Nouveau long métrage de Mathias Gokalp après "Rien de Personnel" (2009), cet artiste a signé aussi plusieurs courts et/ou documentaires, fait aussi l'acteur comme dans "La Fille du 14 Juillet" (2013) de Antonin Peretjatko, et est surtout enseignant à l'INSAS (école supérieure des rats à Bruxelles). Pour ce nouveau projet, le cinéaste adapte un livre culte pour les travailleurs, et dont l'idée a dû être inspiré au réalisateur par les événements sociaux des derniers mois. Ainsi, Mathias Gokalp porte à l'écran le le livre autobiographique éponyme de de Robert Linhart (Tout savoir ICI !) qui relate ses quelques mois d'expériences dans une usine de voiture... Quelques temps après Mai 1968, Robert normalien et militant d'extrême gauche décide de se faire embaucher dans une usine Citroën. Très vite il va vouloir insuffler à ses collègues ouvriers la lutte contre les patrons et leur système, voir même y instiller le feu révolutionnaire. Quand la direction veut imposer 3 heures de supplémentaires par semaine sans compensation financière, Robert et les siens y voient enfin la possibilité d'une grève sociale d'ampleur...
Robert est incarné par Swann Arlaud vu dernièrement dans "Coeurs Vaillants" (2022) de Mona Achache, "À Propos de Joan" (2022) de Laurent Larivière et "Tant que le Soleil Frappe" (2022) de Philippe Petit. Sa conjointe est interprétée par Mélanie Thierry vue dans "Tralala" (2021) des frères Larrieu et "La Vraie Famille" (2022) de Fabien Gorgeart. Citons ensuite Olivier Gourmet vu dans "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan et "Couleurs de l'Incendie" (2022) de et avec Clovis Cornillac, et retrouve après les films "Le Mystère de la Chambre Jaune" (2003), "Le Parfum de la Dame en Noir" (2005) et "Bancs Publics (Versailles Rive-Droite)" (2008) tous trois de Bruno Podalydès son partenaire et frère de ce dernier, Denis Podalydès toujours aussi prolifique (entre 3 et 5 films par an sans compter le théâtre !) vu récemment dans "La Grande Magie" (2023) de et avec Noémie Lvovsky et "Je verrai Toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry. Citons ensuite Marie Rivière vue dans "Eperdument" (2016) de Pierre Godeau ou "Antoinette dans les Cévennes" (2020) de Caroline Vignal, Marc Robert vu dans "Joyeux Noël !" (2005) de Christian Carion, "Pars Vite et Reviens Tard" (2007) de Claude Berri ou "Nos Batailles" (2018) de Guillaume Senez et retrouve après "Ni le Ciel Ni la Terre" (2015) de Clément Cogitore l'acteur Swann Arlaud, puis enfin Raphaëlle Rousseau aperçue dans les séries TV "Gone for Good" (2021) et "Les Sentinelles" (2021)... Le film s'inspire de faits réels mais rarement traités au cinéma où comment, dans ce film, un fonctionnaire bourgeois qui se voit révolutionnaire, tout en sachant qu'il est en sécurité quoi qu'il arrive, infiltre une usine de pauvres ouvriers pour préparer la révolution prolétaire. Il est vrai que d'emblée on sourit un peu de ces donneurs de leçon qui font prendre des risques alors qu'eux-mêmes ne risquent rien mais se remplissent d'orgueil et de bonne conscience.
Néanmoins, on plonge en période post-Mai 68 sans difficulté grâce à une reconstitution soignée et précise où les ouvriers repartent au boulot avec l'espoir des accords signés suite aux événements de Mai-Juin 1968. On note quelques caricatures un peu trop poussées ou sur lesquels on insiste un peu trop comme les contremaîtres façon kapos de Auschwitz. Par contre le récit place par-ci par-là quelques faits comme le racisme systémique et ses effets pervers (les émigrés qui sont déjà contents d'être en France par exemple), tout en notant que notre révolutionnaire mélenchoniste (gaucho mais riche qui ne partage pas) se sent choqué qu'un collègue noir n'a pas d'arrêt alors que lui en a un pour moins grave mais qui ne dis rien. Pratiquement tout sonne vrai et juste malgré quelques facilités et même si le choix de ce prof qui se sent investi d'une mission est sans enjeu. D'ailleurs le plus gros défaut du film reste la maladresse de la fin, le prof qui reprend ses cours en mode déprime est surjoué (il reste un prof qui aime son métier non ?!) et surtout, le passage "psy" est ridicule, pauvre petit bourgeois malade de ces quelques mois avec le commun des mortels. Mais le film est intéressant et historiquement un bel hommage à la lutte ouvrière dans un style socio-réaliste entre les frères Dardennes ("La Promesse" en 1996 ou "Deux Jours, Une Nuit" en 2014) et Stéphane Brizé ("La Loi du Marché" en 2015 ou "En Guerre" en 2018). A conseiller.
Note :