Après les succès des films "Big Boss" (1971) et "La Fureur de Vaincre" (1972) tous deux de Lo Wei, "La Fureur du Dragon" (1972) de Bruce Lee lui-même Hollywood s'intéresse logiquement à la nouvelle star mondiale des arts martiaux Bruce Lee après l'avoir pourtant longtemps cantonné à des seconds rôles de faire-valoir comme dans la série TV "Le Frelon Vert" (1966-1967) même si cela a été aussi une chance certaine. Ainsi la major Warner proposa une superproduction de genre en association avec le producteur hong-kongais Raymond Chow avec le "Petit Dragon" en tête d'affiche. Il s'agit alors de la première co-production sino-américaine. Cependant, la star avait débuté le tournage d'un autre film pour lequel il était une seconde fois producteur-réalisateur-scénariste-acteur, "Le Jeu de la Mort" (1978) qu'il interrompta pour ce nouveau projet plus international au budget de 850000 dollars soit huit fois plus que ses précédents films. Les commandes sont offertes à Robert Clouse dont les premiers films sont "Dream of Glass" (1970) et "La Loi du Talion" (1970), pour un scénario signé de Michael Allin qui signera plus tard les films "Truck Turner" (1974) de Jonathan Kaplan ou "Flash Gordon" (1980) de Mike Hodges. Avec ce film, époque oblige, les arts martiaux sont combinés avec un style Blaxploitation. Le succès est une fois de plus au rendez-vous rapportant plus de autant à lui seul que les trois précédents avec Bruce Lee soit 350 millions de dollars au box-office Monde dont 4,4 millions d'entrées France, à tel point qu'il est considéré par beaucoup comme l'un des plus grands films d'arts martiaux du cinéma, dont l'influence associé au précédent "La Fureur du Dragon" va ouvrir la voix à une multitude de ersatz en tous genres - il faut avouer que la mort prématurée de Bruce Lee n'y est pas pour rien, le culte de la star a sans nul doute boosté les entrées puisque le film sortit seulement un mois après sa disparition. En 2004 le film est sélectionné pour entrer au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès pour son "importance culturelle, historique ou esthétique." Le film est interdit au moins de 17 ans non accompagnés aux Etats-Unis, au moins de 12 ans en France... Lee, un membre du temple Shaolin est contacté par la police afin d'infiltrer un tournoi d'arts martiaux qui se déroule sur un île appartenant à Han, ancien Shaolin devenu un parrain du trafic d'opium et de la traite des femmes. Lee apprend que ce sont des hommes de Han qui avaient tenté de violer sa soeur qui se suicida plutôt que de subir cet affront. Désormais cette mission devient plus personnelle...
L'agent Shaolin est incarné par Bruce Lee alors au sommet de sa carrière, il rencontre deux combattants occidentaux joués par John Saxon vu dans de nombreux westerns comme "Le Vent de la Paine" (1960) de John Huston ou "Joe Kidd" (1972) de John Sturges, puis plus tard vu dans "Les Griffes de la Nuit" (1984) de Wes Craven et "Une Nuit en Enfer" (1996) de Robert Rodriguez, puis Jim Kelly remarqué dans "Melinda" (1972) de Hugh A. Robertson et retrouvera son réalisateur Robert Clouse pour "La Ceinture Noire" (1974) et "Les 7 Aiguilles d'Or" (1974). Le méchant Han est interprété par Shih Kien acteur surtout connu à Hong-Kong mais qui a à son actif plus de 300 films depuis ses débuts en 1940. Bruce Lee retrouve plusieurs acteurs de seconds plans présents dans "La Fureur de Vaincre" (1972) et/ou "La Fureur du Dragon" (1972) avec Tony Liu, Bob Wall qui avait été son garde du corps et un certain Jackie Chan qui deviendra une star après la mort du "Petit Dragon". Côté charme citons la blonde Ahna Capri vue entre autre dans "Outlaw's Son" (1957) de Lesley Selander, "Ma Femme est Sans Critique" (1963) de Don Weis, "Istanbul, Mission Impossible" (1969) de Roger Corman qui retrouve le réalisateur après "La Loi de Talion" (1970), puis la hong-kongaise Angela Mao vue dans "Les 8 Invincibles du Kung-Fu" (1971) de Lo Wei, "Dynamique Dragon contre Boxeurs Chinois" (1972) de Huang Feng et elle retrouve après "Le Tigre Noir du Karaté" (1973) de Huang Feng son partenaire Sammo Hung vu dans "Death Valley" (1968) et "The Invincible Eight" (1971) tous deux de Lo Wei, et aussi dans "A Touch of Zen" (1971) de King Hu après lequel il retrouve Roy Chiao qu'il retrouvera avec Bruce Lee et Robert Clouse dans "Le Jeu de la Mort" (1978), et qui est aussi avec Angela Mao dans "L'Auberge du Printemps" (1973) de King Hu, puis il retrouvera également dans "Bloodsport" (1988) de Newt Arnold l'acteur Bolo Yueng vu d'abord dans "Les 13 Fils du Dragon d'Or" (1970) de Chang Cheh ou "La Main de Fer" (1972) de Chung Chang-Hwa avant de connaître une vraie popularité face à Jean-Claude Van Damne dans "Bloodsport" suivi de "Double Impact" (1991) de Sheldon Lettich... Le début du film est un peu maladroit ou peu séduisant, d'abord par le choc émotionnel de voir notre star en slip noir bien peu seyant, ensuite en rappelant que le style du Jeet Kune Do de Bruce Lee n'est pas très raccord avec l'école Shaolin. D'ailleurs Bruce Lee, qui rejetait donc l'enseignement classique des arts martiaux et plus particulièrement le kung-fu, n'est pas franchement crédible en adepte Shaolin surtout quand il joue le "sage" alors que quelques instants suffisent pour crier vengeance.
L'histoire est basique mais on attend avec impatience surtout le tournoi. Finalement le film est un peu trop chapitré, avec toute une partie flash-backs pas franchement intéressante, puis ensuite malheureusement on constate que le tournoi est anecdotique sur le fond comme sur la forme. Le film est plutôt une sorte de James Bond à la sauce asiatique, le scénario reprend un peu le canevas d'un 007. Les deux personnages américains manquent un peu de consistance (le blanc) ou d'importance (le black), mais c'est assez logique on est bel et bien en Opération Dragon et c'est bel et bien Bruce Lee qui emporte le morceau. Une fois de plus il est impressionnant, physiquement et dans tous les sens du terme, mais il est aussi affûté en chorégraphe où cette fois il utilise de "simples" bâtons comme arme tandis qu'il montre d'autres capacités ne se répétant pas vis à vis des précédents films. Les combats sont nerveux, on est surtout devant une star en démonstration à qui il manque un adversaire à sa taille. Le film est le plus gros succès de Bruce Lee, son apogée et ses adieux ce qui a assurément dopé les entrées à l'époque mais ça reste son film le moins aboutis malgré les ambitions flagrantes.
Note :
13/20