Encore endeuillé par la mort William Friedkin voici que le Septième Art perd l'une des dernières stars italiennes des années 50-60, Antonella Lualdi est morte ce 10 août 2023 à l'âge de 92 ans.
Née en 1931 au Liban, Antonietta De Pascale est la fille d'un ingénieur civil italien et d'une mère libanaise d'origine grecque. Son père étant chargé de la construction d'un pont, elle grandit au Liban parlant par alternance l'arabe, le français ou l'italien. Elle revient en Italie et se prend au jeu du théâtre à l'adolescence qui dure pendant cinq années.
Elle obtient un rôle de figuration non créditée dans "Echec à Borgia" (1949) de henry King, ce qui lui permet aussi d'obtenir un petit "vrai" rôle dans le film musical "Signorinella" (1949 - ci-dessous) de Mario Mattoli.
Elle tourne avec le monstre sacré français Jean Gabin dans "Pour l'Amour du Ciel" (1950) de Luigi Zampa, tourne dans "Son Dernier Verdict" (1951) de Mario Bonnard avec un autre géant Charles Vanel, puis se retrouve aux côtés des "Adorables Créatures" (1952 - ci-dessous) de Christian-Jaque avec Danielle Darrieux, Martine Carol et Edwige Feuillère.
Elle enchaîne les tournages et abordes les genres du moment, drame, mélodrame, comédie parfois et des films historiques. Citons "Le Manteau" (1952 - ci-dessous) de Alberto Lattuada, "Les Enfants ne sont pas à Vendre" (1952) de Mario Bonnard, "Prisonnière des Ténèbres" (1952) de Giacomo Gentilomo, "Pardonne-Moi" (1953) de Mario Costa ou "La Fille du Régiment" (1953) de Géza Von Bolvary.
Devenue une star, elle a un statut qui n'a rien à envier à d'autres stars italiennes comme Lucia Bosé ou Gina Lollobrigida. Elle tourne jusqu'à 6-7 films par an dont certains avec son mari, l'acteur Francesco Interlenghi dans "Pitié pour celle qui Tombe" (1954) de Mario Costa, "Les Amoureux" (1955 - ci-dessous) de Mauro Bolognini, "Nos plus Belles Années" (1956) de Mario Mattoli, "Père et Fils" (1957) de Mario Monicelli ou "Les Garçons" (1959) de Mauro Bolognini.
Elle alterne entre Italie et France, et outre son époux elle tourne aussi beaucoup avec d'autres partenaires. Citons encore "La Chronique des Pauvres Amants" (1954) de Carlo Lizzani avec Marcello Mastroianni, "Le Rouge et le Noir" (1954) de Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe et Danielle Darrieux, "Méfiez-Vous Fillettes" (1957) de Yves Allégret avec Robert Hossein, "J'irai Cracher sur vos Tombes" (1959) de Michel Gast et Christian Marquand, ou encore "A Double Tour" (1959 - ci-dessous) de Claude Chabrol avec Madeleine Robinson et Jean-Paul Belmondo.
Elle accepte un second rôle dans "Les Dauphins" (1960) de Francesco Maselli porté par Claudia Cardinale et Gérard Blain, acteur qu'elle retrouve en tête d'affiche cette fois dans "La Rue des Amours Faciles" (1960) de Mario Camerini avant de tourner dans la superproduction internationale "Les Mongols" (1961 - ci-dessous) de André De Toth et Leopoldo Savona avec Jack Palance et Anika Ekberg.
Elle accepte un autre second rôle dans "Le Désordre" (1962) de Franco Brusati avec Louis Jourdan, Curd Jürgens et Alida Valli, et enchaîne avec le peplum "Les Titans" (1962) de Duccio Tessari avec Giuliano Gemma, "Le Jour le plus Court" (1963) de Bruno Corbucci parodie du mythique "Le Jour le plus Long" (1962), tourne dans un des premiers Giallo de l'âge d'or du genre, "Les Possédées du Démon" (1964) de Jean Josipovici et Ambrogio Molteni avant de revenir en France pour "Le Repas des Fauves" (1964 - ci-dessous) de Christian-Jaque.
Toujours aussi prolifique, l'actrice tourne beaucoup, citons encore pour les années 60 "Parlons Femmes" (1964) de Ettore Scola avec Vittorio Gassman et Sylva Koscina, le film historique "Les Cent Cavaliers" (1964 - ci-dessous) de Vittorio Cottafavi et le dyptique sur un biopic romancé avec Gérard Barray dans "Surcouf, le Tigre des Sept Mers" (1966) et "Tonnerre sur l'Océan Indien" (1966) tous deux de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland.
Etonamment pourtant sa carrière ralenti brusquement à la fin des années 60. Elle tourne pour la première fois pour la télévision avec le téléfilm "D'Artagan" (1969) de Claude Barma pour ne revenir au cinéma qu'après plusieurs années pour le film français "Vincent, François, Paul... et les Autres" (1974 - ci-dessous) de Claude Sautet avec Yves Montand, Serge Reggiani, Michel Piccoli et Gérard Depardieu.
Mais ce dernier film semble comme un accident puisque l'actrice disparaît du grand écran sans qu'on sache vraiment pourquoi. Elle apparaît encore dans des séries TV ou des téléfilms puis elle revient discrètement au cinéma avec "Une Epine dans le Coeur" (1985) de Alberto Lattuada, "Diritto di Vivere" (1989) de Edmund Purdom et "Tous les Hommes de Sara" (1992) de Gianpolo Tescari.
Plus étonnant encore, elle revient en France pour jouer l'épouse du juge dans la série TV "Les Cordier, Juge et Flic" (1992-2005), retrouvant ainsi son partenaire Pierre Mondy avec qui elle avait tourné dans "Méfiez-Vous Fillettes" (1957) et "L'Enfant du Cirque" (1963) de Sergio Grieco. Le succès de la série lui offre un petit regain d'intérêt et notamment avec la suite, la série TV "Commissaire Cordier" (2005-2008).
Entre temps elle tourne très peu, un long métrage de cinéma avec "Nefertiti, la Fille du Soleil" (1994) de Guy Gilles, quelques téléfilms dont "On n'a qu'une Vie" (2000) de Jacques Deray, jusqu'à son ultime rôle pour le grand écran où elle revient en Italie avec "La Bella Societa" (2010) de Gian Paolo Cugno.
L'actrice a épousé l'acteur Franco Interlenghi alors qu'elle était en visite sur le tournage de "Les Vitelloni" (1953) de Federico Fellini. Elle l'épouse en 1955 et outre plusieurs films ensemble ils auront deux filles, Antonella Interlenghi née en 1960 qui sera actrice, puis Stella née en 1967.
Antonella Lualdi, sublime actrice, star adulée dans les années 50, sera pourtant un peu oubliée ensuite sans doute la faute à des choix de carrière à partir de la fin des années 60, mais aussi au manque de rôles vraiment marquants et au manque de grands films dans une filmographie pourtant très prolifique.
Antonella Lualdi est morte ce jeudi 10 août 2023 à l'âge de 92 ans dans un hôpital proche de Rome.