Les Ombres Persanes (2023) de Mani Haghighi

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouveau film du réalisateur iranien Mani Haghighi, auquel on doit déjà plusieurs bons films dont "Abadan" (2003), "Canaan" (2007), "Valley of Stars" (2016) ou "Pig" (2018), rappelons qu'il a auparavant collaboré avec et pour Asghar Farhadi comme scénariste pour "La Fête de Dieu" (2006) et acteur dans "A Propos d'Elly" (2009). Le réalisateur-scénariste précise : "La plus grande difficulté était de préserver l'équilibre entre tous ces éléments. Je ne voulais pas faire un film expérimental comme mes précédents. Je souhaitais, au contraire, faire à la fois un film fantastique, social, et un thriller psychologique. Sans sacrifier pour autant le côté philosophique et abstrait du propos." Mais l'origine du projet il y a son co-scénariste, Amir Reza Koohestani, metteur en scène de théâtre, qui travaillait sur une pièce horrifique intitulée "Le Nombre" sur un père qui décide de cloner son enfant défunt avant de découvrir qu'il a déjà été cloné de nombreuses fois. Finalement cette pièce a servi de base au scénario avant d'évoluer encore avec la collaboration entre les deux hommes... Téhéran, un jour Farzaneh aperçoit son mari Jalal entrer dans la maison d'une inconnue. Lorsqu'elle le confronte à cet événement, Jalal nie et ne comprend pas. Par acquis de conscience il décide d'aller vérifier sur les lieux et découvre une femme qui est le portrait craché de son épouse. Jalal discute avec cette femme et découvre que son mari est aussi son portrait craché, les deux couples semblent sosies. Passé le trouble et l'incompréhension va suivre une histoire d'amour et de manipulation... 

Les deux couples sont incarnés par deux acteurs, les deux femmes sont joués par la star Taraneh Alidoosti, actrice fétiche de Asghar Farhadi comme sur "Le Client" (2016), et notamment sur les films sus-cités plus haut écrit par Mani Haghighi qu'elle a retrouvé aussi sur ses précédents films "Canaan" (2008) et "Modest Reception" (2012), puis elle retrouve en double époux après "Leïla et ses Frères" (2022) de Saeed Roustaee son partenaire Navid Mohammadzadeh vu surtout chez ce même réalisateur dans "Life and a Day" (2016) et "La Loi de Téhéran" (2021). Ils sont entourés de Farham Azizi pour son premier rôle, Vahid Aghapoor vu entre autre "The Bright Day" (2013) de Hossein Shahabi, "Ava" (2017) de Sadaf Foroughi, "Golden Time" (2017) de Pourya Kakavand, Soheyla Razavi vu notamment dans "Hotel Carton" (1997) de Sirus Alvand, "Marmoulak" (2004) de Kamal Tabrizi ou "Israfil" (2017) de Ida Panahandeh et qui retrouve son réalisateur après "Pig" (2018), à l'instar de Saeed Changizian après "Modest Reception" (2012) vu ensuite dans "Gorg Bazi" (2018) de Abbas Nezamdoost ou "Jamshidieh" (2019) de Yalda Jebeli, Gilda Vishki vu avant dans "We are All Together" (2019) de Kamal Tabrizi, puis enfin Esmail Poor-Reza qui retrouve ses partenaires après "Leïla et ses Frères" (2022) de Saeed Roustaee, comme Ali Bagheri qui retrouve également son réalisateur après "Valley of Stars" (2016) et "Pig" (2018), et qui retrouve Navid Mohammadzadeh après "La Loi de Téhéran" (2021) de Saeed Roustaee... Le film débute avec un soupçon d'adultère très compréhensif avant que les uns et les autres comprennent la singularité de leur similitudes. Mais il y a trop d'incohérences et si peu de logique dans les actions/réactions des personnages qu'on a bien du mal à les comprendre.

En effet, être jumeaux reste une possibilité évidente mais étonnamment ça n'est semble-t-il pas une réflexion naturelle pour tout le monde, de plus être sosie reste sans doute rare mais loin d'être extraordinaire on s'agace donc des tergiversations outrées des protagonistes. Le choc de la surprise ok, mais les secrets ou comment le dire ou l'expliquer sont surjoués et restent peu compréhensibles. La maladie mentale explique un peu la chose et encore, le plus intéressant reste l'émoi et le trouble émotionnel homme-femme qui reste pourtant peu exploité pour dramatiser le côté polar avec les troubles mentaux et l'intrigue des violences du second mari. Ainsi la première heure est longue,ennuyeuse, et trop peu plausible. Reste donc le dernier acte qui favorise le côté thriller psychologique qui est bien amené même si on aurait préféré un rapport plus humain et émotionnel sans abuser sur la dimension "surnaturelle". Un film bancal et maladroit donc malgré un potentiel fort et passionnant.

Note :                 

11/20