Nouveau film de Mr Oizo, ou plutôt Quentin Dupieux un de nos cinéastes français les plus originaux avec des films comme "Rubber" (2010) ou "Wrong Cops" (2013) et qui tourne de façon presque compulsif depuis quelques temps avec pas moins de six films ces cinq dernières années de "Au Poste !" (2018) jusqu'au précédent et récent "Fumer fait Tousser" (2022). Alors qu'il prépare déjà un film titré "Daaaaali !" le cinéaste a voulu faire autre chose, de façon assez soudaine après un déclic avec l'acteur Raphaël Quenard, puis en voulant essayer autre chose et en voulant surprendre son public comme il l'explique : "J'ai tellement fait de films qui reposent sur des principes absurdes avec des pirouettes et des jeux temporels que ça devenait soudain surprenant d'en réaliser un dans lequel il n'y avait pas tout ça. J'avais envie d'être un peu à poil, sans effets, pour explorer cet enjeu du temps réel, qui est une zone hyper dangereuse au cinéma. Il y a à peine deux ou trois ellipses dans le film, c'est rarissime. Il n'y a pas d'artifices, et le rythme des dialogues a lui aussi un aspect réaliste. (...) Je voulais faire autrement, en dehors des rails classiques de production. Je fais un film par an, avec une préparation sur plusieurs mois et une forme de confort. Là, j'avais envie de revenir à mes premières amours, c'est-à-dire au film impossible. J'ai toujours au fond de moi ce truc qui brûle, ce goût du film qui ne devrait pas exister. Yannick est comme une sortie de route dans ma filmographie, c'est un objet à part." Jusque dans sa promo on a envie de dire puisque le film est accessible gratuitement lors de sa première semaine d'exploitation à toutes les personnes se nommant Yannick... Yannick regarde une représentation au théâtre de "Le Cocu", une très mauvaise pièce de boulevard. Soudain, il se lève et interrompt le spectacle et décide de reprendre la soirée en main...
Le rôle titre est incarné par Raphaël Quenard qui est devenu entre temps un espoir remarqué et reconnu avec récemment "Je verrai Toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry et "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maïwenn, il retrouve son réalisateur après "Mandibules" (2020) et "Fumer fait Tousser" (2022), à l'instar pour ce dernier film de ses partenaires Sava Lolov vu auparavant dans "Lady Chatterley" (2006) de Pascale Ferran ou "Toni Erdmann" (2016) de Maren Ade, puis Blanche Gardin vue entre autre dans le méconnu et pas assez reconnu "Oranges Sanguines" (2021) de Jean-Christophe Meurisse puis "Tout le Monde aime Jeanne" (2022) de Céline Devaux, elle retrouve aussi de son côté après le film collectif "Selfie" (2019) l'acteur Sébastien Chassagne vu récemment dans "Les Petites Victoires" (2023) de Mélanie Auffret, puis "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius après lequel il retrouve Agnès Hurstel vu notamment dans "On sourit pour la Photo" (2022) de François Uzan ou "Un Homme Heureux" (2023) de Tristan Séguéla. Quentin Dupieux fait encore rappel à Jean-Paul Solal après "Mandibules" (2020), puis à Mustapha Abourachid après "Incroyable mais Vrai" (2022), ce dernier a été vu auparavant chez Thomas Lilti avec "Hippocrate" (2014) et "Première Année" (2017), citons Félix Bossuet révélé par la trilogie "Belle et Sébastien" (2014-2017) et vu tout récemment dans "Une Zone à Défendre" (2023) de Romain Cogitore, et enfin citons Pio Marmaï vu dernièrement dans "Pétaouchnok" (2022) de Edouard Deluc, "Tempête" (2023) de Christian Duguay et surtout "Les Trois Mousquetaires : D'Artagan" (2023) de Martin Bourboulon... Au départ, on s'aperçoit surtout que les bandes-annonces sont en fait tirées entièrement du début du film, en résumé on a déjà vu les 10 bonnes premières minutes avant que le récit évolue. A l'instar du film dans le film on remarque que cette fois c'est le théâtre au théâtre, le public de la pièce surjoue et suréagit comme si il était lui-même en représentation ce qui casse un peu la dimension "réaliste" dont parlait Quentin Dupieux. Mais on se laisse séduire petit à petit, d'abord parce qu'on s'attache petit à petit à cet homme néophyte en matière de théâtre voir assez inculte en matière d'art qui ne voulait que passer un bon moment de divertissement plutôt que cette pièce insipide (selon lui !).
Ensuite parce qu'il reste d'une certaine façon pur face à un trio d'acteurs assez abjects sur le fond, le public dans la salle va s'avérer finalement plus proche des desideratas de Yannick dont la simplicité emporte l'adhésion. Les dialogues sont savoureux créant des décalages savoureux entre les limites de Yannick avec le contexte artistique dans lequel il se trouve. Les gags fonctionnent bien car les différences "culturelles" ou "intellectuelles" de Yannick creusent un fossé presque moqueur, un point sur lequel le réalisateur-scénariste joue d'ailleurs les funambules. Mais son innocence compense cet aspect jusqu'à cette fin d'une simplicité absolue où tout le monde comprend la morale de la pièce ou plutôt le message de Yannick avec les yeux expressif de Quentin Quenard en prime. L'acteur porte le film, tandis que le trio joue à la perfection leur partition même si on remarque trop de traitement différent entre eux, un Pio Marmaï qui monopolise un face à face avec Yannick/Quenard, une Blanche Gardin essentiellement présente dans la première partie et un Sébastien Chassagne sous exploité voir même un peu effacé. Le cinéaste explique que son film est quasi en temps réel avec seulement 2-3 ellipses ce qui serait rarissime, là on sourit car ce n'est nullement rarissime et que le "quasi" à le dos large surtout quand la durée se prête à un "quasi" moyen métrage. En conclusion une comédie sans doute plus classique pour Dupieux, mais très légèrement (pour lui faire plaisir) mais ça reste du Dupieux tout craché toujours d'une fine intelligence derrière un semblant de gros sabots, parfois irritant mais souvent savoureux. Un bon moment que même mon ado a apprécié encore plus que moi ; je vais devoir lui montrer les autres films du réalisateur...
Note :
14/20Pour info bonus, Note de mon fils de 14 ans :
15/20