La Fureur du Dragon (1972) de Bruce Lee

Grâce aux succès mondiaux "Big Boss" (1971) et "La Fureur de Vaincre" (1972) tous deux de Lo Wei qui ont remporté plus de mille fois la mise, Bruce Lee est devenue une star en quelques mois. Un statut unique pour un acteur d'origine asiatique, tant bien même de nationalité américaine, qui va lui permettre de s'imposer comme un cinéaste complet avec une véritable vision d'ensemble. En effet, pour son troisième long métrage avec la société Golden Harvest le "Petit Dragon" va assumer les casquettes de producteur-réalisateur-scénariste-acteur. L'artiste va imposer une ambition non feinte avec un film qui se déroule hors de Chine, qui ne parle pas de vengeance et montre des combats ancrés dans la réalité. Le film va connaître plusieurs versions à travers le monde avec différents niveaux de censure. En France notamment, une première version amputée de 10mn (toilettes, nudité...) où les personnages portent le nom de leurs interprètes, une seconde moins charcutée et d'origine belge, puis enfin celle qui se doit d'être gardée et favorisée, intégrale et fidèle à l'oeuvre d'origine restaurée (seulement) en 2002. Des censures qui n'empêcha pas d'autres coupes vis à vis des différentes pays, des interdictions aux mineurs comme aux Etats-Unis pour les moins de 17 ans non accompagnées, ou tout simplement interdit comme en Finlande et Suède. Ce qui n'empêcha pas un succès encore plus impressionnant avec plus de 130 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 130000 dollars de budget ce qui fait que ce film devient le plus gros succès mondial pour une production hong-kongaise, soit trois de suite avec Bruce Lee en tête d'affiche avec en prime un Golden Horse Award (équivalent asiatique des Césars ou Oscars) du meilleur montage. 

La Fureur du Dragon (1972) de Bruce Lee

Un aubergiste chinois, propriétaire d'un restaurant chinois à Rome en Italie est harcelé par un promoteur peu scrupuleux pour l'obliger à vendre. Egalement victime de racket l'aubergiste de faire appel à sa communauté qui lui envoie Tang Lung, un hong-kongais surnommé "Dragon" dont les aptitudes martiales doivent lui permettre de protéger l'aubergiste et son restaurant. Devant son efficacité, le promoteur fait bientôt appel à son tour à un mercenaire expert en karaté... Tang Lung alias Dragon est incarné par la star Bruce Lee qui retrouve après "Big Boss" (1971) et "La Fureur de Vaincre" (1972) son amie et partenaire Nora Miao, mais aussi plusieurs autres acteurs dont Tony Liu, Fu Ching Chen et surtout Huang Chung-Hsin vu aussi dans "Un Seul Bras les tua Tous" (1967) de Chang Cheh ou "Vengeance of a Snow Girl" (1971) de Lo Wei. Citons Unicorn Chan qui assistera Bruce Lee pour la chorégraphie des combats, puis citons deux italiens, Riccardo Billi vu auparavant dans "Les Aventures de Pinocchio" (1947) de Giannetto Guardone, "Ridere ! Ridere ! Ridere !" (1954) de Edoardo Anton ou "Macaronis dans le Désert" (1961) de Carlo Ludovico Bragaglia, puis la sensuelle Malisa Longo vue entre autre dans "Les Amazones" (1973) de Terence Young, "Black Emanuelle" (1975) de Bitto Albertini, "Salon Kitty" (1976) de Tinto Brass ou "Helga, la Louve de Stilberg" (1977) de Alain Payet. Puis enfin, citons les deux karatékas américains incarnés par Robert Wall 9ème dan de karaté dans son premier rôle après avoir été garde du corps de Bruce Lee, puis surtout Chuck Norris, qui avait rencontré Bruce Lee en 1964 lors d'une démonstration d'arts martiaux, qui a ensuite connu une première expérience cinéma avec "Matt Helm règle son Comte" (1968) de Phil Karlson avant de devenir champion du monde de karaté entre 1968 et 1974 dans des circuits non officiellement rattaché à la fédération internationale... Le tournage s'est déroulé en Italie, mais vu le budget limité l'équipe n'était pas pourvue des autorisations légales (ni visa ni autorisation de tourner) ils ont dû tourné en moins de trois semaines 7j/7. Une première gageure tant on ne sent pas l'urgence ou la notion de moyen limité dans ce film. Pour l'anecdote, précisons que Bruce Lee s'est inspiré de son arrivée à Seatlle au début des années 60 pour écrire son personnage de Tang Lung, ainsi le fait de ne pas parler la langue du pays hôte ou d'aborder un enfant par une grimace sans l'effet escompté sont tirés de son vécu.

La Fureur du Dragon (1972) de Bruce Lee

Cette fois Bruce Lee est aux commandes et impose pour la première fois un homme qui n'est pas directement lié aux victimes et surtout n'est pas assoiffé de vengeance mais il ajoute aussi une bonne dose d'humour. Tang Lung est envoyé de Hong-Kong pour aider des inconnus pour lui, il n'use de violences que pour se défendre tandis qu'il demeure logiquement un touriste paumé à Rome créant quelques décalages amusants. Bruce Lee soigne la morale, il tente de tuer au minimum (un seul mort) et le sang est moins visible que dans les films précédents et son personnages a même un peu de compassion ou de respect pour son adversaire. Les scènes de combats restent pour autant violents, ils sont encore plus millimétrés que dans ses précédents films, le maître Bruce Lee est en démonstration comme avec ses quelques secondes où il exécute des mouvements "culturistes", où il fait encore mieux aux nunchakus que dans "Le Fureur de Vaincre" (1972). Le film se termine en apothéose, un duel mythique au sommet au Colisée qui est considéré dans de nombreux classements comme l'un des meilleurs combats du cinéma. A noter les notes de musique signée de Ennio Morricone tirée de la B.O. du film "Il était une fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone qu'on entend quand le personnage de Colt/Norris apparaît. En conclusion, ce film est 100% Bruce Lee sur le fond comme sur la forme, l'apogée de son style "félin" (petit chat lors du duel en sus) et son film le plus personnel ce qui lui confère un statut particulier.

Note :

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17/20