Premier long métrage de la réalisatrice espagnole Elena Lopez Riera après quelques courts métrages comme "Pueblo" (2015), "The Entrails" (2016) et "Los que Dese..." (2018). Pour ce projet, la cinéaste s'est inspirée de légendes liées à l'eau et/ou à la rivière, puis sur la question des lignées familiales, et sur le sentiment d'ennui et/ou d'enfermement quand on est jeune en province. La réalisatrice-scénariste précise : "Le film se passe dans la ville où j'ai grandi. Le plus difficile a été d'articuler des choses très éloignées. J'aime bien mêler plusieurs dimensions qui, à priori, ne sont pas faites pour aller ensemble. La légende existe et elle a été quelque peu modifiée." Elena Lopez Riera co-signe son scénario avec le français Philippe Azoury qui fût son cameraman sur "The Entrails"...
C'est l'été dan sun petit village du sud-est espagnol. Il est prévu qu'un orage fasse bientôt déborder la rivière qui traverse le village ; une ancienne croyance populaire assure qu'à chaque nouvelle inondation certaines femmes sont destinées à disparaître car elles ont "l'eau en elle". En attendant, une bande de jeunes passe le temps entre oisiveté et farniente, fumant, dansant, aimant aussi... La réalisatrice a composé son casting avec des une grande majorité de débutants ou amateurs originaires du village et des environs, et notamment le rôle principal Ana incarnée par Luna Pamiès trouvée lors d'un casting sauvage qui aura durée 18 mois comme ses partenaires Zacarias Arzine, Nayara de Lucas, Alberto Olmo, Irene Pellicer, Antonio Salar... Mais il y a aussi le co-scénariste Philippe Azoury qui s'octroie un rôle secondaire, et deux actrices connues avec Nieve de Medina vue dans "Les Lundis au Soleil" (2003) de Fernando Leon de Aranoa, "Avant l'Oubli" (2005) de Augustin Burger, "La Madre" (2017) de Alberto Morais et surtout Barbara Lennie vue dans "La Piel que Habito" (2011) de Pedro Almodovar, "La Nina de Fuego" (2015) de Carlos Vermut, "Oro la Cité Perdue" (2018) de Agustin Diaz Yanes, "Everybody Knows" (2018) de Asghar Farhadi, "El Reino" (2019) de Rodrigo Sorogoyen et dernièrement "Les Lignes Courbes de Dieu" (2022) de Oriol Paulo... Le film débute comme un teen movie dans un pays du tiers monde, où des adolescents vivotent, fument boivent, flirtent durant l'été. Mais au final, on comprend qu'on est en Espagne, dans la région des villes de Torrevieja ou Orihuela, et surtout qu'on est à l'épicentre des célèbres crues dévastatrices du fleuve Segura (Tout savoir ICI !). Le récit se base sur des légendes autour de ces fameuses crues dans une région reculée voire sinistrée de l'Espagne. La réalisatrice-scénariste lie le quotidien de jeunes un peu paumés et esseulés avec une légende qui connaît un regain d'intérêt quand on annonce une nouvelle crue à venir.
Le personnage principale est une ado (17-18 ans ?!) Ana qui fument comme un pompier et boit mais tout va bien maman est ok, qui connaît une histoire d'amour alors qu'elle semble de plus en plus sensible à cette légende des filles qui sont pénétrées par l'eau. Cette immersion dans ce petit coin oublié d'Espagne est aussi un oeil sur la province, les us et coutumes, mais aussi les commérages, rumeurs et réputations qui font vite le tour du coin alors que les jeunes aspirent à d'autres rêvent, se les imaginant sans vraiment se donner les moyens. Cette histoire est entrecoupée et parsemée d'interlude en face caméra subjective avec des femmes de la région, témoins qui apportent du crédit à la légende. Ces parties apportent une crédibilité très docu-fiction à ces croyances qui se façonnent depuis des siècles au gré des crues qui reviennent environ une fois par génération. Par contre si le film parle des crues, on s'étonne que rien ne vient étoffer ou expliquer la présence de carcasses d'animaux morts dans cette rivière. Pollution ?! On n'en saura rien. Si la région semble presque tiers-mondiste la cinéaste ne semble pas vouloir y ajouter de la beauté ne serait-ce que par les paysages, clairement ce film n'appelle pas à visiter cette région. Quelques passages ne manquent pourtant pas de beauté, comme la course des pigeons, qui est d'ailleurs inspirée par le court métrage "Los Que Desean" (2018) de Elena Lopez Riera. Le film est lancinant, à l'image de ces vacances d'été où les jeunes n'ont pas grand chose à faire, peu aider par des adultes tout aussi apathiques. Seul nous maintient en éveil cette crue qui doit arriver, cette légende qui doit forcément se confirmer avec l'eau qui va entrer en elle (laquelle ?!). C'est assez envoûtant pourtant, la cinéaste arrive à instaurer ce petit suspense sur la vraisemblance ou non de cette légende, est-ce que Ana va être cette nouvelle fille de l'eau ?! Un film intéressant, qui ne manque pas d'idées autant sur le fond que sur la forme mais qui reste un peu vain, le côté onirique et/ou fantastique restant sans doute un peu trop sous-exploité. A conseiller.
Note :
13/20