaître un petit succès avec "Le Contrat" (1986) avec Schwarzenegger, il porte à l'écran l'histoire écrite par James Carabatsos, lui-même ex-GI durant les années 1968-1969 et qui a interviewé durant 5 ans des vétérans de la bataille de Hamburger Hill pour écrire son scénario. Auparavant l'auteur a écrit pour les films de guerre "Héros" (1977) de Jérémy Kagan, "Sans Pitié" (1986) de Richard Pearce et "Le Maître de Guerre" (1986) de et avec Clint Eastwood... Mai 1969, la guerre du Viêtnam s'enlise mais il y a l'espoir que les premières négociations aboutissent. Les Gi's espèrent le retour au pays, en attendant ils profitent comme ils peuvent, reçoivent leur courrier, pensent à leur proche jusqu'à ce qu'un nouvel ordre tombe, il faut conquérir la colline 937 dont l'importance stratégique semble essentielle. Alors que ça devient un massacre les jeunes recrues remplacent les morts comme un puit sans fond...  

Hamburger Hill (1987) de John Irvin

Au casting la grande majorité des acteurs sont révélés ou remarqués grâce à ce film : Anthony Barrile vu auparavant dans "Vendredi 13 Chapitre 5 : une Nouvelle Terreur" (1985) de Danny Steinmann et qui continuera plutôt discrètement en écumant de nombreuses séries TV, Michael Boatman vu ensuite dans "A Bout de Course" (1988) de Sidney Lumet ou "Le Pacificateur" (1997) de Mimi Leder, Michael Dolan aperçu dans "Light of Day" (1987) de Paul Schrader et "Lolita" (1997) de Adrian Lyne, Don James vu dans "La Couleur du Destin" (1996) de Richard Pearce, Michael A. Nickles futur réalisateur de "Desert Winds" (1995) et "Playback" (2012), Harry O'Reilly vu dans "Generation 90" (1995) et "Disjoncté" (1996) tous deux de Ben Stiller, Tim Quill surtout vu ensuite dans des séries TV et au ciné citons "2001 Maniacs" (2005) de Tim Sullivan et "Argo" (2012) de Ben Affleck, Tommy Swerdlow qui deviendra scénariste entre autre de "Rasta Rockett" (1994) de Jon Turtletaub, "Le Grinch" (2018) de Scott Mosier et Yarrow Cheney puis "Le Chat Potté 2 : la Dernière Quête" (2022) de Januel P. Mercado et Joel Crawford, Courtney B. Vance vu plus tard dans "A la Poursuite d'Octobre Rouge" (1990) de John McTiernan, "Cookie's Fortune" (1999) de Robert Altman ou "Joyeux Bordel !" (2016) de Josh Gordon et Will Speck, Steven Weber vu dans "JF partagerait Appartement" (1992) de Barbet Schroeder et "Leaving Las Vegas" (1995) de Mike Figgis, puis enfin pour les plus connus, Dylan McDermott vu dans "Dans la Ligne de Mire" (1993) de Wolfgang Petersen, "Un de Trop" (1999) de Damon Santostefano, "Le Monde de Charlie" (2012) de Stephen Chbosky" ou "La Méthode Williams" (2021) de Reinaldo Marcus Green, puis Don Cheadle qui deviendra acteur fétiche de Steven Soderbergh de "Hors d'Atteinte" (1998) à "No Sudden Move" (2021), puis un membre Marvel de "Iron Man 2" (2010) de Jon Favreau à "Avengers : Endgame" (2018) des frères Russo... On notera une affiche qui renvoie forcément au chef d'oeuvre de Michael Cimino. Pour l'anecdote, la colline du film a été également un lieu de tournage pour les films "Les Sentiers de la Gloire" (1957) de Stanley Kubrick et "Croix de Fer" (1977) de Sam Peckinpah. Mais sur le fond, l'histoire de la colline à conquérir coûte que coûte rappelle surtout le très bon "Cote 465" (1957) de Anthony Mann qui se déroule par contre durant la Seconde Guerre Mondiale durant la guerre du Pacifique.

Hamburger Hill (1987) de John Irvin

Le film est plus ou moins scindé en deux parties. La première montre les soldats dans une routine de caserne, où il sont dans l'attente d'un prochain assaut, où ils rient, baisent, écrivent, se souviennent, réfléchissent aussi à leur condition de noir, de latino, de chair à canon, de soldat tout simplement. On apprend ainsi à connaître un peu ces soldats qui vont bientôt mourir pour la plupart. Le style est quasi en docu-fiction, rien ne paraît hors du commun ou invraisemblable jusque dans les gags entre eux ou les attitudes. La seconde partie se focalise sur l'assaut, ou plutôt sur une succession d'assauts quasi sans discontinuité dans une mission qui semble inaccessible à atteindre. La violence est tout aussi frontale, l'horreur est omniprésente, les cartouches ont des conséquences réelles (pas de soldats qui courent malgré les blessures par balles par exemple), les blessures sont tout aussi impressionnantes. Le carnage est terrible à tel point que la victoire a un goût amer car avec autant de morts une victoire n'a que peu de valeur. Les acteurs, sans stars, permettent un détachement pour des soldats qui sont des individus interchangeables. Visuellement le film envoie du lourd, le style docu est très efficace mais avec autant de protagonistes, sans ligne directrice on a du mal à s'attacher à l'un ou l'autre. Les choix scénaristiques sont un peu dommageable, entre autre que les américains combattaient avec des vietnamiens de l'armée "régulière" qui sont occultés dans le film. Enfin, nous pouvons préciser que côté américain on compte 56 morts et 372 blessés sur 1800 engagés, ce qui n'est pas foncièrement impressionnant comparé à d'autres nombreuses batailles de l'Histoire. En tous cas ça reste un film de guerre pur, sans fioriture à conseiller pour tout amateur du genre.

Note :      

Hamburger Hill (1987) John IrvinHamburger Hill (1987) John IrvinHamburger Hill (1987) John Irvin

14/20