Nouveau film très attendu de Christopher Nolan après son décevant "Tenet" (2020). Bien plus ambitieux, ce projet est en fait une adaptation du livre "American Prometheus : the Triumph and Tragedy of J. Robert Oppenheimer (2005) de Kai Bird et Martin J. Sherwin, récompensé du Prix Pulitzer. Ainsi si il s'agit d'un biopic sur l'un des plus grands scientifiques du 20ème siècle, à savoir J. Robert Oppenheimer (Tout savoir ICI !), il est aussi connu comme le "père de la bombe atomique" et c'est bien sur ce point que le Producteur-réalisateur-scénariste se penche. Le scientifique a été en effet durant la Seconde Guerre Mondiale le directeur en chef du Projet Manhattan (Tout savoir ICI !). Le cinéaste retrouve une grande partie de son équipe de "Tenet", en premier lieu son Directeur Photo Hoyte Van Hoytema fidèle depuis "Interstellar" (2014), la monteuse Jennifer Lame qui a travaillé depuis "Tenet" sur "Don't Worry Darling" (2022) de Olivia Wilde et "Blonde" (2022) de Andrew Dominik, puis le compositeur Ludwig Göransson qui a signé entre temps la B.O. de "Black Panther : Wakanda Forever" (2022) de Ryan Coogler. Avec ce film le réalisateur revient au Noir et Blanc après son premier film "Following" (1998), mais c'est aussi le premier film en Noir et Blanc tourné en IMAX. Le film est le plus long du cinéaste avec 3h09, par contre son budget est de 100 millions de dollars soit bien moins que la plupart de ses films. Le film a été classé R (interdit au moins de 17 ans non accompagnés) pour des raisons de sexualité et de nudité... 1939, le projet Manhattan débute modestement. En peu en retrait, Oppenheimer participe en échangeant avec plusieurs scientifiques. Mais après l'attaque de Pearl Harbor en 1941, les Etats-Unis entrent en guerre ce qui change toute la politique étrangère et géo-stratégique. Le projet Manhattan devient prioritaire et Oppenheimer convainc les autorité de le nomme Directeur scientifique pour coordonner les recherches...
Le rôle titre est incarné par l'excellent Cillian Murphy qui retrouve pour la 6ème fois son réalisateur après la trilogie "The Dark Knight" (2005-2012), "Inception" (2010) et "Dunkerque" (2017), il retrouve aussi après "Sans un Bruit 2" (2020) de John Krasinski sa partenaire qui joue son épouse, Emily Blunt vue dernièrement dans "Jungle Cruise" (2021) de Jaume Collet-Serra. Le général Groves en charge de ce projet est interprété pat Matt Damon vu récemment en caméo dans "Thor : Love and Thunder" (2022) de Taika Waititi et dans "Air" (2023) de et avec Ben Affleck. La psychiatre et militante Jean Tatlock et maîtresse du scientifique est incarnée par Florence Pugh vue récemment dans "Don't Worry Darling" (2022) de Olivia Wilde. Le président Harry Truman est incarné par Gary Oldman qui retrouve donc ses partenaires de la trilogie "The Dark Knight", et vu récemment dans "Mank" (2020) de David Fincher ou "La Femme à Abattre" (2021) de Joe Wright. Parmi les scientifiques citons Benny Safdie vue dans "Pieces of a Woman" (2020) de Kornel Mundruczo et "Licorice Pizza" (2021) de Paul Thomas Anderson, Josh Harnett vu notamment dans "Un Homme en Colère" (2021) de Guy Ritchie, Jack Quaid vu dans "Scream" (2022) de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin, Gustaf Skarsgard particulièrement remarqué dans la série TV "Vikings" (2013-2021) et qui retrouve Matt Damon après "Air" (2023), Christopher Denham vu dernièrement dans "Being the Ricardos" (2021) de Aaron Sorkin, et n'oublions pas un certain Albert Einstein alias Tom Conti vu en début de carrière dans "Duellistes" (1977) de Ridley Scott et "Furyo" (1983) de Nagisa Oshima et qui retrouve Nolan après "The Dark Knight Rises" (2012) à l'instar de Matthew Modine, tandis que Kenneth Branagh était dans "Dunkerque" (2017) et "Tenet" (2020), David Dastmalchian était