Voici le retour de Robert Rodriguez sur grand écran après un passage chez Netflix avec "C'est Nous les Héros" (2020). Son projet date pourtant d'un moment puisqu'entre temps il a pu signer une dizaine de films dont le dyptique "Sin City" (2005-2014) ou "Alita : Battle Angel" (2019). En effet, il semblerait que le cinéaste ait commencé à écrire cette histoire dès 2002 : "Ce film est né de mon amour des films de Hitchcock. A l'époque, il venait d'y avoir une ressortie de Sueurs Froides, et j'ai voulu proposer quelque chose dans cette veine. J'ai toujours adoré ce genre de films, même quand j'étais gamin. Très généreux, beaucoup de rebondissements, et un titre en un mot, Vertigo. J'ai immédiatement pensé à Hypnotic." En relançant son projet, il a fait appel pour l'écriture à Max Borenstein, remarqué pour avoir relancé le Monster Universe avec "Godzilla" (2014) de Gareth Edwards, "Kong : Skull Island" (2017) de Jordan Vogt-Roberts, "Godzilla 2 : Roi des Monstres" (2019) de Michael Dougherty et "Godzilla vs Kong" (2020) de Adam Wingard. Robert Rodriguez travaille une nouvelle fois en famille comme il le précise : "Mon fils Rebel est maintenant mon compositeur à plein temps, mon autre fils Racer est mon co-scénariste/Producteur. Ma fille Rhiannon fait des storyboards. Mon autre fils Rogue fait les animatiques, parce qu'il utilise son moteur de jeu avec lequel il a conçu les décors pour C'est Nous les Héros. Et puis mon autre fils Rocket monte pour moi. C'est donc une affaire de famille." Mais sa famille ne porte pas forcément chance, le film est un échec cuisant au box-office américain avec à peine 2,4 millions de dollars lors de son premier week-end ce qui est le pire démarrage pour un film de Robert Rodriguez comme de son acteur Ben Affleck, ce qui fait d'autant plus mal pour un budget d'environ 80 millions...
Le détective Danny Rourke enquête sur une série de braquages qui lui tient particulièrement à coeur car cette affaire serait peut-être liée à la disparition de sa fille. Il comprend bientôt que sa mission est plus compliquée qu'il n'y paraît car les braquages seraient en fait réalisés par des innocents qui sont hypnotisés par un criminel qui a porté cette pratique à un niveau inimaginable. Rourke va devoir se méfier de tout le monde, et de lui-même... Le détective Rourke est incarné par Ben Affleck vu récemment dans "Air" (2023) de lui-même et dans "The Flash" (2023) de Andy Muschietti où il reprend brièvement son personnage de Batman, il retrouve des années après "Armageddon" (1998) et "Pearl Harbor" (2001) tous deux de Michael Bay son partenaire et ici antagoniste William Fichtner acteur remarqué dans "Heat" (1995) de Michael Mann, "Collision" (2004) de Paul Haggis ou "The Dark Knight" (2008) de Christopher Nolan et qui est depuis dans une phase has been malgré quelques titres comme "Elysium" (2013) de Neill Blomkamp après lequel il retrouve l'actrice Alice Braga révélation du chef d'oeuvre "La Cité de Dieu" (2002) de Fernando Meirelles et vu depuis dans "Predators" (2010) de Nimrod Antal, "Les Nouveaux Mutants" (2020) de Josh Boone ou "The Suicide Squad" (2021) de James Gunn. Citons ensuite la jeune Hala Finley qui retrouve Robert Rodriguez après "C'est Nous les Héros" (2020) à l'instar de Jeff Fahey acteur récurrent chez le cinéaste comme dans "Planète Terreur" (2007), "Machete" (2010) et "Alita : Battle Angel" (2019) retrouvant ainsi après ce dernier Jackie Earle Haley qui se fait rare depuis "La Tour Sombre" (2017) de Nikolaj Arcel. Citons encore J.D. Pardo vu notamment dans "Infiltré" (2013) de Ric Roman Waugh, "Fast and Furious 9" (2021) de Justin Lin et "The Contractor" (2022) de Tarik Saleh, Dayo Okeniyi aperçu dans "Hunger Games" (2012) de Gary Ross ou "Terminator Genisys" (2015) de Alan Taylor, puis enfin Kelly Frye aperçue dans "12 Mighty Orphans" (2021) de Ty Roberts... Le film s'ouvre sur une séance un peu lourde et poussive avec ce poncif galvaudé du flic brisé qui ne survit que par et pour son boulot avec d'ailleurs un Ben Affleck qui semble absent pour ne pas dire peu convaincu parce qu'il joue. Par contre les minutes qui suivent sont excellentes avec l'apparition du grand méchant (excellent William Fichtner !) suivi d'un braquage aussi efficace sur le fond que généreux sur la forme.
Robert Rodriguez s'en donne à coeur joie et offre un joli moment cinoche prometteur pour la suite. Malheureusement, alors qu'on s'attend à une intrigue réellement hypnotique, façon Hitchcock sous acide le réalisateur-scénariste trébuche puis trébuche encore oscillant entre la facilité, le grotesque, la surenchère et le hors-sujet. Ca puise dans d'autres films, essentiellement on pense à un mix entre "The Truman Show" (1998) de Peter Weir et "Inception" (2010) de Christopher Nolan mais sans assumer son paramètre de base, à savoir donc l'hypnose. Au lieu d'un thriller psychologique plus ou moins musclé on a un ersatz de film d'espionnage d'anticipation à la construction finalement convenu et éculé, faussement complexe. Dès le "twist" la dernière partie du film devient logique, sans surprise et banale. Quel dommage tant il y a avait du potentiel, de surcroît le peu d'enthousiasme de l'acteur principal Ben Affleck (également réalisateur aurait-il perçu les défauts du projet ?!) n'aide forcément pas. Un thriller maladroit qui râte sa cible malgré 10-15mn de haute volée au départ.
Note :
08/20