L'un des plus grands réalisateur des seventies avec "French Connection" (1972), "L'Exorciste" (1973) ou "Sorcerer" (1977) revient avec ce thriller qui permet un léger sursaut après quelques années de disette depuis son dernier bon film "Police Fédérale, Los Angeles" (1985). Pourtant, ce nouveau projet de William Friedkin sent tout de même bon l'opportunisme suite à un certain regain du thriller érotique à Hollywood avec des films comme "Boxing Helena" (1993) de Jennifer Lynch, "Color of Night" (1994) de Richard Rush voir "Bound" (1996) des Wachowski ou "Crash" (1996) de David Cronenberg mais c'est bel et bien le succès mondial de "Basic Instinct" (1992) de Paul Verhoeven qui lance cette mode, et on citera ensuite "Sliver" (1993) de Phillip Noyce et "Showgirls" (1995) également de Verhoeven mais surtout ces films ont un point commun loin d'être anodin, à savoir leur scénariste, Joe Eszterhas. Ca tombe bien, Friedkin travaille justement avec ce dernier pour ce film, un énième thriller érotique assez affriolant a priori pour subir une interdiction au moins de 12 ans... San Francisco, David Corelli enquête sur le meurtre du millionnaire Kyle Medford. Une prostituée apporte une piste avec le nom d'une autre amie intime du millionnaire, Jade, qui est bientôt décrite comme une insatiable nymphomane. L'enquête le mène bientôt à soupçonner Trina, une amie aujourd'hui épouse avec un ami influent...
Le rôle titre est de Jade alias Trina est incarnée par Lina Fiorentino révélée par "After Hours" (1985) de Martin Scorcese, vue ensuite dans "Un Cri du Coeur" (1991) de Jeffrey Hornaday ou "Last Seduction" (1994) de John Dahl autre thriller érotique qui lui vaut succès et reconnaisance. Son époux est joué par Chazz Palminteri vu dans "Il était une fois la Bronx" (1993) de Robert De Niro, "Coups de Feu sur Broadway" (1994) de et avec Woody Allen et à l'affiche cette même année du chef d'oeuvre "Usual Suspects" (1995) de Bryan Singer. Leur ami et inspecteur est incarné par David Caruso vu entre autre dans "China Girl" (1987) et "The King of New-York" (1990) tous deux de Abel Ferrara, à l'affiche aussi cette même année de "Mad Dog and Glory" (1995) de John McNaughton et "Kiss of Death" (1995) de Barbet Schroeder, il retrouve après "Rambo" (1982) de Ted Kotcheff son partenaire Richard Crenna éternel colonel de la franchise "Rambo" (1982-1988) et vu entre temps dans "Hot Shots ! 2" (1993) de Jim Abrahams et "Sabrina" (1995) de Sydney Pollack. Citons ensuite Michael Biehn vu dans "Terminator" (1984), "Aliens" (1986) et "Abyss" (1989) tous trois de James Cameron, Donna Murphy vue ensuite essentiellement à la télévision à l'exception notable de ses apparitions dans "Star Trek : Insurrection" (1998) de Jonathan Frakes, "Spider-Man 2" (2004) de Sam Raimi ou "The Fountain" (2006) de Darren Aronofsky, Holt McCallany vu dans "Outrages" (1989) de Brian De Palma ou "Alien 3" (1992) de David Fincher, Angie Everhart sublime créature remarquée dans "Last Action Hero" (1993) de John McTiernan et donc la carrière restera très discrète outre "La Reine des Vampires" (1996) de Gilbert Adler ou "Mad Dogs" (1996) de Larry Bishop, Kevin Tighe vu dans "Road House" (1989) de Rowdy Herrington, "48 Heures de PLus" (1990) et Geronimo" (1994) tous deux de Walter Hill, puis Victor Wong vu dans "L'Année du Dragon" (1985) de Michael Cimino, "Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin" (1986) et "Prince des Ténèbres" (1987) tous deux de John Carpenter ou encore "Le Dernier Empereur" (1987) de Bernardo Bertolucci... Dès qu'on voit l'actrice Linda Fiorentino on ne voit que la femme fatale digne des Films Noirs de l'Âge d'Or de Hollywood, elle est montrée d'emblée comme une mante religieuse sûre de ses charmes et de son sex-appeal à tel point que c'est comme si on nous la désignait coupable, forcément coupable ! L'enquêteur qui est ami, forcément, creuse encore plus sûrement le sillon vers la condamnation inévitable.
Autant dans le climax que dans l'évolution du récit on reconnaît la patte du scénariste Joe Eszterhas, une femme forte qui impose son pouvoir par le sexe ce qui lui permet aussi de dominer les hommes, le tout dans un écran de luxe austère et pesant, pas besoin de clinquant et de paillettes quand les étoiles se trouvent au septième ciel. Pourtant, la dimension érotique reste relativement sage, à l'instar de Verhoeven pour "Basic Instinct" (1992) Friedkin reste sage et laisse surtout le spectateur s'émoustiller en complétant lui-même les fantasmes plus ou moins suggérés. Mais forcément, avec les scénarios précédents de son scénariste Friedkin ne peut éviter la comparaison, surtout avec le meilleur du genre, "Basic Instinct". Ainsi Verhoeven est plus vicieux et pousse le curseur à tous les niveaux, Friedkin est clairement moins à l'aise avec le sexe avec des séquences qui manquent de désir et de sensualité malgré 2-3 jolis plans. Ce scénario, trop récemment mis en chantier n'était sans doute pas un projet personnel pour le réalisateur qui signe une commande solide et efficace mais sans âme, en témoigne sa course poursuite qui renvoie évidemment à celle mythique de son chef d'oeuvre "French Connection" mais qui abuse de quelques sauts trop hors normes entre autre. Par contre la fin est plutôt savoureuse et évite l'écueil classique arrestation-adieu-prison et évite le happy end. Un bon thriller donc mais on aurait aimé un vrai Friedkin derrière la caméra.
Note :