God's Country (2023) de Julian Higgins

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après un premier film avec "Poker Run" (2008) qui fut un échec, le producteur-réalisateur-scénariste Julian Higgins revient des années après avec un film d'auteur qui se veut audacieux sur le fond. Il adapte ainsi une nouvelle, "Winter Light" issue du recueil "Jesus out to Sea" (2007) de James Lee Burke, auteur majeur de la littérature américaine déjà porté sur grand écran avec les films "Vengeance Froide" (1996) de Phil Joanou et "Dans la Brume Electrique" (2008) de Bertrand Tavernier. Le scénario est signé de Shaye Ogbonna à qui on doit le scénario du film "Lowlife" (2017) de Ryan Prows, et également créateur de la série TV "Jumpmen" (2022)...

Sandra Guidry est enseignante à l'université du Montana et vie dans une ville rurale où elle vient de perdre sa mère qu'elle avait plus ou moins forcé à la suivre dans le nord alors qu'ils sont de la Nouvelle Orléans. Un jour, elle constate que des chasseurs se sont garés sur sa propriété. Après un premier contact, un second, elle s'aperçoit petit à petit que cet incident s'envenime malgré l'assistance du shérif. Le rapport de force apporte un danger dont elle n'a plus l'habitude... Cet enseignante est incarnée par Thandiwe Newton dont ce n'est que le troisième film depuis 2018 après la SF oubliable "Reminiscence" (2021) de Lisa Foy et le petit thriller "Le Couteau par la Lame" (2022) de Janus Metz Pedersen. Elle croise Jefferson White essentiellement vu à la télévision dont les séries TV "House of Cards" (2016) et "Yellowstone" (2018-...), Jeremy Bobb vu dans "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Michell ou "Les Baronnes" (2019) de Andrea Berloff, Tanaya Beatty révélée dans "Twilight 4 - Révélation" (2011) de Bill Condon, vue ensuite dans "Hochelaga, Terre des Âmes" (2017) de François Girard, "Hostiles" (2017) de Scott Cooper et "Les Crimes du Futur" (2022) de David Cronenberg, Kai Lennox vu dans "Hitchcock" (2012) de Sacha Gervasi, "Green Room" (2016) de Jeremy Saulnier ou "Equals" (2016) et "Zoe" (2021) tous deux de Drake Doremus, Joris Jarsky vu dans "Blindness" (2008) de Fernando Meirelles, surtout remarqué pour les Saw V, VI et VII" (2008-2010) et plus récemment vu dans "Une Affaire de Détails" (2021) de John Lee Hancock, puis citons Phaedra Nielson aperçue dans "Appelez-Moi Dave" (2008) et "Mille Mots" (2012) tous deux de Brian Robbins... Le film débute dans une ambiance pesante, par un événement qui mène à une atmosphère malaisante qui ne quittera plus le récit. Un climax austère dans des paysages enneigés magnifiques du nord des Etats-Unis dont le calme est évidemment trompeur. Mais le départ de l'intrigue ne tient pas franchement la route : c'est une petite ville, dans une ruralité de l'ouest américain où vit depuis un certain temps cette professeur et où on se doute que les chasseurs du coin sont là depuis des générations alors le pourquoi du comment qui amène au premier incident semble aussi peu crédible que peu plausible.

En effet comment croire que les chasseurs et cette prof ne se connaissent pas ?! Comment penser que ces chasseurs allaient ailleurs avant ?! Comment croire que c'est soudainement que ces chasseurs se sont dit "tient on va faire chier cette femme endeuillée" ?! Ca tient d'emblée pas la route mais vu ce départ on espère un twist ou un rebondissement salutaire et efficace. Le réalisateur instille un climax pourtant très réussi, avec même un semblant de suspens tant on sent un secret sous-jacent tandis que les chasseurs ont petit à petit tout de rednecks du Ku Klux Klan. On se dit que se dessine alors un thriller psychologique sur fond de relents ségrégationnistes nauséabonds. Mais c'est un peu laborieux, plusieurs détails sont là pour noyer un poisson qui ne viendra jamais vraiment nager en eaux troubles. Le seul véritable rebondissement est une révélation en carton si éculée qu'on espérait justement pas une telle facilité. On sait alors que le film est un trompe-l'oeil plus proche de l'arnaque que d'une véritable idée. Les sujets sont tout juste effleurés, rien n'est exploité jusqu'à cette fin aussi surprenante qu'inutile juste un peu d'esbroufe pour un semblant de grand final. L'actrice est parfaite, elle fait le job, mais les autres personnages ne sont pas assez étoffés, les thématiques ne sont que poudre aux yeux, et au final on ne retiendra qu'une seule scène celle de la rencontre dans les plantations. Dommage.

Note :      

09/20