La Terre des Oubliés (2019) de William McGregor

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage du réalisateur britannique William McGregor qui travaille essentiellement pour la télévision mais qui a aussi signé plusieurs courts métrages dont "Happy Puppy" (2007), "Bovine" (2010), "Eradicate" (2012) ou "The Beekeeper" (2020). Le réalisateur-scénariste signe un projet qui serait dans la lignée de films "The Wind" (2016) de Emma Tammi et "The Wonder" (2022) de Sebastian Lelio... Dans une région reculée du Pays de Galles, en pleine révolution industrielle, une femme survit avec ses deux filles isolées dans les montagnes. Elles vivent dans la pauvreté alors que le père est parti à la guerre, et qu'une société sans scrupule fait tout pour qu'elles vendent leur propriété qui se trouvent au milieu des carrières. La situation empire quand leur troupeau de moutons sont tués, accentuant la déprime de la mère...

La mère est interprétée par Maxine Peake surtout remarquée à la télévision notamment dans la série TV "Shameless" (2004-2007), et aperçue sur grand écran dans "Une Merveilleuse Histoire du Temps" (2014) de James Marsh ou "Peterloo" (2018) de Mike Leigh. La cadette est jouée par la jeune Jodie Innes dans son premier rôle, et surtout l'ado Gwen qui est incarnée par Eleanor Worthington-Cox remarquée en jeune "Maléfique" (2014) de Robert Stromberg, puis vue ensuite dans "Action Point" (2018) de Tim Kirkby et surtout à la télévision dont la série TV "Britannia" (2017-2021). les autres rôles principaux sont tenus par Hobna Holbrook-Smith aperçu dans "Doctor Strange" (2016) de Scott Derrickson, "Justice League" (2017) de Zack Snyder ou "The Passenger" (2018) de Jaume Collet-Serra, Richard Harrington aperçu dans "The Proposition" (2005) de John Hillcoat ou "The Contractor" (2007) de Josef Rusnak, puis Mark Lewis Jones vu entre autre dans "Master and Commander" (2003) de Peter Weir, "Enfant 44" (2015) de Daniel Espinosa, "Le Bon Apôtre" (2018) de Gareth Evans ou "L'Etau de Munich" (2021) de Christian Schowchow... D'emblée le cinéaste impose un contexte visuel fort et immersif qui participe à l'atmosphère ambiant délétère et miséreux. Les paysages sont aussi secs que le charbon semble omniprésent. L'environnement est sombre, le soleil semble ne pas exister, la mère et ses filles survivent on ne sait pas trop comment tandis qu'on comprend vite que la région est sous la coupe d'une société minière qui veut s'approprier les terres à la façon d'un rancher qui obtient la main mise sur la ville dans les westerns de l'Âge d'Or hollywoodien.

Mais la comparaison s'arrête là. Le style est âpre, austère et lancinant en cela en toute cohérence avec le quotidien de cette famille dont la seule sortie est d'aller à la messe qui est aussi l'occasion pour les charognards de mettre encore plus la pression sur la mère pour qu'elle vende sa maison. Gwen aide sa maman comme elle peut, une mère qui paraît pourtant intolérante et dure souffrant aussi de maux particulièrement difficiles d'assumer dans ces régions reculées du milieu du 19ème. Quelques instants de tendresse nous montre pourtant qu'il y a bel et bien de l'amour entre elles. Le rythme est monotone, monocorde, le temps s'écoule au compte goutte comme un ultimatum vers une conclusion qui semble déjà funeste. Mais on se dit surtout qu'heureusement que le film ne dure que 1h25 car regarder une famille se déliter ainsi dans la misère n'est pas un pur plaisir. Il manque surtout une intrigue plus étoffée, un enjeu plus palpable, une petite densité plus pregnante pour convaincre pleinement. Notons la magnifique performance des deux actrices principales. Mais l'immersion dans l'époque et cette région, dans un bel écrin d'une photographie aux tons désaturés reste un joli moment ciné, inspiré et intéressant.

Note :  

12/20