Après deux courts et un premier long métrage avec "Cam" (2018), le réalisateur Daniel Goldhaber revient avec un projet plus ambitieux ancré dans l'actualité en adaptant le livre "Comment saboter un pipeline" (2020) de Andreas Malm, un chercheur suédois qui prône une radicalisation pour la lutte contre le réchauffement climatique. Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Jordan Sjol, qui est aussi un économiste universitaire, qu'il retrouve après son premier film, puis avec Ariela Barer qui vient de signer son premier court métrage "Jelly", et qui s'octroie le rôle principal du film. Vu le sujet, le cinéaste a mis près de deux ans à se faire, difficulté du financement, des acteurs peu connus sans tête d'affiche bankable, et finalement produit hors des circuits habituels... A Long Beach en Californie, face à l'urgence écologique Xochitl et Theo créent un groupe écoterroriste avec un but bien précis : faire exploser un oléoduc qui achemine du pétrole à travers les Etats-Unis. Certains du bien fondé de leur mission les deux amies vont réunir un groupe uni et déterminé à réussir cette mission...
Xochitl est donc incarnée par la scénariste du film, Ariela Barer qui tourne depuis son enfance écumant les séries TV diverses jusqu'à obtenir son rôle principal dans la série "Runaways" (2017-2019), quant à Theo elle est jouée par Sasha Lane révélation de "American Honey" (2016) de Andrea Arnold, vu récemment dans le reboot "Hellboy" (2019) de Neil Marshall et qui retrouve après "Come as You Are" (2018) de Desiree Akhavan son partenaire Forrest Goodluck aperçu dans "The Revenant" (2015) de Alejandro Gonzales Inarritu ou "Cherry" (2021) des frères Russo. Citons encore Kristine Froseth vue dans "Le Bon Apôtre" (2018) de Gareth Evans ou "Prey" (2019) de Franck Khalfoun, Lukas Gage apparu dans de nombreuses séries TV, plus rarement au cinéma outre "Manuel de Survie à l'Apocalypse Zombie" (2015) de Christopher Landon et "Assassination Nation" (2018) de Sam Levinson, Jayme Lawson vue dans "The Batman" (2022) de Matt Reeves, "The Woman King" (2022) de Gina Prince-Bythewood et "Emmett Till" (2023) de Chinonye Chukwu, Marcu Scribner essentiellement aperçu dans des séries TV dont "Black-Ish" (2014-2021) et "She-Ra et les Princesses au Pouvoir" (2018-2020), Jake Weary vu dans "It Follows" (2014) de David Robert Mitchell, "Message from the King" (2016) de Fabrice Du Welz et "Ca : Chapitre 2" (2019° de Andrès Muschietti, et enfin Irene Bedard surtout connue pour prêter sa voix à une certaine "Pocahontas" (1995) de Mike Gabriel et Eric Goldberg ainsi que dans sa suite, tandis qu'elle est sa mère dans "Le Nouveau Monde" (2005) de Terrence Malick, réalisateur qu'elle retrouvera pour "The Tree of Life" (2011)... Le film entre dans le vif du sujet dès les premières minutes imposant d'emblée une tension qui nous quitte pas du début à la fin même dans les flash-backs. Ces derniers entrecoupent l'intrigue principale de façon judicieuse, nous montrant le cheminement de chacun des membres de ce commando "éco-terroriste".
Au départ on a bien du mal à s'attacher à eux, d'abord parce qu'ils ne se connaissent pas entre eux et donc on ne ressent aucune osmose amicale de groupe, ensuite il faut bien avouer aussi que la plupart donne des leçons mais s'apitoie sur leur sort qui reste celui de la majorité des gens à un moment de leur vie (maladie, deuil...). Sans compter le couple de junkie ou l'amérindien qui voudrait apprendre les choses de la vie à sa mère. Bref des caricatures de révolutionnaires qui s'attaquent aux riches façon Robin des Bois écolo 2.0 tout en sachant que ceux qui en pâtiront seront bel et bien leurs semblables, les moins riches. Bref ces donneurs de leçon se lancent dans une vendetta violente, stupide et contre-productive ce qui agace un tantinet. Pourtant, petit à petit on s'attache à quelques-uns (maladie évitable, injustice... ça crée l'empathie forcément), et finalement leur rêve utopiste s'avère pourtant un peu celui de tout le monde, celui de bousculer l'ordre établie, de bouger les choses, de tenter au moins d'autres solutions dans une fougue d'une jeunesse désabusée. Mais surtout, d'un point de vue purement technique, le scénario est malin, évoluant doucement sur fond mais de façon aussi méthodique que le plan attentat en lui-même. La mise en scène est en adéquation, jouant la carte du thriller façon braquage de banque que le contexte texan facilité haut la main (tous un flingue, de simples techniciens armés à l'agressivité des flics). Un film à la morale facile et démago qui ravira les anars et cie, c'est même assez jouissif si on veut la marge, c'est donc une morale tendancieuse (appel à la violence) mais le film est solide, prenant et pousse néanmoins à la réflexion ce qui n'est jamais inintéressant. Un bon film ciné.
Note :
14/20