lui dans "The Dark Knight" (2008). Citons encore Robert Downey Jr. qu'on n'avait pas vu depuis "Le Voyage du Docteur Dolittle" (2021) de Stephen Gaghan, Rami Malek vu dans "Amsterdam" (2022) de David O. Russell, Dane DeHaan vu dernièrement dans "The Kid" (2019) de Vincent d'Onofrio, Alden Ehrenreich vu tout récemment dans "Cocaine Bear" (2023) de Elizabeth Banks, Jason Clarke vu dans "Le Diable, Tout le Temps" (2020) de Antonio Campos et "Silk Road" (2021) de Tiller Russell, Alex Wolff vu dans "Pig" (2020) de Michael Sarnoski et "Old" (2021) de M. Night Shyamalan, James d'Arcy qui était dans "Dunkerque" (2017), Emma Dumont vue dans "Inherent Vice" (2014) et "Licorice Pizza" (2021) tous deux de Paul Thomas Anderson, James Remar aperçu dans "Once Upon a Time in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino, puis Casey Affleck vu dans "The World to Come" (2020) de Mona Fastvold... Le film débute en mêlant aussitôt la forme et le fond, instaurant d'emblée une narration non linéaire chronologiquement parlant et en jouant avec l'onirisme autour des étoiles et de l'explosion atomique. On pense alors un peu à un mix entre Stanley Kubrick et Terrence Malick. Avec ce début très stylisé le réalisateur impose une vision globale et presque mystique qui annonce toute l'ambition autour de son projet qui est bien plus qu'un biopic.
L'histoire débute vers la fin des années 20, montrant le génie naissant du scientifique, puis ses voyages pour se perfectionner et apprendre auprès des plus grands durant les années 30. Mais en parallèle on a des séquences sur la commission anti-communiste (en savoir plus sur le Maccarthysme ICI), et la commission qui doit nommer Lewis Strauss comme ministre. Ce choix narratif permet un puzzle géo-politique savoureux en filigrane derrière le projet phare de la bombe nucléaire. D'un point de vue purement scientifique Christopher Nolan parvient à une reconstitution historico-scientifique parfaite, crédible et compréhensible même pour les néophytes avec des réunions sous couverts d'improvisation grâce à de vrais scientifiques engagés comme figurants. On peut saluer aussi la reconstruction du site de Les Alamos sans réelles archives, secret défense d'époque oblige. Mais ce qui reste la grande réussite du film est cette intelligence dans le traitement du ou plutôt des sujets. D'un côté le destin de Oppenheimer évidemment, mais aussi le projet Manhattan et son importance géo-stratégique dont les conséquences sont encore d'actualité aujourd'hui, puis enfin une certaine iconographie de l'Amérique des années 40-50. Aucune de ses facettes ne parasite ou ne vampirise l'autre, bien au contraire, chacune s'imbrique logiquement et judicieusement dans le récit, dans cette histoire qui n'est pas de l'American Way of Life. Le mise en scène du réalisateur ajoute à toute cette ambition qui transparaît à l'image, une mise en scène fluide, parfois majestueuse jusque dans l'intimité, toujours ample alternant entre plan large et gros plans sur les visages contraints par le poids constant sur les épaules. Une mise en scène qui va à merveille avec cette histoire dense et absolument passionnante de bout en bout. Notons enfin aucun manichéïsme ou sorte d'hommage unilatéral dans ce film, Oppenheimer avait ses défauts et on notera que le génie n'est pas total, car si Oppenheimer est un scientifique génial il reste un piètre politique. Si on savait que Cillian Murphy était un acteur magnifique il trouve le summum de sa carrière, et au sein de ce casting énorme gros point pour Robert Downey Jr. en prime. En conclusion, Christopher Nolan signe là un monument du genre, une sorte de "thriller moral" plein d'acuité et très fidèle aux faits historiques. Un grand film à voir absolument et à conseiller. Assurément sur le podium de l'année.
Note :
18/20